La Fabrique des souvenirs

Joli roman sur les souvenirs mais aussi sur l'amitié et l'amour qui peuvent sauver. Bonne idée sur le fait qu'on puisse enregistrer ses souvenirs pour les revoir... Ou les vendre

J'ai découvert ce livre tout à fait par hasard, dans une librairie à Arcachon, et le titre avait attisé ma curiosité. Le résumé encore plus ensuite, moi qui adore les romans un peu fantastiques, dystopiques, et ici ce roman nous plonge dans une société régie par la nostalgie, où les souvenirs sont commercialisés pour être revisionnés autant de fois qu'on le souhaite. J'adore le principe, et je n'ai pas été déçue du roman ! Le scénario est bien construit, on s'attache aux personnages, et on ne retrouve dans une enquête romantique, où notre personnage principal, Gabriel, tombe amoureux d'une violoncelliste d'un autre temps. Il fait tout pour la retrouver dans un maximum de souvenirs, savoir ce qu'il lui est arrivé...

Je m'attendais un peu à la fin tout de même, on se doute que le second personnage que nous suivons en parallèle n'est pas là par hasard, mais c'est une belle histoire, une ode à l'art et à la création, une belle quête de soi pour les personnages et un rappel que la vie se passe dans le moment présent, et qu'il faut laisser le passé au passé... Je le recommande vraiment !

Je n'avais aucune attente en commençant ce roman à part celle de la promesse de la 4eme de couverture : les souvenirs peuvent se revendre, et un nouveau pan de la reconstitution historique s'offre à nous.

Gabriel achète un souvenir de la première représentation de Phèdre en 1942. Et il tombe alors amoureux d'une nuque, celle de la femme assise devant lui. Il n'a alors de cesse de la retrouver. Même si elle a l'age d'être son arrière-grand-mère.

Ce roman est l'histoire d'une quête obsessionnelle pour retrouver une femme, connaitre tout d'elle, de son histoire, de sa vie, de sa mort. Mais c'est aussi en parallèle l'histoire d'une bande d'amis trentenaires qui font tout pour aider l'un des leurs à sortir de son obsession.

Richement référencé en musique et en littérature, on voyage aussi bien dans les rues de Paris que dans celles de New-York, en Californie ou en Bourgogne, sur les traces de celle pour qui tout à commencé. Et c'est savoureux.

Bon, tout d'abord, je dois dire que j'ai beaucoup aimé le concept du bouquin. Un projet scientifique a permis de matérialiser les souvenirs des gens. On peut désormais acheter et vendre ses souvenirs à des ventes aux enchères.

En plus de ça, l'intrigue est amenée dans le milieu du théâtre, un monde assez atypique, et qui fait un très bon décor pour ce type de roman. Autant dire qu'on partait bien !

Et pourtant, pour moi, c'est un flop.

L'histoire développée ne m'a pas du tout convaincue. Déjà, j'ai du mal à voir la vraisemblance d'un mec qui se dit être tombé amoureux d'une nuque d'une femme sûrement morte depuis belle lurette. C'est une obsession bien théâtrale, oui, mais qui n'a pour moi aucun sens.

Mais bon, soit, admettons. Sauf que l'histoire qui en découle n'a rien de bien passionnant. Elle est convenue, ultra prévisible, et est construite par de nombreuses facilités scénaristiques. On se retrouve à découvrir l'histoire de cette femme, et on ne va pas vraiment plus loin.

Et au vu du concept du bouquin, c'est plutôt décevant, parce que l'auteure aurait pu aller beaucoup plus loin. Dommage.

« Memory Project avait été conçu dans les années quatre-vingt-dix par Charles Aubert, un chercheur français en neurosciences, qui réussit l’exploit de décrypter, d’encoder et d’exporter sur un support électronique ce qu’un individu voit, entend, pense ou ressent, d’extraire de son cerveau ce qui était jusqu’alors instransmissible : ses souvenirs. »

‼️Génial ce concept, non ? Enregistrer nos souvenirs, les vendre et les partager au monde entier ! Nos chers réseaux sociaux rêveraient d’exploiter cette innovante technologie !

Mais … car oui il y a un mais … l’accès aux souvenirs d’autrui n’est pas sans risque : fouiller un passé qui ne vous appartient pas peut aussi vous mener sur des chemins sinueux inattendus … et Gabriel, jeune trentenaire rêveur et passionné, ne s’attendait pas en achetant aux enchères ce souvenir de 1942 : première représentation théâtrale, de Phèdre à la Comédie Française, à cet immense bouleversement dans sa vie …

Muni de son casque high-tech, ce n’est pas l’atmosphère étrange de cette représentation en pleine période de guerre qui le trouble … c’est cette nuque dénudée .. là quelques rangs devant … coup de foudre !

💬 L’invention d’un concept génial et un roman à sa hauteur !

Un très bel OLNI : roman contemporain (et non d’anticipation !) intégrant subtilement dans son histoire une nouvelle technologie.

Très créative et joueuse, Clélia Renucci s’amuse à casser les codes de la littérature blanche traditionnelle et invente une nouvelle histoire à notre société actuelle déjà ultra-connectée.

La plume moderne et cinématographique souffle toute sa force à ce roman très vivant ; la musique omniprésente donne le rythme et les multiples références autant musicales que culturelles passionneront les amateurs.

Enfin voilà, ma plume enthousiaste est élogieuse parce que, vraiment, il y a du génie dans cette histoire d’amour impossible (joli parallèle soit dit en passant à Phèdre !). Il y a aussi un remarquable tableau de notre société et de celle d’hier et en son centre, de notre mémoire individuelle … et collective …