Extraits

Quelle était cette richesse que l'or allait lui procurer ? Qu'allait-elle lui donner qui justifie l'esclavage dans lequel elle allait le plonger ?

La liberté faisait partie de ces terres. Continuer à vivre ici sans pouvoir en jouir revenait à regarder les yeux fermés ou à écouter en se bouchant les oreilles.

Il avait couru à la recherche d'un trésor sans s'apercevoir de celui qu'il avait déjà découvert. Un trésor incomparable car personne ne pourrait jamais le lui prendre. En arpentant ces terres de silence et de réflexion, il s'était découvert lui-même et avait trouvé l'harmonie que procure la vie au sein d'une nature inviolée.

Il examinait le coteau éventré et fit frappé par l'impression que dégageait maintenant ce paysage. Il n'était plus un vallon renfermant un trésor mais le symbole d'une nature sauvage qu'il avait profanée. Il avait la sensation d'avoir violé l'endroit. Il hurla de joie et ce hurlement était celui d'un nouveau-né expirant l'air de ses petits poumons pour la première fois. Il renaissait.

Cette petite fortune allait le lettre à l'abri du besoin. Cet hiver, il n'aurait pas à chasser pour gagner de l'argent et, quand il se rendrait à Dawson, il pourrait tout acheter, offrir du champagne et se payer la plus belle chambre de la ville.

Mais il n'était pas pressé. La plus belle chambre était celle-là. Un plafond de ciel bleu, des murs de montagne, un plancher d'alpage et, pour porte, l'ouverture vers la vallée de Varigai. Il n'avait pas besoin de musique. Il avait le chant des loups. Pas besoin de champagne pour s'enivrer ; ici, tout l'enivrait, les grandes courses avec les chiens, la luminescence des aurores boréales, le parfum de la viande grillée sur le feu, la douceur d'une fourrure de chien, mais surtout le souvenir d'un regard. Celui qui portait en lui tout la majesté du Grand Nord, sa pureté, sa profondeur, son passé, sa richesse.