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Trop longtemps, nous tous, historiens compris, avons agi en exploiteurs des morts. Mais le passé n'est pas mort. Il est avec nous. [...] Il nous faut témoigner ; il nous faut parler pur ceux qui ne le peuvent pas.
Afficher en entierLa vérité n'a rien d'une fleur délicate et ne souffre pas du déni : elle ne meurt qu'à partir du moment où on étouffe les vraies histoires.
Afficher en entierL'Histoire est affaire de narration. Dire les histoires vraies qui affirment et expliquent notre existence, telle est la tache de l'historien. Mais la vérité est délicate et elle a des ennemis. Voilà pourquoi, même si nous autres, universitaires, devons la rechercher, nous prononçons rarement le mot "vérité" sans y adjoindre des ornements ou des réserves.
Afficher en entierLa Deuxième Guerre mondiale est une période anormale où les règles de conduite normales ont été suspendues, de terribles évènements ont eu lieu et de grandes souffrances en ont résulté.
Afficher en entierContre les victimes de cette atrocité, les négationnistes commettent un nouveau crime. Non seulement ils soutiennent les meurtriers et les tortionnaires, mais ils effacent et réduisent au silence les victimes du passé. Ils les tuent une fois de plus.
Jusqu'à présent, ils avaient la tâche facile. A moins qu'on ne s'oppose avec vigueur à leur déni, les souvenirs perdaient leur netteté avec l'âge, les voix s'éteignaient dans la mort, et les négationnistes finissaient par l'emporter. Les personnes du présent devenaient les exploiteurs des morts. C'est ainsi qu'on a toujours écrit l'histoire.
Afficher en entierComme nous ne disposons que d’une capacité d’empathie limitée envers la souffrance de masse, cette approche, selon moi, risquerait de déboucher sur le sentimentalisme et sur la mémoire sélective. Plus de seize millions de civils ont péri en Chine lors de l’invasion japonaise. La majeure partie de ces souffrances ne sont intervenues ni dans des fabriques de mort comme Pingfang, ni dans des charniers comme Nankin – autant de lieux qui font les gros titres et retiennent notre attention –, mais dans d’innombrables villages et bourgs isolés loin de tout, où on a massacré et violé sans relâche hommes et femmes, leurs cris emportés par le vent glacé, si bien qu’on a oublié jusqu’à leurs noms. Pourtant, eux aussi méritent qu’on se souvienne d’eux.
Afficher en entierTrop longtemps, nous tous, historiens compris, avons agi en exploiteurs des morts. Mais le passé n'est pas mort. Il est avec nous. Où que nous allions, nous sommes bombardés de champs de particules de Bohm-Kirino qui nous permettent de voir ce passé, comme si on regardait par la fenêtre. L'agonie des morts nous accompagne. Nous entendons leurs cris. Nous cheminons parmi leurs fantômes. Impossible de détourner le regard, de se boucher les oreilles. Il nous faut témoigner ; il nous faut parler pour ceux qui ne le peuvent pas.
Afficher en entierNotre époque attache beaucoup de valeur à l'authenticité et à la personnalisation, des traits qu'on espère trouver chez les auteurs de mémoires. Un témoignage de première main possède une immédiateté, une réalité qui force la croyance. Nous estimons qu'il transmet mieux la vérité que ne le fait une fiction. Mais paradoxalement, peut-être, nous tendons à sauter sur la moindre déviation, la moindre incohérence par rapport aux faits dans de tels récits pour déclarer l'ensemble fictif.
Afficher en entierIl faut rester prudent quand on raconte une histoire sur une terrible injustice. Nous adorons les récits, mais on nous a aussi appris à nous défier d'un locuteur unique.
Certes, il est vrai qu'aucune nation, aucun historien ne peut raconter une histoire qui englobe tous les aspects de la vérité. Mais dire que les récits, parce que construits, sont tous à égale distance de la vérité est faux.
Afficher en entierL'histoire est affaire de narration. Dire les histoires vraies qui affirment et expliquent notre existence, telle est la tâche de l'historien.
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