Extraits

Comment pouvait-on exiger des messages d'avertissement sur les paquets de cigarettes, mais pas pour les livres tragiques ? Signaler sur les canettes qu'on ne devait pas conduire après avoir bu de la bière, mais ne rien dire quant au fait de lire des histoires tristes sans mouchoirs à portée de main ?

Bien sûr, certaines fins malheureuses étaient exquises. Parfois, on avait juste besoin d'un prétexte pour laisser couler ses larmes.

Caroline se demandait parfois si c'était à cause des femmes qu'elle ne s'était pas mariée. Parce qu'elle avait vu sa mère gérer tous ces problèmes et en avait conçu un certain dégoût pour le mariage et les hommes. Certes, tous les problèmes n'étaient pas liés à un homme, mais il y avait presque toujours dans le paysage un homme qui restait les bras croisés.

— Ne vivez jamais en suivant les règles d'imbéciles, car ils vous abaisseront à leur niveau, ils gagneront, et tout ce que vous aurez récolté c'est une vie à mourir d'ennui.

Les livres lui avaient servi de remparts, oui, mais pas seulement. Ils l'avaient protégée du monde extérieur en le réduisant à une espèce de vague toile de fond bien moins tangible que les aventures fictives dont elle se délectait.

Bien sûr, j’ai connu des chagrins, mais jamais plus que je ne pouvais en supporter. Parfois, je me dis que ce n’est pas la vivacité des chagrins qui signifie quelque chose, mais l’impact qu’ils ont sur vous.

Même dans les romans, c'était comme ça. Tom pensait qu'elle préférait les livres, parce qu'ils contenaient plus de bonheur que la vie, mais dans les romans aussi des gens se faisaient larguer et perdaient les gens qu'ils aimaient. Dans la vie comme dans les livres, ils s'acheminaient ensuite peu à peu vers de nouvelles histoires d'amour. Sur ce point, il n'y avait pas de différence entre la réalité et la fiction.

Sa tête quand nous l'avons demandée en mariage. Terrifiée, pas vrai?

Auteurs fiables : Dick Francis, Agatha Christie, Georgette Heyer. En fait, Dan Brown avait sans doute aussi sa place parmi eux, pensa Sara. Il était si fiable qu'on obtenait exactement la même histoire à chaque fois.

J'espère qu'une jeune fille démodée de Louisa May Alcott te plaira. C'est une histoire charmante, même si elle est peut être un soupçon plus moralisatrice que les Quatre filles du Docteur March.

Elle s’était contentée de la sécurité des rambardes toute sa vie, et pour la première fois, elle était au bord du précipice et tâtonnait à l’aveugle, consciente qu’il existait d’autres manières de vivre bien plus intenses et grandioses. Elle réagissait à cette prise de conscience comme elle aurait réagi devant un véritable abîme. Elle éprouvait du vertige et une violente envie de sauter, peu importaient les conséquences. Comment ce serait de tomber, tout simplement. Elle voulait en faire l’expérience, mais ressentait une envie tout aussi puissante de reculer pour se mettre en sécurité.