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Où suis-je ?
Qui suis-je ?
Des étoiles tournaient dans la clarté d’un ciel nocturne. Au milieu de toute cette noirceur saupoudrée d’argent, une constellation était clairement visible, le Vaisseau de Sirio, trois étoiles alignées en ligne droite. En s’orientant sur elles, il vit au nord le Fulmar qui volait au-devant, vers l’Étoile du Navigateur, la lumière la plus éclatante du ciel. En se retournant, il repéra l’Étalon et les Gémeaux, entre deux hautes silhouettes de pics, et, à l’ouest, les dessins complexes de la Fileuse et de l’Archer. Un mince croissant de lune reposait entre les pattes du Grand Félin. Elle se coucherait bientôt, les étoiles continueraient de tourner et l’aube lui révélerait où il se trouvait.
Il le soupçonnait déjà. Il avait traversé trop d’océans en étudiant trop d’étoiles pendant trop d’années pour être jamais complètement perdu dans le monde d’Elda.
Il savait donc qu’il se trouvait quelque part aux confins du continent austral. Même sans les étoiles, il y avait d’autres signes. Le sable volcanique crissait sous ses pieds nus. L’air sec sentait le soufre et murmurait contre sa peau, doux comme une caresse de femme. En fronçant les sourcils, il se palpa. Pourquoi était-il nu ? Nu, dans un désert istrien, quelque part au pied d’un haut volcan ?
Il fouilla sa mémoire, qui lui concéda quelques minuscules mais précieux détails.
Afficher en entierEt quelque chose de pointu lui rentra dans le dos. « Tu crois que tu vas faire un peu de pillage, mon gars ? » Il se retourna avec lenteur. La pointe de la dague vint lui piquer la poitrine, tenue par un homme aux lourdes bajoues dont les yeux étincelaient de malveillance
Afficher en entierSaro glissa avec maladresse au bas de sa monture et courut s’agenouiller près du sorcier. Les yeux de Virelai étaient clos. Sa bouche était ouverte, mais il n’en émanait aucun souffle. Il y avait une meurtrissure pourpre et une blessure aux lèvres déchiquetées sur la tempe blanche. Mais lorsque Saro examina l’endroit avec plus d’attention, il ne trouva pas de sang,
Afficher en entierAu milieu du tumulte qui s’ensuivit, quelqu’un arracha le sac qui recouvrait la tête de Saro. « C’est le fils Vingo ! » entendit-il s’écrier une triomphale voix d’homme ; il y eut ensuite d’autres bruits chaotiques : le grincement et le cliquetis des épées, les chocs sourds des pieds et des sabots, l’impact des flèches qui trouvaient leurs cibles, les cris mêlés d’agonie et de furie meurtrière
Afficher en entierBien des heures plus tard, ils atteignirent la falaise de glace et se préparèrent à trouver encore un autre panorama d’infinie blancheur. Mais une fois contourné le versant occidental de la falaise, un autre univers surgit : un paysage entièrement composé de glace – mais quelle remarquable glace !
Afficher en entierMais alors même qu’il ne pouvait les regarder, il savait, comme s’il avait eu une pierre aimantée dans le crâne, que l’Étoile du Navigateur se trouvait juste au-dessus de leur tête, et qu’ils se trouvaient aussi loin au nord qu’il était possible de se rendre.
Afficher en entierElle n’avait jamais auparavant voyagé dans une cale, et elle ne l’appréciait pas du tout. Elle était habituée à se tenir sur le pont, dans les éléments, face à l’écume des vagues et aux nuages qui filaient dans le ciel, au soleil qui étincelait sur l’eau et à la voile qui se gonflait comme du linge mis à sécher dehors.
Afficher en entierAvoir été capturée était déjà assez révoltant, se faire manipuler par ces hommes était une humiliation, savoir qu’elles étaient vaincues et sans contrôle aucun sur leur sort était accablant. Mais des larmes n’aideraient personne ; et puis, elle ne laisserait aucune des autres la voir pleurer. Elle verrouilla cette partie de son être en se concentrant sur le fait d’être vivante et relativement intacte, même confinée dans cet espace étroit et malodorant, troussée comme un poulet dans le ventre d’un baquet istrien mal construit, en route vers un destin moins que plaisant
Afficher en entierDans les cales, la puanteur devenait intolérable. Bréta-la-Grosse avait encore vomi, si affaiblie qu’elle n’avait pu nettoyer la jupe de sa robe. Ses pleurs étaient ponctués par ses vomissements, des bruits désolants. À ce rythme, songeait Katla, entre larmes et vomissements, Bréta ne serait plus que l’ombre d’elle-même lorsqu’elles arriveraient dans un port istrien, si jamais elles se rendaient jusque-là
Afficher en entierEt ensuite, il irait voir combien ça lui coûterait en pots-de-vin pour devenir sergent. Ça vaudrait le coup, juste pour voir la tête de Tilo quand il se ramènerait avec les galons rouges sur le bras, lui aussi. Espèce de bâtard prétentieux, était-il en train de penser lorsque la flèche lui transperça la gorge
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