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Que Dieu lui vienne en aide ! Aidan MacLerie était partout !

Pour un jeune homme qui occupait une position aussi élevée, à laquelle un si grand nombre de devoirs étaient attachés, il était étonnant qu’il passe autant de temps au village. Plus encore qu’il se trouve chaque fois sur son chemin.

Elle allait puiser de l’eau au puits… Il n’en était jamais éloigné.

Elle lavait du linge dans la rivière… Il était à cheval à quelques pas.

Elle se rendait chez le meunier ou le boucher… Il croisait ses pas comme par hasard.

Chaque rencontre était brève et se limitait à un simple échange de salutations. Et comme Aidan saluait également toute autre personne présente dans le voisinage, les quelques mots adressés à Catriona ne la compromettaient pas. Seulement, elle savait… La chaleur et l’intensité de son regard étaient pour elle seule.

Ce jour-là, la matinée était sombre et lugubre avec de violentes rafales de vent accompagnées de pluie et entrecoupées de brefs moments d’accalmie. Peu de villageois osaient braver les éléments, néanmoins Catriona avait promis d’aider Muireall.

Alors qu’elle pressait le pas le long du chemin boueux, les jupons relevés autant que possible et le capuchon de sa cape tiré sur le visage, elle ne remarqua pas qu’une silhouette lui barrait la route. Elle heurta de plein fouet le mur d’une poitrine musculeuse et perdit l’équilibre alors que son pied se prenait dans sa cape. Trébuchant, elle bascula soudain vers une grande flaque d’eau à côté du chemin. Avec ses maudits vêtements trempés qui lui collaient au corps, elle n’avait aucune chance d’éviter la chute dans l’eau boueuse ! Les yeux clos et les mâchoires serrées, elle se prépara au contact glacé de l’eau…

Cependant, elle ne l’atteignit jamais.

Elle fut rattrapée à temps par un homme dont les grands bras l’enserrèrent alors qu’elle n’était qu’à une coudée de la surface de la flaque.

— Prenez garde, maîtresse MacKenzie, souffla une voix grave à son oreille. Il est dangereux de courir sans regarder devant soi.

Aidan ! Haletante, Catriona essaya en vain de reprendre sa respiration. Il la serrait contre lui et elle sentait la chaleur de son corps à travers ses vêtements.

Elle releva la tête pour voir sous le bord de sa capuche en laine et fut surprise de lui voir un regard différent de son habituelle expression amusée. Envoûtée par la profondeur de ses yeux d’ambre, elle eut bien du mal à reprendre contenance. Le cœur battant, elle chercha en hâte une réponse légère à la recommandation qu’il venait de lui faire… Trop tard : ses lèvres s’étaient emparées des siennes.

L’espace d’un instant, Catriona oublia tout. Elle oublia la pluie, Muireall, son mari… Tout s’évanouit autour d’elle…

Seuls existaient Aidan, sa chaleur, son odeur virile et ses lèvres chaudes qui se pressèrent alors contre les siennes avec passion. Lorsque sa langue s’immisça entre ses lèvres, Catriona sentit ses jambes faiblir…

Alors que son corps s’embrasait tout entier, elle prit brutalement conscience de ce qui était en train de se passer. Elle embrassait un autre homme que son mari ! Aussitôt, elle s’arracha à son étreinte. Horrifiée par son abandon impardonnable, elle se couvrit la bouche de ses doigts, comme si d’un geste, elle pouvait effacer ce baiser. Hélas, rien ne pouvait réparer cet instant de faiblesse. Quelle idiote ! Elle savait que ce jeune guerrier, effronté et vigoureux, était d’une audace sans limites, elle aurait dû se préparer contre ce genre d’assaut !

Et lui, quelle arrogance de grand seigneur ! Il se moquait bien du déshonneur qu’il lui infligeait.

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** Extrait offert par Terri Brisbin **

Chapitre 2

Aidan avait exposé depuis longtemps son rapport au conseil qui s’était réuni pour entendre ses conclusions au sujet de sa dernière mission. A présent, son esprit s’égarait vers une femme infiniment désirable dont le souvenir le hantait.

— Qu’en penses-tu, Aidan ?

Diable ! Il n’avait aucune intention de révéler ses pensées intimes aux anciens du clan, ni aux autres conseillers de son père rassemblés dans la salle de justice.

Aidan s’efforçait de se remémorer le sujet sur lequel portait la discussion quand il croisa le regard de Rurik. Le plus fidèle ami de son père, le chef de ses troupes, lui fit un clin d’œil de connivence. Le Viking, qui était aussi son parrain, connaissait bien sa passion pour le beau sexe et avait dû deviner l’origine de sa distraction. Aidan lui avait demandé plus d’une fois conseil au sujet des femmes, alors qu’il n’aurait pas osé le faire avec son père. Rurik avait ainsi pris l’habitude d’écouter son filleul et semblait garder un œil bienveillant sur ses faits et gestes.

Comme le point de débat lui revenait enfin à l’esprit, Aidan leva les yeux sur son père :

— Je crois que vous devriez regrouper les plus jeunes recrues et confier leur formation à quelques-uns de vos sergents les plus expérimentés, dit-il en espérant que sa suggestion serait acceptable.

Le comte releva un sourcil et ne répondit rien. Aidan fut tenté de reprendre la parole pour meubler le silence, mais il s’en garda finalement. Il savait que son père, selon son habitude, pèserait la valeur de chaque proposition et mesurerait les mérites et les inconvénients de tout projet avant de donner son avis. Il agissait toujours ainsi, que la suggestion provienne de son fils aîné ou du plus humble des villageois.

Aidan ne quittait pas des yeux Connor, qui posait successivement son regard sur les différents membres du conseil avant de se tourner enfin vers lui.

— Et qui, selon toi, serait apte à accomplir cette tâche ?

Aidan, dégrisé par la discussion, se leva et alla remplir sa coupe, se donnant le temps de passer en revue dans sa tête les noms de quelques hommes d’armes méritants, avant de répondre :

— Black Rob, Iain, Calum…

— Micheil, proposa Rurik. Il nous en faudrait un cinquième, Connor.

— Gowan, suggéra Aidan avant même d’avoir pris conscience de l’implication d’une telle proposition.

Mais pourquoi avait-il mentionné Gowan ? Parce qu’il pensait à Catriona un instant plus tôt ? Il retint sa respiration, attendant la décision de son père. Un frisson d’anticipation le parcourut, mais il le réprima avant que quiconque pût voir son agitation.

— Qu’en penses-tu, Rurik ? demanda Connor MacLerie.

Rurik croisa les bras sur la poitrine en fronçant les sourcils et resta silencieux quelques secondes qui parurent interminables à Aidan. Enfin, il confirma son choix par un signe de tête.

— C’est décidé, conclut Connor. Black Rob, Iain, Calum, Micheil et Gowan seront en charge de la formation des plus jeunes.

Aidan, qui ne pouvait en croire ses oreilles, retint sa respiration. Dans un ou deux jours, au plus, Gowan aurait quitté Lairig Dubh. La formation des jeunes gens d’armes prendrait plusieurs semaines, deux mois peut-être, à plusieurs milles du village. Et pendant ce temps, Catriona serait loin de son mari. Aidan fut aussitôt envahi par un sentiment de culpabilité presque douloureux. Par sa faute, la jeune femme allait se retrouver isolée et vulnérable, seule dans sa petite chaumière. Malgré lui, une joie inavouable le gagna, et Aidan ne put s’empêcher de sentir l’espoir renaître à cette perspective. Une petite voix dans sa tête lui soufflait qu’il existait une chance, infime mais bien réelle, pour que Catriona ne soit pas si peinée du départ de son mari. Une chance pour que, derrière son masque froid, elle sente elle aussi frémir les prémices de la passion.

Les membres du conseil se retirèrent à l’exception de Duncan et Rurik qui s’entretinrent avec Connor des prochaines visites de divers nobles écossais souhaitant se rapprocher du clan MacLerie. La plupart des lairds tenaient en effet à entretenir de bonnes relations avec leur clan.

Aidan, uniquement préoccupé du départ de Gowan, n’écoutait la conversation que d’une oreille. Il ne sortit de sa rêverie qu’en entendant son père s’adresser de sa voix forte à ses deux plus proches conseillers, qui descendaient déjà les premières marches de l’escalier à vis reliant la salle de justice au degré inférieur :

— Faites dire à lady Jocelyn que je l’attends ici !

Vaguement intrigué par cette requête inattendue, Aidan but une longue gorgée de vin. Pourquoi faisait-il appeler sa mère ? Son instinct de fils lui soufflait que cela le concernait. Il avait donc toutes les raisons de redouter ce qu’il allait entendre.

Muet d’appréhension, il ne posa aucune question à son père et tous deux restèrent silencieux en attendant Jocelyn.

Au bruit de pas dans l’escalier, Aidan se leva pour aller au-devant de sa mère.

Contrainte, des années plus tôt, d’épouser la Bête des Highlands pour sauver sa famille, Jocelyn MacCallum était venue vivre à Lairig Dubh. Cependant, comme elle avait réussi à capturer le cœur de la Bête en question, leur mariage était placé sous le signe de l’amour. Aidan savait que son père aimait sa mère de tout son cœur et de toute son âme. C’était écrit dans son regard en permanence, que les circonstances fussent heureuses ou malheureuses.

Pour sa part, il n’espérait pas trouver un amour comparable au leur, il savait trop combien l’union de ses parents était exceptionnelle.

— Pourquoi fais-tu venir mère ? demanda-t-il enfin à son père, gagné par la curiosité.

Il était désireux d’avoir quelque lumière sur la teneur de l’entretien qui allait suivre, ne serait-ce que pour mieux préparer sa défense.

Son père se racla la gorge, posa la coupe qu’il avait à la main et se leva.

— Pour parler de ton futur mariage, répondit-il, laconique.

* * *

En attendant l’arrivée de sa femme qui gravissait les derniers degrés de l’escalier, Connor observait son fils. Il semblait fort ennuyé, mais il n’avait aucune raison d’être surpris par l’évocation de ses projets de mariage, car il y avait déjà quelques années qu’il avait atteint l’âge de prendre femme.

Si Connor n’avait pas organisé plus tôt son mariage, c’était par faiblesse. Il avait prêté une oreille trop complaisante aux supplications de Jocelyn, qui lui demandait d’en reporter l’échéance. Comme leur propre fille s’était mariée récemment, ainsi que beaucoup de leurs neveux, Connor s’était incliné devant la requête de sa femme. Pourtant, ils avaient reçu bon nombre de propositions pour Aidan, et ce depuis qu’il avait atteint l’âge de dix ans. Quelques hobereaux avaient même osé leur offrir leur fille en mariage avant même qu’il ne soit capable de manier une épée.

Enfin, l’heure était venue pour son fils aîné de se marier et d’assumer plus de responsabilités au sein du clan, économiques aussi bien que militaires. En observant Aidan mener sa vie de séducteur, Connor savait qu’il ne pourrait jamais se restreindre ni tenir sa place parmi les MacLerie tant qu’il n’aurait pas choisi une épouse légitime.

A moins que le mariage ne change rien à son comportement… C’était une éventualité à laquelle il préférait ne pas penser. De toute façon, il ne fallait plus attendre avant d’en avoir le cœur net. Il importait que l’aîné de ses fils se marie au plus vite et accorde son attention aux problèmes du clan plutôt que de se consacrer à ses plaisirs.

Pour vérifier ses aptitudes à la prise de décision, il lui avait ainsi demandé son opinion sur les formateurs des jeunes gens d’armes. C’était un moyen comme un autre de tester ses connaissances et son degré de sagesse.

Jocelyn parut enfin en haut des marches de l’escalier et un sourire se dessina sur ses lèvres quand son regard s’arrêta sur Aidan.

— Tu lui as parlé ? lui demanda-t-elle sans autre préambule.

Rien dans la voix de sa femme ne trahissait son opposition au mariage d’Aidan, mais Connor n’était pas dupe. Il savait qu’elle n’était toujours pas prête à le voir s’envoler.

— J’attendais que tu sois là, ma chérie.

Il sentit le regard surpris de son fils sur lui puis vit qu’il le dirigeait vers sa mère. Aidan aurait dû être habitué à ces manifestations de tendresse entre ses parents, pourtant l’expression de son visage exprimait encore son étonnement.

— Qu’aviez-vous l’intention de me dire ? demanda-t-il.

— De nos précédentes discussions, il ressort que trois jeunes filles pourraient te convenir comme épouses.

— Nos précédentes discussions ? fit Aidan en croisant les bras sur la poitrine d’un air buté, à l’exemple de son père.

S’il n’avait eu sur le visage l’expression entêtée de sa mère, Connor aurait souri devant cette attitude si semblable à la sienne quand il était d’humeur combative, prêt à défendre sa position coûte que coûte.

— Celles que j’ai eues avec les anciens du clan, Duncan et Rurik, et avec ta mère qui ne voudrait pas être exclue d’une conversation au sujet de ta future femme.

— Et qui sont les heureuses élues ?

— La première est Margaret Sinclair de Caithness, répondit la comtesse.

— La petite-nièce du comte d’Orkney ?

Le comte d’Orkney, le père de Rurik, n’avait pu transmettre son titre à un fils illégitime. La mort du demi-frère de Rurik, quelques années plus tôt, avait interrompu la transmission du titre au sein de la famille. Il serait recueilli par les Sinclair à la mort d’Erengils Sunesson. En épousant Margaret, Aidan unirait le clan des MacLerie à l’une des plus puissantes familles d’Ecosse.

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** Extrait offert par Terri Brisbin **

Chapitre 1

La jeune femme n’était pas de celles qui attiraient d’ordinaire son regard, pourtant, Aidan MacLerie ne pouvait le détacher d’elle…

Sur le chemin du donjon, il s’était arrêté au puits du village, pour s’y désaltérer, alors que ses compagnons d’armes poursuivaient l’ascension de la colline au sommet de laquelle les attendaient femmes et enfants. Le puits était un endroit privilégié pour trouver de la compagnie féminine, et chaque fois qu’il y avait tenté sa chance, Aidan n’avait pas été déçu.

Le regard fixé sur l’inconnue, il plongea son gobelet dans le seau et, tout en buvant, observa la jeune femme. Elle dansait plus qu’elle ne marchait, avec un balancement gracieux de ses hanches bien galbées. Elle portait entre ses bras un seau qu’elle serrait contre une poitrine pulpeuse qu’il imaginait aussi belle et généreuse que ses hanches. Le fichu qu’elle portait pour se cacher les cheveux indiquait qu’elle était mariée ou, mieux encore, veuve.

En homme raisonnable, il appréciait particulièrement la compagnie des veuves, qui n’étaient pas innocentes et connaissaient assez le monde pour ne pas se méprendre sur ses intentions et la place qu’il leur accordait dans sa vie.

Comme la jeune femme levait les yeux et lui souriait avec douceur, ses sens s’éveillèrent aussitôt. Diable, il ressentait pour elle un désir qu’il n’avait jamais connu jusqu’alors. Elle avait beau être différente de ses compagnes habituelles, plus séductrices, il pressentait qu’ils trouveraient leur harmonie ensemble. En d’autres termes, il voulait la faire sienne…

— Bonjour, fit-il, un sourire aux lèvres, en se redressant alors qu’elle s’arrêtait au bord du puits.

Sans autre préambule, il tendit la main pour lui prendre son seau.

— Laissez-moi le remplir pour vous.

— Merci, messire, répondit-elle d’un ton rauque qui enflamma davantage son désir.

Elle avait une voix chaude et vibrante qui s’accordait à merveille avec son physique généreux et sensuel. Déjà, il brûlait de l’entendre prononcer son nom de cette voix quand il viendrait en elle et la conduirait jusqu’à l’extase.

La pensée de leurs possibles ébats était si enivrante… Pour s’en distraire, il descendit le seau dans le puits et le remonta.

— Vous savez qui je suis, demanda-t-il, surpris que cette femme qu’il n’avait jamais croisée l’appelle messire.

— Oui, messire, répondit-elle en prenant le seau de ses mains. Vous êtes le fils aîné du comte.

— Aidan, précisa-t-il.

Il avait envie de l’entendre prononcer son nom. A tel point que ses tempes battaient et qu’il brûlait de tenir son visage entre ses doigts pour l’écouter le dire.

— Je m’appelle Aidan.

— Je le sais, messire, répondit-elle simplement.

Sur ces mots, elle le salua d’un signe de tête et battit en retraite. Il devait à tout prix l’arrêter ! Il n’avait pas l’intention de la laisser partir avant d’avoir appris de sa bouche qui elle était…

— Attendez ! Je ne connais pas votre nom. Je n’ai pas le souvenir de vous avoir déjà rencontrée.

— En effet, nous ne nous sommes jamais vus, messire. Je m’appelle Catriona MacKenzie.

Elle le regarda droit dans les yeux et il prit conscience qu’elle était plus âgée qu’il ne l’avait pensé initialement. Peut-être même était-elle son aînée.

— Comment se fait-il qu’une MacKenzie vive à Lairig Dubh ?

De fait, les MacKenzie avaient été les adversaires des MacLerie jusqu’au jour où le beau-frère d’Aidan, Robert Matheson, avait forcé les deux clans à se rapprocher, obtenant ainsi que les tensions entre eux s’estompent.

— Je suis mariée à Gowan.

Simple et directe, la réponse aurait dû détruire ses espérances. Mais la curiosité et la fascination d’Aidan demeuraient inchangées.

Gowan était l’un des sergents d’armes de Rurik, le bras droit du comte, son père. C’était un homme bien plus âgé que sa jeune épouse. Expert dans le maniement des armes, il était en charge de la formation des hommes et souvent en mission dans les autres fiefs du clan. Il était donc souvent absent, songea Aidan malgré lui, et son épouse devait mener une vie bien solitaire.

Incapable de renoncer si vite à la compagnie de la jeune femme, il lui reprit le seau des mains.

— Laissez-moi le porter pour vous.

La ravissante bouche de Catriona forma une moue réprobatrice et ses yeux d’un bleu profond devinrent de glace. Allait-elle l’éconduire sèchement, comme un vulgaire importun ? Non, après un bref instant d’hésitation, elle se retourna et le précéda le long d’un chemin conduisant à un ensemble de chaumières. Soulagé qu’elle le tolère à ses côtés, il la suivit docilement, mettant cette occasion à profit pour observer sa nuque délicate et son port de reine. Même de dos, une grâce infinie émanait de cette silhouette.

Des mèches de cheveux auburns s’échappaient de son fichu. Aidan mourait d’envie de le lui ôter pour vérifier si sa chevelure lui tomberait sur les reins et se balancerait au-dessus de ses magnifiques hanches. Sa beauté était presque douloureuse à contempler, tant elle paraissait céleste et inaccessible. Baissant le seau pour cacher son geste, il desserra les lacets de ses chausses, qui le comprimaient. Il craignait déjà qu’un désir lancinant le taraude chaque fois qu’il verrait la belle Catriona, et aussi longtemps qu’elle ne serait pas nue et abandonnée dans son lit. Cette femme avait éveillé en lui un besoin originel, mystérieux, qu’il n’avait encore jamais connu auparavant.

Elle tourna à gauche, dans une ruelle, et s’arrêta devant la dernière chaumière. Instinctivement, Aidan lança un regard alentour pour s’assurer qu’ils étaient seuls. Car il ne devait pas risquer, par sa présence, de compromettre une femme mariée… D’ordinaire, il évitait soigneusement de se montrer en présence d’épouses, car leur réputation était chose fragile. Or il plaçait l’indépendance au-dessus de tout. S’il devait causer le malheur d’une maîtresse, il serait alors dans l’obligation de réparer le préjudice et cela compliquerait sensiblement son existence. C’est pourquoi il avait toujours préféré les liaisons franches, discrètes, sans fard et sans illusion, dénuées de toute visée conjugale. On pouvait lui reprocher d’être un séducteur, un débauché ou un noceur, mais certainement pas un briseur de ménage.

Pour autant, il restait un homme, et n’était pas aveugle aux charmes d’une jolie femme. Catriona surpassait toutes les femmes qu’il avait connues et il se sentait entraîné vers elle comme par une force mystérieuse, même si les circonstances ne jouaient pas en sa faveur. Si par bonheur il réussissait à se faire aimer d’elle, il ferait en sorte d’être le plus discret possible pour ne pas lui causer inutilement du tort, ni à elle ni à son mari. Mais enfin, comment croire que le vieux sergent d’armes pouvait combler une femme aussi sensuelle ? Aidan se sentait tiraillé entre désir et culpabilité, crainte et espoir, mais une certitude primait sur le reste : un jour ou l’autre Catriona serait à lui.

Au même instant, celle-ci se retourna vers lui et tendit les mains pour reprendre son seau. Au lieu de le lui donner, il le posa à terre et prit l’une de ses mains qu’il porta à ses lèvres. Visiblement choquée, elle essaya de la lui retirer, et il la retint fermement.

— Merci, messire, dit-elle sèchement, dans l’espoir qu’il la libérerait.

— A notre prochaine rencontre, belle dame, murmura-t-il d’un ton entendu.

Il déposa un autre baiser sur le dos de sa main, étonnamment douce pour une villageoise, puis la retourna et pressa ses lèvres contre l’intérieur de son poignet, tout aussi divin. Levant les yeux sur elle, il effleura la peau délicate du bout de la langue, là où il sentait battre un pouls fébrile. Ressentait-elle la même attirance que lui ? Elle ouvrit grand les yeux et la bouche et il eut l’impression d’entendre résonner son cri muet.

Il relâcha sa main et, de crainte de ne pas résister à l’envie de les toucher, détourna le regard de sa poitrine étroitement moulée dans l’étoffe fine de sa robe. Un sourire inconscient se dessina sur ses lèvres, tandis qu’il ne pouvait détacher ses yeux de ces fruits délicieux. D’un geste brusque, la jeune femme tira sur son châle pour s’en couvrir les épaules et la gorge. Tiens, tiens… Ainsi, la belle Catriona avait conscience de sa beauté. Peut-être était-elle moins indifférente qu’elle ne voulait le laisser croire, avec ses yeux de glace et son ton tranchant.

Tournant les talons avec un salut respectueux, Aidan retourna le long de la ruelle puis gagna le chemin en direction du puits, notant malgré lui le chemin pour revenir, tous les détails qui lui permettraient de retrouver sa chaumière. Il s’imaginait déjà frappant à sa porte à la tombée du jour. Si seulement il en avait l’audace…

Aidan sentait des frissons lui parcourir le corps, et une curieuse sensation dans le ventre. Que lui arrivait-il ? Il parvenait à imaginer les émotions de cette femme comme par magie. Au rythme de sa seule respiration, il devinait les réactions de son corps !

Quand il arriva au château, un peu calmé, il fit à son père le compte rendu de sa dernière mission. Mais il prêtait à peine attention à ce qu’il disait, car son esprit était encore profondément marqué par la vision enchanteresse de la belle Catriona.

Ses pensées ne le laisseraient donc jamais en paix ? Il sut dès cet instant qu’une seule chose pourrait calmer cette urgence lancinante qui l’habitait. Envers et contre tout, il lui fallait revoir Catriona.

* * *

Incapable de bouger ni de détacher son regard du jeune seigneur qui s’éloignait le long de la ruelle, Catriona restait figée comme une statue. Là où les lèvres et la langue du jeune homme avaient touché son poignet, sa peau la brûlait. Aussi effronté qu’audacieux, Aidan MacLerie l’avait embrassée comme si elle était encore une jeune fille ingénue. Comme si elle n’avait d’autre désir que d’être courtisée par un jeune homme.

Or, ce n’était pas le cas !

Alors, pourquoi ne pouvait-elle s’empêcher de le suivre du regard ? Et pourquoi espérait-elle le voir se retourner une dernière fois vers elle ? En dépit de sa jeunesse, cet homme était un réel danger pour elle. Il avait des yeux de chat aux reflets d’ambre qui vous fixaient et ne vous quittaient plus. C’était le regard de son père, le comte de Douran. Elle n’avait entraperçu le laird qu’une seule fois, mais n’était pas prête d’oublier son magnétisme.

Pour son malheur, elle avait découvert aujourd’hui que son fils aîné avait hérité de la beauté de ses traits, en particulier de ses yeux et de son pouvoir de séduction. A la pensée du jeune homme qui lui avait témoigné tant d’attentions, elle fut parcourue d’un frisson de volupté, mais s’interdit d’en approfondir la cause.

Elle prit le seau là où il l’avait laissé et l’emporta dans sa chaumière. Quand elle eut fermé la porte derrière elle, elle retira son châle et versa une partie de l’eau dans une cruche puis ce qu’il restait, dans le chaudron pendu à la crémaillère. Elle s’affaira frénétiquement dans la pièce, s’efforçant d’ignorer le trouble que cette rencontre avait éveillé en elle, et s’occupa à rassembler les ingrédients du ragoût pour le repas du soir.

Lorsque la viande et les légumes furent dans la marmite, elle retira enfin son fichu et s’autorisa une pause. Alors, assise au coin du feu, elle se mit soudain à rire de sa propre frivolité.

C’était l’ennui qui avait conduit le jeune seigneur à lui faire la cour. Voilà tout. Il n’y avait rien d’autre à comprendre chez ce séducteur invétéré, dont la réputation n’était plus à faire…

Elle était plus âgée que lui, de cinq ou six ans peut-être, et elle était l’épouse d’un homme bon. Quelle importance si elle avait été légèrement troublée par sa présence, après tout ? Elle n’en demeurait pas moins fidèle à Gowan. Elle eut un nouvel éclat de rire en pensant à la scène qu’elle venait de vivre. A la vérité, elle n’avait jamais expérimenté, dans sa triste vie, les fantaisies d’un jeune homme qui n’avait rien de mieux à faire que de la séduire.

Elle ne devait pas donner plus d’importance que nécessaire à ce qui n’avait été qu’un intermède amusant. Un intermède qui avait assez duré.

Son mari était absent et ne rentrerait que le lendemain matin, mais en attendant, elle devait tout de même préparer le repas de leur fils Munro.

* * *

Après avoir accompli ses tâches quotidiennes et dîné en paix, Catriona s’étendit enfin sur sa paillasse, harassée. En attendant que le sommeil l’emporte, elle s’accorda quelques instants de rêverie. Dans une autre vie, qu’il aurait été agréable de recevoir les attentions d’un jeune homme si séduisant ! Elle s’interdit toutefois de songer à rien de plus audacieux que les quelques instants d’émotions qu’elle avait éprouvés en la présence d’un certain seigneur, quelques heures auparavant.

Pour être honnête, elle n’avait aucune raison de se plaindre de son sort, désormais. Sa vie n’était pas plus dure que celle de la plupart des femmes vivant à Lairig Dubh. Gowan, en lui offrant le mariage, l’avait arrachée à l’horrible destin auquel son propre père la condamnait. Il lui avait permis de vivre dans une condition honorable. Il n’était pas exigeant avec elle, aussi n’avait-elle pas à se plaindre de lui. Etant de plus de vingt ans son aîné, il ne désirait pas d’autre enfant et, d’ailleurs, ne réclamait plus sa compagnie au lit depuis déjà longtemps. Avec un fils qui comptait parmi les gens d’armes du laird, Gowan s’estimait satisfait et n’attendait rien de plus de son mariage. Ni progéniture, ni complicité, ni même amour.

Alors pourquoi donc la cour d’Aidan éveillait en elle une pointe amère de regret, en lui rappelant qu’elle n’avait pas connu les joies de la séduction et de la passion ? Elle se montrait décidément bien ingrate envers son époux qui lui avait offert la sécurité. Malgré les reproches de sa raison, lorsqu’elle glissa dans le sommeil, ce fut le visage d’Aidan MacLerie qui apparut sous ses paupières.

Cette nuit-là, Catriona fit des rêves si ardents, si sensuels, qu’elle fut assaillie par sa mauvaise conscience quand, le lendemain, elle reconnut la voix de Gowan qui l’appelait de l’extérieur. Selon son habitude, il la prévenait de son arrivée. Elle se mordit la lèvre, vaguement coupable.

Fort heureusement, le retour de son mari rétablit l’existence dans sa monotonie quotidienne. Si bien qu’au cours des quinze jours qui suivirent, elle oublia le regard que le jeune seigneur avait posé sur elle.

Enfin, presque…

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