Commentaires

Ce livre est-il de la « science-fiction » comme l’ensemble des sites semblent l’indiquer (voir le Wikipédia français par exemple) ? Il est vrai que l’action se déroule en 1959 alors que la rédaction date de 1955. Néanmoins, le Bevatron a été lancé en 1954 en Californie à Berkeley (il est appelé bévatron et se situe à Belmont dans le récit). Philip K. Dick ne fait qu’utiliser une technologie qui existe donc à son époque. Où se trouve dans ce cas la science du futur ? Ce qui se passe à la suite de l’accident relève plus du fantastique (apparition d’éléments fantasmagoriques dans un environnement conforme au nôtre). Un chapitre fait aussi appel à des mécanismes liés au genre « horreur ». Bien sûr, que l’on qualifie « L’Œil dans le ciel » de roman de science-fiction ou de fantastique ne change en rien la qualité (bonne ou mauvaise) de l’œuvre !

Que vaut-elle, selon moi ? Mon jugement est nuancé, car j’ai apprécié certaines parties et détesté celle qui se focalise sur une religion monothéiste. Je suis conscient que le fait d’avoir été forcé dans mon enfance à assister à des messes catholiques rejaillit parfois. Fier d’être athée, je fuis les romans abordant les religions monothéistes qui imposent leurs concepts en guise de morale. Comme je ne consulte que très rarement les critiques ou les synopsis avant d’entamer une lecture, je ne suis pas à l’abri de ce genre de désagrément.

Pour finir, la traduction comprend quelques maladresses. J’ai pu retrouver ces répétitions :

« elle le fixa, et sourit d’un sourire pâle et incolore. »

« — Notre bonne vieille maison. Tout comme elle était avant que tout commence.

Commençant à déboutonner son manteau[…] ».

Commençant comme un glissement progressif dans une autre dimension, jouant sur les simulacres et la perception, le roman devient petit à petit une sorte de course-poursuite au rythme augmentant au fur et à mesure que les huit passent d'une réalité à l'autre, un peu comme des Sliders maudits. Au passage, on découvre les travers de chacun, leurs pensées les plus profondes, leur vision restreinte d'un monde qu'ils rejettent, d'une façon ou d'une autre.

Ca s'accélère tant qu'on sent bien qu'on ne se fera pas les huit univers les uns derrière les autres. Et puis, sous les réflexions de Jack, il y a cet humour constant, parfois malsain, qui dégoupille souvent la tension. On ne parvient pas à s'inquiéter et on traverse les univers entre amusement et inquiétude.

Difficile de décider si le livre est vraiment abouti, d'autant que la fin est vraiment décevante. L'impression de s'être fait avoir.

On retrouve dans ce roman les ingrédients chers à l'auteur. La perception personnelle du monde, les univers parallèles, la paranoïa, un soupçon d'anticapitalisme. Mais au final, même s'ils se lit facilement, je ne gardrai pas un grand souvenir de ce texte. PK Dick, malgré l'intérêt de l'intrigue et de ses leviers, semble un peu dépassé et même par moment pressé d'en finir de ce roman. Un goût d'inachevé. Comme si l'auteur s'était lancé dans une grande histoire complexe pour ensuite baisser les bras en cours de route et finir laborieusement comme pour s'en débarrasser.

Dommage.