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Une personne excitée par le moignon de Strike aurait-elle pu couper une jambe et la lui envoyer ? C’était typiquement le genre de question à laquelle Matthew répondrait par l’affirmative, songea Robin avec un certain dédain, parce que pour Matthew, une personne assez glauque pour aimer les moignons était également capable de démembrer un être humain ; oui, ce serait tout à fait lui de répondre cela. Pour sa part, elle pensait différemment, surtout maintenant qu’elle avait lu les confessions d’autres acrotomophiles. Elle tendait à croire que les solutions proposées par RL pour « résoudre le problème » de Strike relevaient de pratiques que son patron trouverait encore moins ragoûtantes que l’amputation elle-même.
Bien sûr, RL pouvait être à la fois acrotomophile et psychopathe…
« OUI ! OUI ! PUTAIN ! 500 BALLES ! », brailla Martin. D’après les coups sourds et rythmés qui provenaient non plus du salon mais du vestibule, Robin supposa que son frère avait trouvé un espace mieux adapté à son explosion de joie. Rowntree se réveilla brusquement, se dressa sur ses pattes et produisit un son tenant à la fois de l’aboiement et du bâillement. Le vacarme était tel que Robin n’entendit pas Matthew approcher dans le couloir. Quand elle le vit sur le seuil, elle se dépêcha de fermer tous les sites qui élevaient les amputés au rang de fétiches sexuels.
« Je suppose que Ballabriggs a gagné la course, dit-elle.
— Ouais », répondit Matthew.
Pour la deuxième fois de la journée, il fit un geste vers elle. Robin mit de côté son ordinateur portable, Matthew l’aida à se lever et la serra contre lui. La chaleur qui émanait de son corps lui fit l’effet d’un baume. Une vague de calme, de soulagement la traversa de part en part. Elle ne pourrait pas supporter une deuxième nuit d’engueulade.
Puis Matthew s’écarta un peu, en regardant par-dessus l’épaule de Robin.
« Quoi ? »
Elle se retourna, baissa les yeux et découvrit au centre de l’écran blanc un rectangle de texte :
Acrotomophilie (nom fém.)
Paraphilie dans laquelle un individu est sexuellement attiré par un partenaire amputé.
Il y eut un bref silence.
« Combien de chevaux sont morts ? demanda Robin d’une voix tremblotante.
— Deux », répondit Matthew, et il quitta la pièce.
Afficher en entierIl l’avait crue morte. Il n’avait rien vu aux informations mais ça ne l’avait pas étonné outre-mesure puisque la fille était une prostituée. Pour la première non plus, il n’avait rien lu dans les journaux. Les prostituées ne comptaient pas, elles n’étaient rien, personne ne se souciait d’elles.
Afficher en entier« Vous en êtes sûr ? dit-elle une minute plus tard, alors qu’ils étaient l’un et l’autre perdus dans leurs pensées.
— Sûr de quoi ? fit Strike en se tournant vers elle.
— Que ce n’est pas Brockbank.
— Si ce n’est pas Brittany…
— Vous venez de me dire que cette fille…
— Ingrid ?
— Oui, Ingrid, fit Robin un tantinet agacée. Elle dit que Brockbank parle de vous sans arrêt, qu’il vous tient pour responsable de ses lésions cérébrales, de la perte de sa famille. »
Strike la fixa d’un air soucieux. Il réfléchissait
Afficher en entierLes femmes étaient des êtres mesquins, méchants, sales et petits. Toujours à faire la gueule, ces salopes, toujours à attendre des hommes qu’ils les rendent heureuses. C’était seulement quand elles gisaient mortes devant vous, vidées de leur substance, qu’elles accédaient à la pureté, au mystère, au merveilleux même. À cet instant, elles étaient entièrement vôtres, incapables de discutailler, de se rebeller, de vous planter là, et vous pouviez leur faire tout ce qui vous plaisait. Celle d’hier était devenue lourde et molle, une fois saignée : un jouet grandeur nature, rien qu’à lui.
Il suivit La Secrétaire et son copain dans le centre commercial Arcadia, parmi la foule du samedi matin. Il glissait derrière eux comme un fantôme, ou comme un dieu. Il en était presque à se demander si les gens le voyaient passer ou s’il était devenu invisible depuis qu’il avait cette deuxième vie en lui.
Afficher en entierLa gerbe qu'il venait de heurter bascula au ralenti et tomba sur le sol dans un fracas assourdissant. Les mariés et l'ensemble des invités se retournèrent dans un même mouvement.
"Je suis... oh, mon Dieu... je suis désolé", dit Strike qui ne savait plus où se mettre.
Afficher en entierIl y a une différence entre la loi et ce qu'on estime juste . Je vais faire ce que j'estime juste .
Afficher en entierPourtant Whittaker n'avait jamais pu sortir des quartiers pourris de la capitale, ces cloaques où la criminalité, la misère et la violence proliféraient comme des bactéries, et où Shanker résidait encore. Ceux qui n'y avaient jamais vécu ne pouvais concevoir que Londres était en quelque sorte un pays à part entière. Les gens lui reprochaient de monopoliser la richesse, le pouvoir, mais ce qu'ils ne comprenaient pas, c'était que dans cette ville où tout était plus cher qu'ailleurs, où les implacables différences entre riches et pauvres se voyait comme le nez au milieu de la figure, la misère avait son propre style. Entre le splendide appartement néoclassique d'Elin à Clarence Terrace et le squat pouilleux de Whitechapel où sa mère était morte, la distance ne se mesurait pas seulement en kilomètres. Ces lieux étaient séparés par un océan de disparité, par les hasards de la naissance, de la fortune, les erreurs de jugement et les coups de bol. Sa mère et Elin étaient à la base deux femmes magnifiques, intelligentes, mais l'une avait fini aspirée par les sables mouvants de la drogue et de la déchéance tandis que l'autre trônait au-dessus de Regent's Park, derrière ses vitres impeccables.
Robin pensait à Londres, elle aussi. Cette ville avait ensorcelé Matthew. Et pourtant les méandresurbains qu'elle arpentait chaque jour dans le cadre de ses enquêtes n'avaient pas le moindre intérêt pour lui. Il posait un regard avide sur tout ce qui brillait: les meilleurs restaurants, les meilleurs quartiers où habiter, comme si Londres n'était qu'un gigantesque plateau de Monopoly. Il n'avait jamais été un inconditionnel du Yorkshire et de leur ville de Masham. Certes, son père était né dans le Yorkshire mais sa défunte mère, originaire du Surrey, avait toujours regretter d'avoir du s'exiler dans le nord ; autrefois, quand Matthew et sa soeur Kimberley employaient des tournures typiques du Yorkshire, elle les reprenait systématiquement. Si Matthew n'avait pas soulevés l'enthousiasme chez les frères de Robin, au début de leur relation, c'est en partie à cause de son accent neutre. Robin avait pris sa défense mais il avait porter un nom du coin, ils avaient flairer en lui le futur londonien.
Afficher en entier"Qu'est-ce qu'elles vous disaient ? Demanda Strike.
- Eh bien, l'une d'elles était écrite par une jeune fille qui voulaient se couper la jambe. Elle vous demandais conseil.
- Vous me redites ça ?
- Elle voulait se couper la jambe", répéta Robin en détachant chaque mot. À coté d'elle, une femme occupée à choisir sa bouteille de vin rosé lui jeta un regard surpris.
"Seigneur, murmura Strike. Et dire que je n'ai pas le droit de les traiter de cinglés. Vous croyez qu'elle a réussi et a voulu me tenir au courant ?
Afficher en entier"Une jambe ? Répéta la voix de l'inspecteur Éric Wardle. Tu veux dire une jambe ?
- Et pas de ma taille, en plus", dit Strike qui n'aurait pas osé faire ce genre de plaisanterie devant Robin.
Afficher en entierDon’t turn your back, don’t show your profile,
You’ll never know when it’s tour turn to go,
Ne tourne pas le dos, ne montre pas ton profil
On ne peut jamais savoir quand vient son tour de partir.
BLUE ÖYSTER CULT, “Don’t Turn Your Back”
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