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Parvenu dans l'île du bout du monde, Hermès sortit de la mer aux-mauves-reflets et gagna la terre ferme. Il se dirigea vers la grande caverne où demeurait la nymphe aux-belles-boucles. Il la trouva à l'intérieur. Sur le foyer brûlait un grand feu : en se consumant, le cèdre et le tendre thuya parfumaient l'île entière. Calypso était là, chantant de sa voix mélodieuse et tissant une toile avec une navette d'or.
Autour de la caverne s'étendait une forêt luxuriante, composée d'aulnes, de peupliers et de cyprès odorants.
Là venaient nicher les oiseaux aux ailes vives : chouettes, éperviers et criardes corneilles, qui vont s'ébattre sur les flots.
A l'entrée de la profonde caverne, une jeune vigne déployait ses rameaux chargés de grappes de raisin. Tout près d'elle, presque côte à côte, jaillissaient quatre sources dont les eaux limpides couraient ici et là. Les alentours étaient parsemés de tendres bouquets de violettes et de persil, et ce spectacle aurait réjoui n’importe quel Immortel abordant en ces lieux.
Extrait : Chant V
(Chez Calypso)
Afficher en entier''Bois donc ce vin, Cyclope, pour mieux digérer toutes ces chairs humaines. Tu sauras ainsi quelle boisson renfermait notre navire. Je te l'aurais offert en libation, si tu avais eu pitié de moi et favorisé mon retour. Mais ta folie dépasse les bornes, malheureux ! Qui pourra désormais venir chez toi, quand on saura comment tu t'es conduit ?''
A ces mots, il prit la coupe de vin et la vida d'un trait. Le doux breuvage lui plut tellement qu'il en réclama :
''Sois gentil, donne-m'en encore, et puis dis-moi ton nom : je te ferai plaisir en t'offrant un cadeau d'hospitalité. La vigne qui pousse sur la terre à blé des Cyclopes produit de belles grappes de raisin, grossies par la pluie de Zeus ; mais ça, c'est un extrait d'ambroisie, un pur nectar !''
A ces mots, je lui versai une nouvelle rasade de mon vin couleur-de-feu ! Mais dès que le vin eut troublé son esprit, je lui tins ce discours enrobé de miel :
''Cyclope, puisque tu veux savoir mon nom illustre, je vais te le dire ; mais toi, donne-moi un cadeau d'hospitalité, comme tu me l'as promis. Personne, oui, c'est ainsi que m'appellent ma mère, mon père ainsi que tous mes amis.''
Je dis ; et ce cœur impitoyable me répondit :
''Eh bien, je mangerai Personne en dernier, après tous ses compagnons : les autres passeront avant toi, voilà ce que j'ai à t'offrir.''
Puis il chancela et tomba à la renverse ; son cou énorme s'inclina, et le sommeil le terrassa.
[...] Quand le pieu d'olivier fut sur le point de brûler -le bois, quoique vert, lançait déjà des flammes-, je le retirai du feu. Mes compagnons firent cercle autour de moi ; une divinité leur avait insufflé un grand courage, si bien qu'ils saisirent le pieu aiguisé par le bout et l'enfoncèrent dans l’œil du Cyclope.
[...] Il hurla comme une bête fauve : les roches alentour retentirent. Épouvantés, nous avions reculé au fond de la caverne, tandis qu'il arrachait de son œil le pieu trempé de sang et qu'il le rejetait au loin, d'un geste affolé.
A grands cris il appela les Cyclopes qui habitaient dans les grottes des alentours, sur les cimes battues des vents. Ameutés par ces cris, ceux-ci accoururent de tous côtés et, restés à l'extérieur de la caverne, lui demandèrent quel était son mal :
''Pourquoi donc, Polyphème, pousses-tu ces hurlements de douleur dans la nuit divine ? Pourquoi troubles-tu ainsi notre sommeil ? Chercherait-on à voler ton troupeau ? Chercherait-on à porter atteinte à ta personne par la force ou la ruse ?''
Du fond de son antre, le puissant Polyphème leur répondit :
''C'est par la ruse, et non par la force, qu'on veut me tuer, mes amis, et c'est l’œuvre de Personne.''
Ceux-ci lui adressèrent alors ces mots ailés :
''Si tu es seul et que personne ne te fait violence, nous ne pouvons rien contre la maladie que t'envoie le grand Zeus. Adresse plutôt tes prières à Poséidon, ton père souverain.''
Sur ces mots, ils s'éloignèrent ; et moi je riais en moi-même : ce nom de Personne et ma personne avisée les avaient bien trompés !
Extrait : Chant IX
(Ulysse chez le Cyclope Polyphème)
Afficher en entier"Le Choeur.-Viens ici ! Viens à nous ! Ulysse tant vanté! l'honneur de l'Achaïe !...Arrête ton croiseur : viens écouter nos voix ! jamais un noir vaisseau n'a doublé notre cap, sans ouïr les doux airs qui sortent de nos lèvres; puis on s'en va content et plus riche en savoir, car nous savons les maux, tous les maux que les dieux, dans les champs de Troade, ont infligés aux gens et d'Argos et de Troie, et nous savons aussi tout ce que voit passer la terre nourricière. Elles chantaient ainsi et leurs voix admirables me remplissaient le coeur du désir d'écouter."
Afficher en entierDis-moi, Muse, cet homme subtil qui erra si longtemps, après qu'il eut renversé la citadelle sacrée de Troiè. Et il vit les cités de peuples nombreux, et il connut leur esprit ; et, dans son coeur, il endura beaucoup de maux, sur la mer, pour sa propre vie et le retour de ses compagnons Mais il ne les sauva point, contre son désir ; et ils périrent par leur impiété, les insensés ! ayant mangé les boeufs de Hèlios Hypérionade. Et ce dernier leur ravit l'heure du retour. Dis-moi une partie de ces choses, Déesse, fille de Zeus. Tous ceux qui avaient évité la noire mort, échappés de la guerre et de la mer, étaient rentrés dans leurs demeures ; mais Odysseus restait seul, loin de son pays et de sa femme, et la vénérable Nymphe Kalypsô, la très-noble déesse, le retenait dans ses grottes creuses, le désirant pour mari.
Afficher en entier(...) Et moi si je suis morte, ce n'est pas autrement que j'ai subi le sort. Ce n'est pas la langueur, ce n'est pas le tourment de quelque maladie qui me fit rendre l'âme : c'est le regret de toi, c'est le souci de toi, c'est, ô mon noble Ulysse ! c'est ta tendresse même qui m'arracha la vie à la douceur de miel.
Elle disait et moi, à force d'y penser, je n'avais qu'un désir : serrer entre mes bras l'ombre de feu ma mère... Trois fois, je m'élançai ; tout mon coeur la voulait. Trois fois, entre mes mains, ce ne fut plus qu'une ombre ou qu'un songe envolé. L'angoisse me poignait plus avant dans le coeur.
Je lui dis, élevant la voix, ces mots ailés :
- Mère, pourquoi me fuir, lorsque je veux te prendre ? que, du moins chez Hadès, nous tenant embrassés, nous goûtions, à nous deux, le frisson des sanglots
Afficher en entier[Ménélas] "Il disait et mon coeur éclata : pour pleurer, je m'assis dans les sables ; je ne voulais plus vivre ; je ne voulais plus voir la clarté du soleil ; je pleurais, me roulais ; enfin j'usai ma peine, et le Vieux de la Mer, le prophète reprit :
PROTÉE. - Tu n'as plus, fils d'Atrée, de temps à perdre ainsi ; ce n'est pas en pleurant qu'on trouve le remède ; il te faut au plus vite essayer de rentrer au pays de tes pères ; tu pourras y trouver Egisthe encor vivant ou si, te prévenant, Oreste l'a tué, tu seras là, du moins, pour le destin funèbre
Afficher en entierA tant de menteries, comme il savait donner l'apparence du vrai ! Pénélope écoutait, et larmes de couler, et visage de fondre : vous avez vu l'Euros, à la fonte des neiges, fondre sur les grands monts qu'à monceaux, le Zéphyr a chargés de frimas, et la fonte gonfler le courant des rivières ; telles ses belles joues paraissaient fondre en larmes ; elle pleurait l'époux qu'elle avait auprès d'elle ! Le coeur plein de pitié, Ulysse contemplait la douleur de sa femme ; mais, sans un tremblement des cils, ses yeux semblaient de la corne ou du fer ; pour sa ruse, il fallait qu'il lui cachât ses larmes. Quand elle eut épuisé les sanglots et les pleurs, elle dit, [...].
Afficher en entierC'est le regret, c'est le souci de toi, mon noble Ulysse, c'est mon amour pour toi qui m'ont ôté la douce vie.
Afficher en entierLa prudence, jointe à la valeur, triomphe des plus grands obstacles.
Afficher en entierLes dieux n'accordent pas mêmes faveurs à tous les hommes, la taille, le sens, l'éloquence. L'un a moins belle apparence, mais le dieu met une couronne de beauté sur ses paroles (...). Un autre est une beauté comparable aux Immortels, mais la grâce ne couronne pas ses paroles.
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