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RENOIR. Essaie du Molière. La recette est infaillible.
BOVERIO. Je ne sais quelle mouche les piques, aujourd'hui ! L'heure de la répétition est passée de cinq minutes et il est tous encore à discuter dans l'escalier.
MARTHE. Je les ai déjà sonnés trois fois.
RENOIR. Essaie du Molière. Toutes les fois où l'on récite du Molière, sur une scène, les comédiens, où qu'ils soient dans le théâtre, l'entendent, et ils arrivent. J'en ai fait souvent l'expérience, même au boulevard. Cela entre dans les loges. Cela bat tous les timbres.
RENOIR. Je crois qu'ils attendent Jouvet.
BOVERIO. Tu vas voir s'ils l'attendent, quand ils sauront que Molière est là. Tu devines quelle pièce nous prenons, n'est-ce pas, Boverio ?
BOVERIO. Évidemment. Le début de l'Impromptu de Versailles. C'est de circonstance.
RENOIR. Tu n'as pas comme moi l'impression, quand tu entends cet appel d'outre-tombe, que tous les comédiens du monde vont arriver, qu'ils arrivent ?
BOVERIO. On peut toujours faire l'expérience.
MARTHE. Nous vous donnons la réplique.
RENOIR, déclamant. « Allons donc, Messieurs et Mesdames, vous moquez-vous avec votre longueur, et ne voulez-vous pas venir ici ? La peste soit des gens ! Holà, Monsieur de Brécourt ! »
BOVERIO, donnant la réplique. « Quoi ? »
MARTHE. Absent, Brécourt.
RENOIR. « Monsieur de la Grange ! »
BOVERIO. « Qu'est-ce que c'est ? » Il s'en fiche, M. de la Grange !
RENOIR. « Mademoiselle Béjart ? »
MARTHE. « Hé bien ! » Elle est au cinéma, M lle Béjart.
RENOIR. Ne t'inquiète pas. Elle vient. « Je crois que je deviendrai fou avec tous ces gens-ci. Et tête bleue, Messieurs ! Me voulez-vous faire enrager aujourd'hui. »
Afficher en entierDans ce pays qui a tant de journalistes et pas de presse, qui a la liberté et si peu d'hommes libres, où la justice appartient chaque jour un peu moins aux juges et un peu plus aux avocats, quelle autre voix te reste que la nôtre ? La tribune ? Il n'y a plus d'orateur là où le théâtre est enroué ! Tandis que rien n'est perdu si chaque soir le parvenu, le concussionnaire, le cuistre doit se dire : Tout irait bien, mais il y a le théâtre, et si l'adolescent, le savant, le ménage modeste, le ménage brillant, celui que la vie a déçu, celui qui espère en la vie, se dit : Tout irait mal, mais il y a le théâtre !
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