Extraits

Zelda était hors d'elle.

-Pourquoi as-tu freiné ? A la vitesse où nous roulions, il ne nous aurait jamais rattrapés !

-Il aurait prévenu ses collègues par téléphone. Ou il aurait tiré des coups de revolver dans les pneus.

-Dans l'état où ils sont, ils ne risquaient pas grand-chose.

-Si on campait ici ? a proposé Zelda d'une voix rêveuse.

-Pourquoi pas ? Je vais renverser la voiture. On dormira dessous.

-Et si tu construisais quelque chose ? Sors les outils du coffre, et construis-nous une maison. Est-ce possible avec une clef à molette ? Remarque, tu as aussi un cric rouillé.

-Comment peux-tu éclater de rire dans un moment pareil ? ai-je demandé à Zelda.

Elle était à deux doigts de recommencer.

-C'était tellement ridicule, cette roue qui volait, nous qui sautions sur place, et toi qui tirais sur le frein à main, en hurlant : "Tout va sauter."

-Et tu trouves ça drôle ? Imagine que j'aie éclaté de rire, moi aussi, et que personne n'ait tiré le frein à main, où en serions-nous ?

-Au même point.

-Sûrement pas.

-Mais si. Le garçon l'a dit.

-Quel garçon ?

-Le conscrit.

-Quand ça ?

-A l'instant. Il t'a expliqué que le câble du frein à main se rompait automatiquement quand une roue se détachait. Tu aurais mieux fait de rire avec moi.

-Sur le principe, j'avais raison.