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— Excuse-moi, ô Éternel, Seigneur Très-Haut, mais vraiment, je ne suis pas doué pour les discours. Je parle lentement, j’hésite, je bégaie, c’est comme ça depuis toujours, depuis que je suis un enfant. Crois-moi, ça ne date pas d’hier, ni d’aujourd’hui, ce n’est pas un prétexte.
Mais l’Éternel balaya l’argument.
— Crois-tu que je ne sache pas ce que font les hommes avec leur bouche ? N’est-ce pas moi qui les ai créés ? Les hommes naissent, ils entendent ou sont muets, ils voient ou sont aveugles, je le sais. N’essaie donc pas de m’apprendre qui peut parler et qui ne le peut pas. Maintenant, ça suffit, fais ce que je te dis. Et quand il te faudra parler, je t’indiquerai ce que tu auras à dire. Allez ! en route.
Devant une telle insistance Moïse aurait pu renoncer à faire valoir son point de vue. Qui oserait entrer ainsi en débat avec l’Éternel ? Mais c’était mal connaître Moïse et sans doute l’Éternel l’a-t-il choisi à cause de cela ; une tête dure.
Afficher en entierAu commencement1
Yehuda plonge son calame de roseau dans l’encre et redouble d’ardeur. Il a le temps de copier encore une ou deux lignes avant que la nuit ne vienne. À côté de lui, son fils Jonathan est lui aussi penché sur le papyrus. d’une main, il tient une petite baguette avec laquelle il suit le texte dans le rouleau d’origine. de l’autre, il trace les lettres les unes après les autres. Sans cesse, son regard passe du mot qu’il copie à celui qu’il trace. Jonathan est un tout jeune scribe précis et rigoureux. Il honorera la longue lignée familiale.
Ainsi est la vie de Yehuda, comme a été celle de son père et du père de son père avant lui. tout le jour, il sert la parole du très‐Haut, il la mur‐ mure tandis qu’il copie les lettres qui composent les mots qui deviennent des paroles. La parole du Seigneur est dans son esprit, dans son cœur, sur son front, au bout de sa main, et le calame l’écrit sur le papyrus. Yehuda est un homme heureux.
Il pose le calame et soupire d’aise. Jonathan aussi relève la tête. La lumière baisse. On reprendra demain.
Afficher en entier— Oui, je sais Éliézer. Et j'aime quand c'est toi qui racontes.
— Tu as raison d'aimer entendre raconter les histoires. Et toi-même, tu apprendras à les raconter. Vois-tu, nous ne sommes pas des idolâtres. La Torah est sainte, mais l’Éternel n'est pas enfermé dans les mots que tu copies avec grand soin. Il est dans l'histoire que nous racontons. Ce ne sont pas les calames qui gardent la mémoire de ses hauts faits mais le cœur de ceux qui le louent.
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