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Un ivrogne bâille sur un banc. Quelques ménagères finissent leurs courses. Deux adolescents capuchonnés crapotent sous un porche. Les badauds restent rares à onze heures du matin. Un chien s’étire. « La rue ! » s’est exclamé Pégard, comme si j’allais rejoindre une foule animée, bruissante de désirs, d’excitation, d’ambitions, mêlant des milliers d’individus qui vivent à cent à l’heure, un brouhaha aux richesses incessantes d’où j’extrairai des perles dignes de figurer dans les colonnes du journal. Or Charleroi n’est ni Paris, ni Londres, ni New York. Veille-t-elle, la ville de Charleroi dort ; elle cligne des yeux au moment du déjeuner, montre de courts signes d’activité en fin d’après-midi, à l’heure de pointe, même si les voitures agglutinées les unes aux autres donnent l’impression de l’arrêt plutôt que de l’impatience. L’immobilité s’est domiciliée depuis longtemps à Charleroi, ainsi que les nuages laiteux et la pluie lente.

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Oum Kalsoum est née garçon et s’appelait au départ Robert Peeters. Un matin, à quarante ans, en jouant aux dames dans un bistrot de Châtelineau où la radio braillait Ozkorini – Souviens-toi de moi –, Robert Peeters a subitement compris que, lors d’une vie antérieure, il avait été une femme, et pas n’importe laquelle, Oum Kalsoum, l’incomparable chanteuse arabe, l’étoile de l’Orient, le rossignol du Caire, l’Immortelle, celle que l’on surnommait la « quatrième pyramide » ! Bouleversé par cette révélation, il a changé du jour au lendemain, chaussé des talons, mis des robes, entouré son crâne d’un turban, puis s’est converti à l’islam et a quitté son métier de tonnelier pour une profession plus féminine. Nul ne sait s’il s’est fait opérer. Personne n’a envie de le vérifier, car à part son aplomb, ses vêtements, sa coiffure et son maquillage spectaculaires, Oum Kalsoum n’a rien de féminin : une silhouette tassée de camionneur, des poils aux bras, une barbe bleue qui troue en fin de journée le fond de teint bistre, un bide d’alcoolique et une voix de gendarme. Lafouine, le rouquin qui traite les sports chez nous, assure qu’elle a conservé ses attributs masculins et qu’elle ne s’injecte pas d’hormones.

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Je fixe l’employée de Demain. Souvent, en me concentrant sur une personne, je perce ses secrets. De manière générale, j’évite l’expérience, car j’ai appris trop d’horreurs dont je me serais aisément dispensé, mais aujourd’hui, j’ai si faim que je n’hésite plus. Mon regard harponne sa nuque adipeuse.

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Une grosse main couverte de bagues se pose sur la canette. La femme de ménage récupère son bien et le porte à sa large bouche, laquelle traverse une tête dépourvue de cou, vissée sur le torse. Sans que clignent ses épaisses paupières où s’écrase un fard bleu et gras, elle ingurgite le liquide d’un trait, claque la langue, s’essuie les lèvres, soupire de contentement, et rote…

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Le patron grogne, débordé par l’irritation :

– Allez, dans la rue !

Les collègues, cessant de nous observer, s’absorbent, qui dans son écran, qui dans son article, qui dans ses dossiers ; ils ont déjà vécu l’humiliation de la rue et craignent que, par ricochet, l’ordre de Pégard ne leur retombe dessus.

– Je suis nul dans la rue, monsieur.

– Tu es nul partout. Ouste, sur le trottoir ! Ramène-nous ce que tu auras déniché au fond du caniveau. Ramasser des ordures, ça, tu y arrives, non ?

Obéir. Obtempérer vite, avant qu’il n’invente un raffinement de vengeance. Saisissant mon imperméable, mon bonnet et mes gants de laine, j’ai pourtant envie de lui expliquer pourquoi la chaleur m’engourdit, pourquoi je me suis assoupi, pourquoi, ces derniers jours…

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Je m’engouffre dans le couloir, effectue un détour aux toilettes, tire péniblement quelques gouttes trop foncées de ma vessie, puis m’arrête au niveau de la kitchenette. Là, j’hésite. Mon cœur s’affole. Personne alentour ? S’il traînait quelque chose à manger, une barre chocolatée, un gâteau sec, un croûton de pain, un bonbon… Depuis combien de temps n’ai-je rien avalé ? Je parcours des yeux l’étagère et l’évier : vides. Avec discrétion, je tire la porte du réfrigérateur qui recèle une canette de bière entamée. Pourquoi pas ? La bière contient plus de calories que l’eau. Même si dans mon état, la moindre goutte d’alcool risque de…

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J’ai l’air minable, je le sais… Davantage long que grand, je ne dispose pas d’un corps mais d’une tige, une tige qu’incline le poids de mon crâne ; la nuque bossue, le cou cassé, ma silhouette évoque celle d’un portemanteau ; même droit, je gîte. Chez moi, la maigreur dépasse la minceur : lorsque je dévoile mes bras, j’expose des tendons, aucun muscle ; à la piscine – lieu de supplice que j’évite –, j’affiche des creux là où les individus normaux arborent des reliefs, sur la poitrine et sur les fesses ; si j’enlève mes chaussettes, j’exhibe des pieds décharnés dont on compte les vingt-six os. Quant à la nudité intégrale… je ne possède qu’une couleur, le beige – peau beige, tignasse beige, iris beige, toison beige – ; sur fond de sable, je deviens transparent. Insipidité garantie !

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– Dort-il ?

J’attends quelques secondes. Si la pause dure, je vais poursuivre mon objectif et gagner le château. Tendu, les rênes en main, j’ai conscience d’être suspendu entre deux mondes, l’un concret où mes mollets pressent le poitrail chaud d’un alezan, l’autre abstrait où j’ai à peine risqué mes yeux fermés et une oreille distraite. Face à moi, le druide penche la tête contre son épaule, déçu que je ne m’élance pas. Oh, comme la voix me contrarie, cette voix qui me paralyse, cette voix qui, si elle insistait, me catapulterait ailleurs !

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– Tu dors ?

À la voix qui me parle, je voudrais crier « non » mais je me tais en gardant mes paupières closes. Prononcer un mot m’arracherait au rêve qui m’enchante.

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- On dirait que tout vous amuse.

Il me dévisage, interloqué.

- Évidemment que tout m'amuse.

Il soupire et sourit en même temps.

- La vie est une tragédie : autant la vivre en comédie.

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