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Ainsi, une nouvelle ambiance avait été créée et, le travail terminé, les maîtres furent heureux de contempler le vaste lieu qu’ils possédaient en réalité ; à n’en pas douter, ils allaient impressionner. Et leurs tenues n’étaient pas sans ajouter à ce faste. La dame, aidée par les deux domestiques pour l’occasion, avait choisi de porter une robe d’un bleu profond qui s’accordait admirablement avec sa chevelure rousse, nouée en une belle natte et relevée élégamment en cercle autour de sa tête. Les servantes l’avaient ensuite parée de ses plus beaux bijoux argentés et lui avaient apporté les gants de soie bleue qu’elle adorait. Edgar, son mari, ne fut aidé que de lui-même pour sortir son costume des grandes occasions et sa plus belle cravate. Quant à ses enfants, ils ne demandèrent aucun soutien. Duncan s’habilla fort simplement et ajouta à sa tenue son nœud papillon rouge préféré. Pour le reste, il laissait agir son charme naturel, disait-il, ravageur, et sur lequel sa sœur ne manquait pas de taquiner, surtout lorsqu’il renonçait à nouer ses ondulants cheveux noirs. Quant à elle, vêtue d’une robe rouge pâle parsemée de dentelles, avec, pour seuls bijoux, un bracelet argenté à peine retenu sur son poignet et un camé autour du cou, elle lissa les siens, d’un bel auburn, et les releva en un chignon élégant duquel elle laissa échapper quelques mèches rebelles. De cette manière, Roger et le dernier employé furent libérés de leurs tâches et purent s’occuper tranquillement des derniers préparatifs, avant l’arrivée des invités.
Les premiers à se présenter furent ceux de la famille Dashwood, dont le gentilhomme, John de son prénom, vivait à Rievaulx avec sa femme, Bessie, et ses deux enfants, Charlotte, âgée de huit ans et Rudolph, âgé de cinq ans. Ils étaient tous d’élégante allure et les parents étaient réputés dans tout le voisinage comme de riches personnes influentes, mais peu aimés de la population et des commerçants qui les entouraient. Katarina et Duncan ne les appréciaient absolument pas, mais faisaient les efforts nécessaires de politesse et de bonne entente pour ne pas froisser leurs parents.
On les conduisit alors au salon où ils furent bientôt rejoints par d’autres familles telles que les Rainsway, les Herbert et les Mainsworth, toutes issues des grands cercles mondains. Leurs oncles et tantes ne tardèrent guère à faire leur entrée eux aussi. Tante Rosalie Sappleton et tante Mary Kingsley discutèrent aussitôt ensemble, tout comme leurs maris respectifs, Oscar Sappleton et Horace Kingsley, frère d’Edgar, qui plaisantaient déjà avec les autres invités. Bientôt, le salon fut comble et on attendit dans une folle impatience les amis français qui n’étaient pas encore arrivés. Pour patienter, on discuta dès lors de la santé de l’un, des vacances de l’autre, vantant les mérites des uns, renchérissant sur les valeurs des autres, plaignant parfois les voisins de leurs malheurs, avant de montrer que, chez soi, c’était bien pire ; et ce, jouant toujours de maintes expressions toutes trouvées qu’il convenait de placer de temps à autre.
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