L'Instant d'une vie

L’instant d’une vie de Sylvie Schenk

Il est des livres qui vous touche au cœur et vous emporte dans des émotions et des ressentis troublants. L’instant d’une vie fait partie de ceux là. L’auteur vous prend par la main et déroule pour nous son enfance, son adolescence, ses amours en un mot sa vie. Comme des flashbacks lumineux d’où elle aurait choisit les moments les plus marquants. Ses rencontres, ses amours, sa famille tout est abordé avec sincérité comme un témoignage d’une époque révolue. L’auteur est une femme et son personnage principal Louise nous parle de l’identité féminine et de comment elle s’est construite. L’enfance est abordée et avec elle les multiples blessures qu’elle subit en voyant la relation pas toujours heureuse de sa mère et son père. L’amour des livres et de l’écriture sont distillés tout au long du livre par le biais d’œuvres de références qui nous ont touchés, Duras, Céline. Un livre court qui se lit d’une traite et nous fait faire un retour dans les années 50. Des années d’après guerre où la rencontre avec un jeune allemand venu faire ses études à Lyon sera déterminante. Le sujet de la réconciliation entre la France et l’Allemagne est grandement abordé au travers d’une histoire personnelle. On ressent le poids de la culpabilité qui pèse sur les générations qui viennent juste après la guerre et pourtant est-on responsable de ce qu’on fait nos parents ? La question est posée tout en retenue on passe ainsi de la sphère privée à l’Histoire de nos deux pays. Les chapitres sont courts et s’enchaînent la rencontre avec le personnage d’Henri est intense. J’ai aussi apprécié les derniers chapitres qui sont consacrés à l’enfance de Johann et apporte un éclairage tout particulier à sa vie. Un instant de vie est un superbe livre qui m’a souvent émue et fait voyager dans les souvenirs de ma propre famille. Bonne lecture.

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https://mademoisellemaeve.wordpress.com/2019/05/08/linstant-dune-vie-sylvie-schenk/

Ce qui est bien avec le blog, c’est que j’ai appris à ne pas m’arrêter à une première impression. La littérature allemande n’était pas du tout mon truc et j’avais tendance à reposer un livre après avoir découvert que l’auteur était Allemand. Pareil pour les romans traitant de la Seconde Guerre mondiale, un sujet sensible.

Et pourtant, une partie de mes coups de cœur sont des livres allemands et une autre des romans sur la Seconde Guerre mondiale. Comme quoi, c’est intéressant d’aller au-delà de ses préjugés.

L’instant d’une vie de Sylvie Schenk n’est ni un roman allemand, ni un roman sur la Seconde Guerre mondiale, alors pourquoi cette introduction ? Parce que L’instant d’une vie est presque un roman allemand et presque un roman sur la Seconde Guerre mondiale.

Comme son héroïne Louise, Sylvie Schenk a quitté la France pour s’installer en Allemagne. Et son roman a eu un grand succès là-bas. Et si L’instant d’une vie ne se déroule pas pendant la Seconde Guerre mondiale, elle est très présente dans l’histoire. Elle vient de se terminer et les cicatrices sont encore fraîches. Certains camarades de Louise ont perdu leurs parents, d’autres ont eu la chance de voir revenir leurs pères, mais ils sont revenus avec la haine des Allemands.

Louise quitte son petit village des Alpes à dix-huit ans pour aller étudier à Lyon. Elle y fait la connaissance de jeunes dont Henri, pianiste de jazz qui la subjugue. Mais leur idylle ne dure pas, elle n’est pas assez politisée pour lui. Il faut dire que Louise est discrète et peu intéressée par ce qui anime Henri. Elle finit par tomber sous le charme d’un autre jeune du groupe, Johann et le suit en Allemagne. Sa famille n’est pas très heureuse de cette alliance et au contraire, la famille de Johann l’accueille à bras ouverts.

Ce roman raconte cette période d’après guerre du point de vue d’une jeune femme discrète et douce, à laquelle toutes les femmes peuvent s’identifier. C’est intéressant de découvrir la situation à travers ses yeux, notamment le poids du passé et l’envie d’avancer. On fait aussi connaissance avec une bande d’étudiants qui vivent leur jeunesse avec plus ou moins de légèreté. C’est un joli instantané d’une époque, un Instant d’une vie, tout en douceur.

Je conseille ce roman à tou.te.s les germanophiles et celles et ceux qui s’intéressent à l’après Seconde Guerre mondiale et la manière dont les Allemand.e.s ont eu à accepter leur Histoire.

Années 60. Louise est une jeune Savoyarde qui va faire des études à Lyon. Elle rencontre un groupe d’amis hétéroclites. Parmi eux, Henri, dont les parents ont été exécutés par la Gestapo, et Johann, un jeune Allemand francophile venu faire ses études en France dans le cadre de la nouvelle politique de promotion de l’amitié franco-allemande. Les crimes nazis ne sont pas si loin et chacun des deux jeunes hommes dont faire face au poids du passé familial…

Louise est une jeune française à laquelle on peut facilement s’identifier. Eprise d’indépendance, elle fait fi de l’opposition de sa famille et choisit d’épouser un Allemand. Le roman est découpé en tout petits chapitres, qui chacun dépeignent une facette de la vie de Louise.

En tant que germanophile, ayant le bac allemand, j’ai été ravie de lire une histoire qui se concentre sur la manière dont on a pu percevoir les Allemand.e.s au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et dont les Allemand.e.s eux-mêmes « digèrent » leur Histoire et font face à une hostilité compréhensible sans doute, mais injuste envers des générations innocentes.

C’est une problématique passionnante et toujours d’actualité, qui peut également se transposer à d’autres pays, notamment via les conséquences du colonialisme.

La plume est ciselée, très jolie. La narration est à la deuxième personne du singulier, ce à quoi on se fait très rapidement.

Ce court roman sur notre Histoire récente me marquera sans doute quelques temps, tant il fait écho à des thèmes qui me sont chers. Merci beaucoup à Slatkine et Cie pour l’envoi de ce livre !