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« Mais non. Nous voulons simplement lui laisser le temps de s’adapter. (Boruélal se curait les dents avec la pique de son canapé.) D’après ce que j’ai compris, cette fille a eu une éducation relativement protégée. Il semble qu’elle n’ait presque jamais quitté le VSG ; elle doit se sentir mal à l’aise parmi nous. En outre, elle n’est pas là pour s’attaquer à la théorie des jeux, Jernau Gurgeh, mieux vaut le préciser tout de suite. Elle a l’intention de faire des études de philosophie. » Gurgeh prit un air raisonnablement surpris
Afficher en entierL’aura du vieux drone jeta un éclair blanc de rage et une tache ondoyante de lumière arc-en-ciel signala qu’il employait son transcepteur à faisceau étroit pour communiquer avec la machine qui s’éloignait. Mawhrin-Skel s’immobilisa dans les airs et fit volte-face. Gurgeh retint son souffle, curieux de savoir ce que Chamlis avait bien pu lui dire et ce que l’autre allait bien pouvoir répondre ; il savait pertinemment que à l’inverse de Chamlis, Mawhrin-Skel ne prendrait pas la peine de garder ses remarques secrètes
Afficher en entierMawhrin-Skel faisait partie de ces drones mutins. Sa personnalité, avait-on décrété, ne convenait ni à Contact, ni même à Circonstances Spéciales. Elle était de nature instable, belliqueuse et insensible – et ce n’étaient là que les domaines où il voulait bien montrer son inadaptation. On lui avait donné le choix entre une altération radicale de sa personnalité (sans qu’il ait droit de regard sur le résultat final, ou peu s’en fallait) et une existence indépendante de Contact où il conserverait sa personnalité propre mais devrait renoncer à toutes ses armes, ses systèmes sensoriels et ses dispositifs de communication supérieurs afin d’être ramené à peu près au niveau d’un drone classique
Afficher en entierGurgeh sourit. Chamlis Amalk-ney était un vieil ami – un ami de longue date ; le drone avait été construit quelque quatre mille ans auparavant (il prétendait ne plus se souvenir de la date exacte, et personne ne s’était encore montré assez impoli pour chercher à savoir ce qu’il en était). Gurgeh l’avait toujours connu ; c’était un ami de sa famille depuis des siècles
Afficher en entierGurgeh leva un sourcil. La Frappe comptait parmi les jeux les plus complexes de son répertoire. C’était aussi l’un de ceux auxquels il excellait. Il existait au sein de la Culture d’autres joueurs susceptibles de le battre à ce jeu – encore que ce fussent tous des spécialistes, et non des joueurs-de-jeux généralistes comme lui –, mais aucun n’aurait pu en jurer, et ils étaient peu nombreux, dix tout au plus. « Alors, qui est la petite surdouée ?
Afficher en entier« Oh, non ! Encore un incident », fit Boruélal d’un ton las. Déjà, un peu plus tôt, l’un des jeunes assistants avait perdu le contrôle de son oiseau de compagnie, qui s’était mis à foncer dans la pièce en poussant des piaillements ; il avait eu le temps de se prendre dans plusieurs chevelures avant que Mawhrin-Skel ne l’assomme après l’avoir intercepté en plein vol, au grand dam d’une majorité d’invités
Afficher en entier« Jernau Gurgeh ferait un bien piètre professeur, admit Chamlis Amalk-ney. L’étudiant qui ne saisirait pas instantanément sa démonstration, quel qu’en soit le degré de complexité, verrait sur-le-champ Gurgeh perdre patience ; selon toute probabilité, il recevrait sur la tête le contenu de son verre… dans le meilleur des cas
Afficher en entier« J’ai appris à reconnaître les signes, déclara le professeur. (Elle avait deux fois l’âge de Gurgeh – son deuxième siècle était donc bien entamé –, mais elle était encore grande, belle et très originale. Elle avait la peau pâle ; ses cheveux étaient blancs, ainsi qu’ils l’avaient toujours été, et coupés très court.) Vous avez encore humilié un de mes étudiants ?
Afficher en entierGurgeh jeta un regard courroucé à la machine qui fendait la foule à sa suite en direction de la table de Quatre-Couleurs. « Je me disais que ce gamin vous avait peut-être effrayé » fit le drone au moment où Gurgeh arrivait devant la table du jeune homme et prenait place dans le fauteuil de bois surchargé d’ornements que venait d’abandonner précipitamment son prédécesseur vaincu
Afficher en entierIl faut que je m’en débarrasse, décida-t-il brusquement. Que je laisse le sortilège s’évanouir de lui-même. Quelque chose se détendit en lui, comme un membre fantôme qui se décrispe, une hallucination de l’esprit. Le sortilège, équivalent cérébral d’un infime sous-programme primaire tournant en boucle, cessa purement et simplement d’être proféré
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