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— Allons, ma douce. Je vous reverrai demain matin avant votre départ, souffla-t-il d’une voix encore rauque de désir.

Il lui effleura la main tandis qu’elle tournait les talons pour gagner la porte, et elle dut résister au désir d’entrelacer ses doigts aux siens.

— Dormez bien, chuchota-t-il, lorsqu’elle passa près de lui.

Isobel déglutit. Son cœur battait la chamade et chaque parcelle de son corps lui semblait intensément vivante et douloureuse à la fois. Et sa bouche… sa bouche brûlait d’être de nouveau embrassée. Elle avait tant besoin de ses lèvres sur les siennes.

Elle savait qu’il ne la quittait pas des yeux tandis qu’elle rejoignait sa mère, car elle sentait son regard sur sa peau, presque aussi palpable qu’une caresse.

C’était si inattendu.

Si inespéré.

Si merveilleux…

Et pourtant, c’était déjà fini.

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Isobel s’habilla en hâte et se fraya un chemin dans la maison enténébrée en essayant de ne réveiller personne. Avec un peu de chance, elle pourrait être de retour dans son lit avant que sa famille ne soit levée.

Dehors, quelques villageois vaquaient déjà à leurs tâches quotidiennes, et elle les salua au passage. Il fallait qu’elle lui parle. Elle n’aurait pas su dire pourquoi, mais elle obéissait d’instinct à cette impulsion, se dirigeant tout droit vers la grande porte du château.

Frissonnant dans la fraîcheur de l’aube, elle drapa étroitement son châle autour d’elle et leva la tête juste à temps pour voir pivoter les lourds battants de chêne. Un petit groupe de cavaliers franchit le seuil et se dirigea vers elle au trot. Isobel s’écarta pour les laisser passer. Celui qui venait en tête fit signe aux autres de continuer leur chemin et arrêta son cheval devant elle.

Athdar…

— Il est un peu tôt pour être dehors, demoiselle, dit-il d’un ton tranquille. Votre père sait-il que vous vous promenez dans le village toute seule à cette heure ?

Sa voix légèrement rauque arracha à Isobel d’étranges frissons qui n’avaient rien à voir avec la fraîcheur matinale.

Elle essaya d’ignorer la réprimande.

— Je dois voir lady Jocelyn… J’ai… j’ai une course à faire pour elle.

Elle contourna le cavalier, brûlant de lui parler davantage. Mais que dire ? Son cœur battait la chamade, et elle devait avoir les joues plus cramoisies que des pommes d’api. Comment diable s’y prenait-il pour la mettre dans cet état ?

Devant lui, la pondération et l’assurance que ses parents louaient en elle l’abandonnaient soudain. Bref, elle avait l’impression d’être une idiote. Au lieu de soutenir une conversation raisonnable, comme elle le faisait avec les autres visiteurs, elle ne pouvait plus que balbutier des propos incohérents. Même en cet instant où elle aurait voulu l’entretenir de son voyage ou de ses occupations de laird, elle ne savait que rougir et bredouiller.

— En ce cas, je ne veux pas vous détourner de vos devoirs, dit-il d’une voix rauque qui lui coupa le souffle.

Il fit pivoter sa monture vers le chemin qui traversait le village pour rejoindre la grand-route. Avant d’éperonner son cheval, il salua Isobel de la tête et lui adressa un sourire si ravageur qu’elle acheva de perdre tous ses moyens. Elle aurait voulu disparaître sous terre ! Littéralement.

— Allez vite, demoiselle. J’attendrai un instant pour m’assurer que vous êtes bien rentrée au donjon.

— Merci. Je vous souhaite un bon voyage, laird MacCallum ! dit-elle avec difficulté.

— Mon nom est Athdar, demoiselle.

Isobel s’empourpra de plus belle. Jusqu’ici, elle n’avait jamais osé l’appeler par son prénom — sauf dans ses rêves ! Athdar MacCallum était plus âgé qu’elle et d’un rang social bien plus élevé. Toutefois, s’il lui en donnait l’autorisation, elle n’allait pas manquer l’occasion…

— Bon voyage, Athdar, souffla-t-elle.

Les lèvres du laird se retroussèrent en un sourire malicieux, qui transforma complètement son visage. De sévère, il devint soudain amusé, espiègle… irrésistible. Dieu qu’il était séduisant !

Elle retrouva un semblant de hardiesse pour ajouter :

— Mon nom à moi est Isobel !

Le rire d’Athdar résonna dans le silence paisible du petit matin.

— Croyez-vous que je l’ignorais ? Au revoir, Isobel !

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** Extrait offert par Terri Brisbin **

Chapitre 1

Lairig Dubh, Ecosse, l’an de grâce 1375

— Regarde, regarde ! Le voilà !

Ce chuchotement excité attira l’attention d’Isobel. D’habitude, Cora remarquait rarement les personnes du sexe opposé. Il fallait vraiment que le nouveau venu ait quelque chose de spécial, de différent. Aussi se retourna-t-elle pour voir qui regardait son amie.

Athdar MacCallum, le frère de Jocelyn, l’épouse du laird, traversait la cour en direction du donjon. Il avait une démarche décidée et regardait droit devant lui. De toute évidence, il avait une affaire à régler avec le laird et n’entendait pas être détourné de sa tâche. En dépit de la sévérité de ses traits, c’était un fort bel homme, il fallait l’avouer.

— Il est sur le point de quitter Lairig Dubh pour retourner chez lui, déclara Isobel d’une voix neutre, en dépit des battements accélérés de son cœur.

Et, comme son amie haussait les sourcils d’un air interrogateur, elle ajouta :

— J’ai entendu mon père en parler ce matin.

Cora la dévisagea anxieusement.

— Tu crois qu’il sera encore là pour le repas du soir ?

Isobel était tout aussi passionnée par le sujet que sa compagne, pourtant, elle se garda bien de le montrer. Si elle trahissait son intérêt pour Athdar, quelqu’un ne manquerait pas d’en parler à son père, et ce serait le début des ennuis. La seule mention de ce nom semblait prodigieusement irriter Rurik. Et le voir irrité était bien la dernière chose qu’elle ou n’importe qui d’autre souhaitât !

Isobel retint un soupir navré. Son père, mi-norvégien, mi-écossais, et fils naturel du comte d’Orkney, n’aimait pas les têtes brûlées. Or, dans un passé lointain qui remontait à avant la naissance d’Isobel, Athdar avait commis une action inconsidérée sur laquelle le père de la jeune fille n’était toujours pas prêt à passer l’éponge. Peu lui importait qu’Athdar ait été très jeune et téméraire à l’époque et qu’il ait beaucoup souffert des conséquences de sa sottise. Ni que l’histoire se soit soldée par l’arrivée de Jocelyn MacCallum à Lairig Dubh, en tant qu’épouse du laird…

Non, tout ce qui comptait pour le père d’Isobel, c’était qu’Athdar avait un jour manqué de jugement et qu’il en manquât peut-être encore. Isobel, pour sa part, pouvait difficilement avoir un jugement concernant cette vieille affaire, car elle n’en connaissait pas le déroulement. Mais elle était sûre d’une chose : Athdar, aujourd’hui, ne manquait pas de jugement ni d’intelligence.

Isobel tourna le dos au sentier et fit face à son amie.

— Je ne sais pas, Cora. Je ne surveille pas ses faits et gestes.

Même si elle en mourait d’envie !

Depuis deux ans, elle avait vu plusieurs de ses cousines tomber amoureuses et trouver chaussure à leur pied et elle avait elle-même atteint l’âge où l’on commençait à marier les filles. Hélas, le seul homme qui ait attiré son attention, c’était celui-là même que son père n’accepterait jamais, Athdar MacCallum. Et cela n’avait rien à voir avec son corps robuste et musclé, son regard brun perçant, ou la façon dont ses longs cheveux noirs encadraient ses traits anguleux et virils. Enfin, pas seulement, même si ses indéniables attraits physiques ne lui étaient bien sûr pas indifférents !

En vérité, cet homme l’intriguait. Toujours respectueux avec elle, il lui parlait comme à une personne intelligente et ne l’évitait pas avec crainte comme le faisaient les autres garçons. Un homme assez hardi pour tenir tête à son père était en soi une curiosité !

Et puis, c’était un homme honnête et capable, d’après Connor. Compatissant, s’il fallait en croire Jocelyn. Surtout, cette tristesse diffuse qu’Isobel percevait chez lui éveillait quelque chose de très profond en elle — étrangement, elle brûlait d’être celle qui le consolerait. Au lieu de l’effrayer, cette peine enfouie au plus profond de cet homme en pleine force de l’âge l’attirait irrésistiblement.

Isobel coula un nouveau regard vers le sentier, et un frisson la secoua. Cora ne fut pas sans remarquer sa réaction. Elle sourit d’un air entendu et hocha la tête.

— Tu sais ce que je crois, Isobel ? Je crois que tu n’es pas aussi indifférente que tu veux bien le faire croire. Le bel Athdar te plaît, à toi aussi !

— Cora, mon père le hait ! se récria Isobel, dans l’espoir que son amie n’insisterait pas.

Essuyant ses mains moites sur sa jupe, elle rejeta ses cheveux derrière ses épaules et prit sa compagne par la main.

— Viens, nous avons beaucoup à faire avant le dîner, qu’Athdar y assiste ou non.

Sagement, Cora ne relança pas le sujet, bien que l’objet de leur intérêt ne fût séparé d’elles que par la moitié de la cour, tandis qu’elles se hâtaient vers le donjon. Isobel réfléchissait : sa mère se trouvait dans le solarium avec lady Jocelyn. C’était là une bonne raison pour emboîter le pas à Athdar, non ? Pourrait-elle lui parler de nouveau ? Son cœur s’emballa à cette pensée. Elle tâchait de refréner son excitation, quand une voix retentit soudain tout près d’elle, le hélant par son nom. L’interpellé se retourna pour voir qui l’appelait et son regard brun, toujours si intense, tomba sur Isobel.

Tous les efforts de la jeune fille pour simuler l’indifférence fondirent comme neige au soleil devant son clin d’œil malicieux, son sourire… Elle s’arrêta net, le souffle coupé. Cora, qui n’avait rien remarqué, fit deux ou trois pas avant de s’apercevoir que sa compagne était restée en arrière. Isobel prit une profonde inspiration avant de rendre à Athdar son sourire. Elle cherchait désespérément quelque chose à lui dire, lorsque Ranald, qui avait hélé le jeune homme, la dépassa et s’interposa entre eux.

— Je suis sur le terrain d’entraînement, Dar. Rejoins-moi quand tu auras fini avec le laird !

Isobel vit Athdar hocher la tête en signe d’assentiment, puis disparaître dans le donjon. Ranald salua les deux jeunes filles avant de retourner s’entraîner. Cora le suivit des yeux, visiblement fascinée, et Isobel dut toussoter pour ramener son attention vers elle. Son amie avait les pommettes aussi empourprées que devaient l’être les siennes.

— Dépêchons-nous, la pressa-t-elle, sans commenter l’évidente attirance de son amie pour Ranald.

Dans le corridor qui menait au solarium de la comtesse, Isobel décida de trouver un prétexte pour assister à l’entraînement des deux hommes. Cora ne verrait pas d’objections à l’accompagner, cela au moins elle en était sûre !

* * *

Un juron entre les dents, Athdar pénétra dans le sombre donjon de pierre. Tout en saluant de la tête ceux qu’il connaissait, il maudissait sa propre sottise. Qu’est-ce qui lui avait pris de sourire ainsi à Isobel ? Il fallait vraiment qu’il soit fou pour se livrer à de telles manifestations devant des tiers. Pour s’y livrer tout court, d’ailleurs !

Isobel était la fille de Rurik, bon sang ! Si le farouche guerrier apprenait qu’Athdar avait manifesté le moindre intérêt à sa fille, il aurait sa tête… Athdar avait déjà failli mourir des mains de Rurik et il n’avait aucune intention de renouveler l’expérience, pas même pour la charmante Isobel.

Diable ! Le problème, c’était qu’il avait affaire à une vraie beauté. Il avait vu Isobel grandir et se demandait encore comment la fillette dégingandée d’autrefois avait pu se métamorphoser en cette merveilleuse jeune femme débordante d’intelligence et d’assurance. Ses parents l’avaient fait éduquer comme la plupart des filles du clan MacLerie, l’encourageant à la spontanéité et à la franchise. C’était fort peu courant, bien qu’ici, tant au château qu’au village, cela semblât être la norme.

Il se dirigea vers la pièce qui servait de bureau à Connor, où il trouva le laird en compagnie de ses conseillers. La conversation s’engagea, seulement Athdar était distrait par le souvenir d’un délicieux visage en forme de cœur auréolé de boucles blondes et d’un regard bleu-gris qui pétillait toujours lorsqu’il rencontrait le sien. Sans parler de ces lèvres roses et pleines qui le tentaient violemment… Grisé par cette image, son corps réagit de façon surprenante. Mal à l’aise, Athdar remua sur son fauteuil, attirant sur lui l’attention de Connor, qui lui offrit une coupe de vin.

— Quelque chose ne va pas ?

— Non, non, assura Athdar en toute hâte.

Il avala une gorgée de vin, le temps de chasser de son esprit l’image ravissante et interdite d’Isobel, pour se consacrer au débat en cours.

Jetant un coup d’œil autour de lui, il nota que la plupart des hommes présents étaient déjà mariés et fort heureux en ménage. Cette constatation réveilla la vieille douleur qui sommeillait dans son cœur.

Heureux, il le serait peut-être encore un peu. Marié, plus jamais… Le désastre de ses précédents mariages et de ses dernières fiançailles lui avait servi de leçon. Plus jamais il n’exposerait une femme aux dangers d’une union avec lui.

Surtout pas la délicieuse Isobel.

Les tragédies de son passé le hanteraient chaque jour et chaque nuit de sa vie, mais il ne prendrait jamais le risque de lier son existence à une femme aussi précieuse, aussi vibrante. Car il était maudit, il le savait.

La plupart des gens n’auraient fait que rire de cette conviction en le traitant d’idiot. Bien sûr, tous les jours des femmes mouraient, que ce fût en accouchant ou autrement. Mais alors, ils se souviendraient qu’Athdar avait déjà perdu deux épouses et une fiancée. Que deux autres avaient ensuite refusé de se lier à lui, effrayées à l’idée que le même destin les attendait peut-être, si leur père consentait à les donner à Athdar.

En dépit de son désir de se marier et de fonder une famille, ainsi que tous ces hommes autour de lui l’avaient fait, Athdar savait que le destin était contre lui.

Après avoir participé un instant à la conversation, il se leva et marcha jusqu’à la fenêtre.

Comme si ses pensées avaient eu le pouvoir de la faire apparaître, la fille de Rurik traversa la cour en direction du terrain d’entraînement. Leurs têtes inclinées l’une vers l’autre, son amie et elle chuchotaient et riaient, tout en jetant de furtifs coups d’œil aux hommes qui s’affrontaient un peu plus loin.

Athdar vida sa coupe et la reposa sur le plateau.

— Je vous suis très reconnaissant pour ce séjour, Connor. Cela me rappelle que je dois donner des instructions à mon serviteur pour nos provisions de route.

Ignorant les regards surpris de ses compagnons, Athdar se dirigea vers la porte.

— Ta sœur est dans le solarium, lui indiqua Connor.

— J’irai la voir un peu plus tard, répondit-il en soulevant le loquet. Je n’en ai pas pour longtemps.

Il se hâta de sortir, sans s’appesantir sur l’étrangeté de son attitude. C’était comme si un fil invisible le tirait dehors. Un fil relié… à elle. Soudain conscient du danger auquel il s’exposait — et exposait Isobel —, il ralentit brusquement et chercha Ranald du regard. Un bon combat, voilà ce qu’il lui fallait pour chasser cet engouement idiot. Cela lui rappellerait pourquoi il était ici.

Et toutes les excellentes raisons qu’il avait de fuir le mariage comme la peste…

* * *

Son plan fonctionna parfaitement… jusqu’au moment où un coup de poing bien dirigé l’envoya mordre la poussière, face contre le sol. Etourdi par le choc, Athdar entendit Isobel crier son nom dans la foule.

* * *

Seigneur ! Comment parviendrait-il à l’ignorer, quand chaque fibre de son corps et de son âme se consumait littéralement pour elle ?

* * *

— Rurik songe à la marier… ailleurs.

Le regard fixé sur la scène qui se déroulait en bas dans la cour, Connor vint se poster à sa place favorite, derrière sa bien-aimée Jocelyn. Refermant les bras autour d’elle, il inhala le doux parfum de rose dont elle usait pour laver ses cheveux. Un instant, il l’imagina nue dans son bain, et son corps réagit aussitôt à cette image. Il secoua la tête, amusé. Elle représentait encore une constante tentation, en dépit de leurs décennies de mariage.

Jocelyn se retourna dans ses bras.

— Rurik s’est donc enfin rendu compte qu’elle était en âge ? Il a si longtemps refusé de voir l’évidence !

— Deux propositions sont arrivées récemment. Nous en avons discuté et il a bien fallu qu’il accepte l’idée qu’il était grand temps.

— Et tu approuves ces alliances ?

Connor crut déceler dans la voix de sa femme un soupçon de… de quoi ? De défi ? De sarcasme ?

Il eut un petit rire.

— On se moque de moi, mon épouse ?

Tout en l’embrassant, il vit le regard de Jocelyn pétiller de malice.

— Oui, n’est-ce pas ?

Il la relâcha pour se pencher par-dessus le rempart, d’où il avait une vue plongeante sur le terrain d’entraînement. Tout à l’heure, le frère de Jocelyn avait quitté abruptement la réunion. Et à présent il affrontait Ranald, l’un des jeunes guerriers de Lairig Dubh, devant une petite foule de spectateurs applaudissant et criant. Même à cette distance, Connor voyait bien qu’Athdar était distrait. Cela se devinait à sa façon de se battre.

Et il croyait en connaître la raison…

— Il s’intéresse à elle, fit-il à voix haute.

Il sentit Jocelyn se raidir et s’attendit à des protestations.

— Rurik ne sera pas content, ajouta-t-il comme rien ne venait.

— Athdar a juré de ne jamais se remarier, murmura Jocelyn, tandis qu’ils regardaient le jeune homme perdre le contrôle du combat. Il a tant de chagrin enfoui en lui…

Connor resta silencieux, avec l’impression que c’était leur propre histoire, à Jocelyn et lui, qui se répétait à des années de distance — la souffrance, le rejet du mariage, le refus d’accepter l’idée que l’amour puisse être à leur portée… jusqu’à ce qu’il soit presque trop tard.

Seule Jocelyn avait su le sauver du désespoir éternel.

— Rurik espère qu’elle donnera son cœur à un autre, soupira-t-il. Et, bien sûr, il n’a même pas prononcé le nom de Dar dans les prétendants potentiels.

Jocelyn se tourna de nouveau vers lui, tâchant de lire sur son visage.

— Rurik n’est pas homme à nourrir une si longue rancune. C’était il y a si longtemps, et Athdar était alors si jeune ! Et puis, ce n’était qu’une insulte, pas une attaque.

— Jusqu’ici, tu ne t’es jamais mêlée des affaires de Dar. Pourquoi le faire à présent ?

— Ce n’était pas mon rôle, Connor, soupira-t-elle non sans tristesse. Je m’étais résignée à la situation.

— Et maintenant ?

— Je lis la nostalgie dans ses yeux quand nous nous retrouvons tous ensemble. Il veut ce que nous avons tous. Une femme, des enfants. De l’amour. Il brûle d’avoir tout cela et en même temps il craint de tenter de nouveau le sort.

— Et si tu le laissais prendre sa décision tout seul ?

Après tout, c’était bien son tour de taquiner sa bien-aimée, surtout quand c’était pour la bonne cause !

— C’est un chef à présent, insista-t-il. Il a des responsabilités. Je ne crois pas qu’il apprécierait de savoir que sa sœur complote dans son dos.

Espérant qu’il en avait assez dit pour la détourner de son idée, il ajouta d’un ton léger :

— Il faut que j’y aille à présent, j’ai du pain sur la planche. Je te retrouve à table ?

Elle sourit et hocha la tête, apparemment raisonnable. Mais Connor ne se faisait pas d’illusions. Il en aurait fallu davantage pour la faire renoncer ! Elle allait faire son possible pour favoriser l’union de son frère et de la fille de Rurik. Et Dieu savait ce que cela risquait de déchaîner ! Il n’avait pas le temps de lui démontrer que ce serait folie de s’obstiner dans cette voie dangereuse, mais il y reviendrait plus tard. Cette nuit. Dans leurs appartements.

— A tout à l’heure, chuchota-t-elle en se haussant sur la pointe des pieds pour l’embrasser sur les lèvres.

Il la regarda s’éloigner, captivé par l’ondulation séductrice de ses hanches. Soudain submergé de désir, il jura entre ses dents avant de descendre à son tour. Décidément, il fallait qu’il parle à Rurik.

Ou peut-être que non ? Le commandant en chef de ses troupes était assez terrifiant quand il était en colère, même pour lui, qui était pourtant surnommé « la Bête des Highlands » ! Pour une fois, peut-être valait-il mieux rester en retrait et voir comment les choses évoluaient ?

Connor sortit du donjon en quête d’un adversaire. Rien de tel qu’un bon combat pour s’éclaircir les idées ! Et, si sa femme et les autres épouses se mettaient en tête de marier Athdar et Isobel, lui et ses compères auraient grand besoin d’avoir les idées claires pour garder le cap.

A en juger par l’expression de Jocelyn quand elle s’était retournée, il devinait déjà que même en possession de tous ses moyens il avait peu de chances de remporter cette bataille !

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** Extrait offert par Terri Brisbin **

Prologue

— Qui m’aime me suive !

Imitant le commandant des guerriers de son père, Athdar brandit très haut son épée de bois et désigna les profondeurs de la forêt.

— Nos ennemis ont pris par les bois !

Et il entraîna ses camarades — quatre enfants du village, à peu près du même âge que lui — à travers l’épaisseur des halliers. Tout en suivant le sentier à peine tracé qui longeait la rivière, il scrutait la pénombre, à l’affût du moindre mouvement.

— Là !

Quelque chose avait bougé, et il cria de nouveau des ordres. Chevreuil ou autre animal sauvage, peu lui importait ! L’objet de leur poursuite galopait devant eux, fonçant dans le sous-bois que le soleil tavelait de taches d’or. En riant, les garçons se précipitèrent, se guidant au son des sabots de l’animal invisible, qui courait loin devant eux. Après quelques instants, le bruit de la rivière leur parvint, assourdi par la distance. De toute évidence, ils s’étaient éloignés de la berge.

Jetant un regard autour de lui, Athdar ne reconnut pas les lieux. Il observa une pause avant de s’élancer de nouveau, invitant les autres à le suivre. Toujours courant, il atteignit une petite clairière où un étroit ravin, vestige de l’ancien tracé de la rivière, leur bloquait le passage.

Grand et fort pour son âge, Athdar était un excellent coureur et un sauteur émérite. Il accéléra et, franchissant l’obstacle sans effort, atterrit dans une glissade de l’autre côté, sur un tas de feuilles. Il se redressa aussitôt et héla les autres.

— Venez ! Ce n’est pas assez large pour nous arrêter.

En tant que fils du chef, il était habitué à diriger et commander ses compagnons de jeu. D’un geste impatient, il leur fit signe d’avancer. Mais les autres ne bougèrent pas.

— Auriez-vous peur de sauter ?

Ils avaient peur, c’était visible. Alors il les encouragea, comme l’aurait fait son père avec ses guerriers.

— Prenez votre élan et vous franchirez ce fossé en un clin d’œil !

Il lut l’hésitation sur leur visage. Allons, il n’allait certainement pas laisser ce ridicule obstacle gâcher leur partie !

— Lâches ! Seuls des lâches désobéissent à leur chef.

Il les vit se pousser du coude les uns les autres, puis hocher enfin la tête et reculer pour prendre leur élan avant de se mettre à courir.

Un sourire aux lèvres, Athdar croisa les bras sur sa poitrine, ainsi que faisait souvent son père, et attendit que les autres le rejoignent.

Tous ensemble, ils s’élancèrent au-dessus du ravin. Mais leurs cris de joie s’étranglèrent soudain. Horrifié, Athdar les vit choir dans le vide avec des hurlements de terreur qui s’éteignirent peu à peu pour laisser place à un silence mortel. Rien ne résonnait plus dans la clairière que le son haletant de sa propre respiration, tandis qu’il rampait vers le gouffre et se penchait pour regarder en bas.

A une dizaine de mètres en dessous de lui, ses compagnons gisaient au fond du précipice. Il n’avait que sept ans, mais il comprit tout de même que certains d’entre eux étaient morts et les autres grièvement blessés. L’angle inhabituel de leur tête, de leurs bras et de leurs jambes, ne laissait aucun doute à ce sujet.

Leur équipée s’était transformée en drame ! Par sa faute ! Le cœur en déroute, Athdar fouilla dans son havresac, à la recherche de la corde qu’il portait toujours sur lui, mais il ne la trouva pas. Il rampa de nouveau vers le bord, et un peu de sol s’effrita sous lui avant de tomber sur ses camarades. Une légère toux lui apprit que l’un d’eux au moins vivait encore. D’une voix tremblante, il les appela par leur nom un à un, jusqu’à ce qu’un léger gémissement lui réponde. Robbie !

— Je descends, cria-t-il en faisant passer ses jambes par-dessus le bord.

C’était sa faute. Sa faute. Maintenant, il fallait qu’il les aide.

— Reste là-haut, fit la voix à peine audible de Robbie. Si tu restes coincé en bas, ça ne nous aidera pas.

Athdar s’arrêta, s’accrochant aux racines d’un arbre pour ne pas glisser dans le précipice. Robbie avait raison. Sans corde pour hisser ses compagnons, il ne leur était d’aucune utilité. Le vent qui bruissait dans les arbres lui rappela l’heure. Le temps s’écoulait. Bientôt, la nuit allait tomber, et avec elle de nouveaux dangers naîtraient.

— Je vais chercher de l’aide, cria-t-il d’une voix forte.

Et, comme aucun son ne lui répondait, il répéta :

— Tu m’entends, Robbie ? Je vais chercher du secours.

Ramassant son sac, Athdar regarda autour de lui, afin de se repérer. Ils avaient couru dans la forêt d’est en ouest. Du moins, c’était ce qu’il avait cru. A présent, il ne reconnaissait plus rien. Il respira plusieurs fois à fond, luttant contre la panique. Il fallait qu’il retrouve le chemin de la maison. Et qu’il aille chercher de l’aide. Il le fallait !

Il se mit à courir, tête baissée pour ne pas se heurter aux branches basses, à la recherche de la berge.

* * *

Il lui fallut des heures pour retrouver la rivière mais, même ainsi, il ne savait plus quelle direction il devait prendre. Chaque fois qu’il avait trop peur ou qu’il se sentait au bord de l’épuisement, il pensait à ses camarades au fond du précipice et se remettait à courir. La nuit tomba tandis qu’il cherchait désespérément son chemin. A un moment, vaincu par la fatigue, il s’effondra et dormit quelques heures avant de s’éveiller et de se remettre en route.

* * *

A l’aube, il n’avait toujours pas retrouvé la maison, et l’aide dont il avait un besoin si urgent semblait s’éloigner à chaque pas. Terrorisé et rongé par la culpabilité, il se mit à pleurer de douleur en songeant à ses compagnons.

C’est alors que son père et son oncle apparurent, lancés au galop sur leurs destriers. Une lueur d’espoir, enfin !

En quelques heures, Athdar réussit à les conduire jusqu’à l’endroit où gisaient ses amis. Et il regarda les hommes du clan remonter Robbie et les autres du précipice.

L’épreuve fut terrible. Son cœur mourait de douleur, tandis qu’on les emportait un à un. Seul Robbie bougeait encore et le silence qui régnait dans la clairière, tandis qu’on les examinait, lui déchirait la poitrine. Enfin, le groupe accablé reprit le chemin du château.

Bien que ses parents n’aient formulé aucun reproche à son endroit, même après qu’il leur eut raconté ce qui s’était passé, Athdar, lui, savait la vérité. Il avait tué ses amis aussi sûrement que s’il les avait poussés du haut d’une falaise. Car il les avait bel et bien poussés — par ses paroles, par ses insultes, titillant leur amour-propre pour les faire avancer et les précipitant ainsi dans les profondeurs sombres de l’abîme. Puis, au lieu de les sauver, il avait trébuché dans la forêt, perdant sa route et gaspillant de précieuses heures qui leur avaient peut-être coûté la vie.

Et, même si personne ne pointa sur lui de doigt accusateur, il vit bien les regards obliques et les coups d’œil interrogateurs, quand on enterra ses trois camarades. Il entendit les chuchotements et il aurait voulu exprimer dans un cri toute sa peine et son terrible sentiment de culpabilité. Néanmoins, son père et sa mère firent tout pour le convaincre que ce n’était pas sa faute et qu’il s’agissait d’un accident. Un terrible accident dont le souvenir s’estomperait avec le temps…

* * *

Et ce fut ce qui arriva. Plus personne n’évoqua le funeste événement. Le père d’Athdar, le laird, l’avait interdit. Personne ne fit plus jamais la moindre allusion aux enfants morts ni à leurs parents, qui avaient quitté la région ni à celui qui avait survécu à ses blessures. Nul ne posa de questions. Dès qu’Athdar voulait en parler, on lui répétait sans l’écouter qu’il devait extirper tout cela de sa mémoire. Avec le temps il cessa de penser à ses camarades, et leur souvenir s’effaça en lui avec les années, ne laissant qu’un vide béant dans sa mémoire.

Athdar ne se souvenait plus.

Pourtant, quelqu’un n’avait pas oublié.

Quelqu’un pleurait encore les disparus, cherchant refuge dans la folie provoquée par la terrible douleur du deuil.

Et cette personne décida de réclamer justice contre le seul et unique responsable, qui semblait avoir tout oublié.

Oui, quelqu’un se souvenait.

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