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Mais monsieur Thompson, qui sortait à peine de l'hôpital - car son syndrome de Korsakov était apparu trois semaines plus tôt, quand il avait contracté une forte fièvre, déliré et cessé de reconnaître sa famille -, était encore ébullition, en état de délire affabulatoire frénétique (que l'on appelle parfois la "psychose de Korsakov", bien qu'il ne s'agisse pas du tout d'une psychose); il ne cessait de s'inviter un monde et un soi pour remplacer ce qui était, à tout instant, oublié ou perdu. Ce genre de frénésie peut donner naissance à de brillantes facultés d'invention et d'imagination - à un véritable génie affabulateur -, car ces patients là sont obligés de littéralement se maquiller (ainsi que leur monde) en permanence. Nous avons tous et chacun une biographie, un récit intérieur - dont la continuité, le sens, constituent notre vie. On peut dire que chacun de nous construit et vit un "récit", et ce que ce récit est nous-même, qu'il est notre identité.

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Avoir un syndrome de Tourette est aussi délirant que d'être saoul en permanence. Être sous haldol est morne, cela vous rend net et sobre. En fait, aucun des deux états n'est réellement libre... Vous autres, les gens normaux, dont le cerveau a les bons transmetteurs, au bon endroit, au bon moment, vous disposez en permanence de tous les sentiments et de tous les styles - gravité, legerté, tout. Nous autres, les tourettiens, ne les avons pas : nous sommes contraints à la legerté par notre syndrome de Tourette et forcés à la gravité lorsque nous prenons de l'haldol. Vous êtes libres, vous avez un équilibre naturel : notre équilibre à nous est tout au plus artificiel.

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" Il n'est pas convaincant, dit-elle. Sa prose n'est pas bonne. Il n'utilise pas correctement les mots. Or bien il a le cerveau touché , ou bien il a quelque chose à cacher." Le discours du président ne prenait donc pas sur Emily D. en raison de son hypersensibilité à l'usage du langage formel, à la pureté de la prose, pas plus qu'il ne prenait sur nos aphasiques dont la surdité aux mots s'accompagnait d'une intensification de la sensibilité tonale.

C'était là le paradoxe de ce discours: il n'y avait que nous, les gens normaux _ soutenues sans doute par notre désir d'être dupés _, qui étions en effet bel et bien dupés ("populus vult decipi, ergo, decipiatur"). L'usage trompeur des mots se trouvait si astucieusement uni à un ton de voix trompeur que seul celui dont le cerveau était lésé pouvait échapper à la supercherie.

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"On peut mentir avec la bouche, écrit Nietzsche, mais les grimaces qui accompagnent n'en disent pas moins la vérité". Les aphasiques sont extraordinairement sensibles à ces grimaces, à une posture ou à un aspect corporel déplacé ou faux. Et, s'ils ne les voient pas _ ce qui est le cas des aphasiques aveugles_, ils ont une oreille infaillible lorsqu'il s'agit de percevoir les nuances vocales, le ton, le rythme, les cadences, la musique, les plus subtiles modulations, inflexions, intonations, qui peuvent donner_ou retirer_ de la vraisemblance à une voix humaine.

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Quelques jours plus tard, je rendis visite au docteur P., avec, dans ma serviette, la partition des Dichterliebe (je savais qu’il aimait Schumann) et divers objets pour tester ses perceptions. Madame P. me fit entrer dans un vaste appartement (qui rappelait le Berlin de la fin du XIXe siècle). Au milieu de la pièce, il y avait un magnifique Bösendorfer ancien et, tout autour, de petits porte-musique, des instruments, des partitions… Il y avait aussi des livres, des tableaux, mais la musique était au centre de tout. Le docteur P. entra, un peu voûté, et, distrait, avança en tendant la main vers l’horloge du grand-père ; au son de ma voix, il se reprit et me serra la main. Nous échangeâmes des salutations et parlâmes un peu des concerts et représentations en cours. Incertain, je lui demandai s’il voulait chanter.

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Ses réponses furent très curieuses. Ses yeux sautaient d’un point à un autre, il remarquait des détails imperceptibles, comme il avait fait pour mon visage. Une brillance, une couleur, une forme arrêtaient son attention et lui tiraient un commentaire, mais en aucun cas il ne voyait une scène dans son ensemble. Il ne parvenait pas à voir le tout, mais seulement des détails qu’il enregistrait comme des taches sur un écran radar. Il ne considérait jamais l’image dans son ensemble – il n’affrontait pour ainsi dire jamais la physionomie de l’image : le paysage ou la scène n’avait pour lui aucun sens. Je lui montrai la photographie de couverture, représentant une étendue infinie de dunes sahariennes.

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Je calmai mon inquiétude, la sienne aussi peut-être, en procédant à la routine apaisante d’un examen neurologique – force des muscles, coordination, réflexes, tonus… Ce fut pendant que j’examinais ses réflexes – un rien anormal dans l’hémicorps gauche – que se manifesta la première bizarrerie. J’avais enlevé sa chaussure gauche et grattais sa plante de pied avec une clé – un test de réflexe apparemment insignifiant, mais en fait essentiel –, puis, m’excusant d’avoir à revisser mon ophtalmoscope, je l’avais laissé remettre lui-même sa chaussure. À ma surprise, une minute plus tard il ne l’avait pas encore fait.

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Le docteur P. était un musicien distingué, qui s’était rendu célèbre depuis des années comme chanteur puis comme professeur à l’école de musique locale. C’est là, avec ses étudiants, que certains problèmes étranges commencèrent à apparaître. Un étudiant se présentait, et le docteur P. ne le reconnaissait pas ; ou, plus exactement, il ne reconnaissait pas son visage : c’était seulement au moment où l’étudiant parlait qu’il pouvait l’identifier d’après sa voix. Ces incidents se multipliaient et suscitaient l’embarras, la perplexité, la peur – et parfois le rire. Car, non seulement le docteur P., progressivement, ne distinguait plus les visages, mais il voyait des visages là où il n’y en avait pas : tout comme Magoo, dans la rue, tapote affectueusement les bouches d’incendie et les parcmètres en les prenant pour des têtes d’enfants, il s’adressait aimablement aux poignées sculptées des meubles et s’étonnait qu’elles ne lui répondent pas. Au début, chacun prit ces erreurs bizarres pour des plaisanteries, et le docteur P. fut le premier à en rire. N’était-il pas réputé pour avoir un sens de l’humour étrange, un goût du paradoxe ou de la plaisanterie, qui rappelait presque l’humour zen ? Ses facultés musicales étaient aussi éblouissantes qu’avant ; il ne se sentait pas malade – il ne s’était jamais senti aussi bien ; et ses erreurs étaient si ridicules – et si naïves – qu’elles pouvaient à peine être prises au sérieux. L’idée qu’il pouvait avoir « quelque chose qui n’allait pas » mit trois ans à s’imposer à son esprit, et ne lui apparut en fait pleinement que lorsqu’il se sut diabétique. Conscient que le diabète pouvait affecter ses yeux, le docteur P. consulta un ophtalmologiste qui écouta attentivement son histoire et examina soigneusement ses yeux. « Vos yeux n’ont rien, conclut le spécialiste. Mais vous avez un trouble des zones visuelles du cerveau. Vous n’avez pas besoin de moi, vous devriez voir un neurologue. » C’est ainsi que le docteur P. vint me consulter.

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Car qu’est-ce qui constitue une « entité-maladie » ou une « nouvelle maladie » ? Le médecin n’est pas comme le naturaliste, concerné par un large éventail d’organismes différents, théoriquement adaptés de façon moyenne à un environnement moyen, mais par un seul organisme, le sujet humain, dans son effort pour préserver son identité lors de circonstances adverses.

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La physiologie pathologique du syndrome parkinsonien est l’étude d’un chaos organisé, chaos provoqué en première instance par la destruction d’intégrations importantes et réorganisé sur une base instable au cours du processus de réhabilitation.

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