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Extrait ajouté par ilovelire 2016-10-02T18:39:43+02:00

Une fois arraché à son concepteur et inversé, ce prétendu ciseau dialectique devait cependant recouvrir quelque utilité stratégique. Du rétrospectif allait surgir le prospectif. Il suffisait de recourir à une sorte d’alchimie à rebours. Si la France d’après empruntait à la quincaillerie des agences de communication, la France d’avant ressortait, pour sa part, comme la valeur montante des études de marketing. Ne mettaient-elles pas toutes en évidence le désir incoercible qu’éprouvaient les quinquagénaires de retrouver l’univers symbolique des objets et icônes de leur jeunesse ? Or 50 ans, n’était-ce pas précisément l’âge médian de l’électeur qui serait amené à se prononcer pour choisir le nouveau président ? Le « segment décisif », comme aiment à le désigner ceux qui font profession de découper les populations en parts de marché ? De surcroît, le penchant renouvelé des industries culturelles pour l’antépathie ne connaissait-il pas une subite accélération à l’approche du scrutin présidentiel ? L’abord de l’année 2007 ne voyait-il pas le triomphe des « Enfants de la télé », des tournées revival des chanteurs des années 1970 et des innombrables rééditions de disques, livres ou tricots vintage ?

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-10-02T18:39:33+02:00

Dans l’entourage du président de l’UMP et parmi ceux qui pilotaient ce tête-à-queue idéologique, figurait Alain Minc. Il s’y distinguait par un brio qui n’avait d’égal que son cynisme d’oligarque décontracté. A l’époque, il comptait encore au nombre des thuriféraires de la mondialisation heureuse. Etait conservateur, dans son esprit, tout ce qui, sur le plan économique, social ou culturel, pouvait empêcher la marche triomphale de l’économie globale. Autrement dit, tout ce qui constituait le socle organique et symbolique des solidarités traditionnelles. La nouvelle doxa planétaire avait ses impératifs catégoriques : « avancer », « bouger », « faire bouger les lignes », « sortir de la routine », « ne pas être frileux », « renoncer aux acquis », « rompre avec les habitudes », « être mobile, flexible, nomade ». C’était promouvoir la roue du hamster ou plutôt accomplir la révolution permanente non plus par le biais de l’utopie communiste, remisée aux oubliettes de l’histoire, mais grâce au mouvement brownien de destruction créatrice propre au capitalisme. Par un tour de passe-passe, Marx, Lénine et Trotski disparaissaient derrière l’économiste autrichien Joseph Schumpeter qui, au milieu du siècle dernier, avait décrété bénéfique l’effervescence perpétuelle du marché. Le mot d’ordre demeurait ainsi inchangé. Il fallait, du passé, faire table rase, déconstruire l’ordre ancien, balayer les archaïsmes de la société française, à commencer par l’inclination des classes populaires au conservatisme.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-10-02T18:39:23+02:00

Hormis la conquête du pouvoir suprême, le but ultime que Nicolas Sarkozy assignait à son action n’était jamais explicité. Avait-il sinon une certaine idée de la France, du moins un projet politique pour celle-ci ? Les nostalgiques de la grandeur nationale n’étaient-ils pour lui qu’une clientèle parmi d’autres à traiter ? Concevait-il seulement ce qu’est le bien commun ? L’ambivalence de son positionnement avait fait de lui un oxymore ambulant : ministre de rupture, il était à la fois membre des gouvernements Raffarin puis Villepin et premier opposant. L’habileté tactique qui consistait à se poser, après les deux mandats de Jacques Chirac, en candidat de l’alternance à l’intérieur de son propre camp cumulait bien des avantages. C’était la résurgence de la vieille dialectique giscardienne du changement dans la continuité, dopée aux anabolisants du verbe sarkozyste.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-10-02T18:38:31+02:00

Les historiens connaissent le rôle des systèmes mythologiques comme réponses aux phénomènes de crise3. Les politiques de droite comme de gauche, eux, les nient ou les ignorent au nom du « demain mieux qu’hier » qui leur sert d’enseigne corporatiste. Ou, quand ils en subodorent l’existence, ils se trompent sur la signification à leur donner. Ainsi de l’« âge d’or », le plus souvent réduit à l’évocation nostalgique des images de félicité et d’innocence attachées à un monde révolu. Or la déploration du « bon vieux temps » n’est jamais fortuite ni anodine. Elle connaît un regain dans les périodes critiques de grande mutation qui ont pour effet de détruire les équilibres acquis et de désagréger les mécanismes de solidarité ordonnant la vie collective. Elle est le cri de ralliement des civilisations qui ne veulent pas mourir. Récit explicatif soulignant les dangers des transformations en cours, il n’a pas moins valu, chaque fois, symbole de résistance pour les entités collectives qui se sentaient menacées dans leur être profond.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-10-02T18:38:14+02:00

Un phénomène aussi massif qui lie la propension à sacraliser le passé et l’aspiration à le voir renaître n’a pas échappé aux télévisions en quête de programmes fédérateurs. Elles se sont employées à illustrer, non sans succès, la prophétie de Nerval : « Ils reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours/Le temps va ramener l’ordre des anciens jours. » De « L’amour est dans le pré » au « Village préféré des Français » en passant par « Le plus beau pays du monde » ou « La meilleure boulangerie de France », la télé-terroir est moins une télé-miroir qu’une rétrotélé. Elle dresse le panégyrique des valeurs et des saveurs d’autrefois parallèlement à l’inventaire glorieux des visages et des paysages, du bâti et du crépi, des sentiers et des métiers, du muséal et du monumental ; bref, tout un patrimoine de la « douce France » dont l’imagerie démontre à quel point la tradition ne se rapporte pas à ce qui est préexistant, mais révèle ce qui est invariant. Autrement dit, de ce qui, au-dedans de nous, en notre tréfonds, nous fait, nous agit et nous meut au présent.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-10-02T18:37:34+02:00

L’antépathie ? « Nul ne sait de quoi hier sera fait », dit un proverbe russe. Par tempérament, les Français pensent le contraire. En vertu d’une prudence aiguisée au fil des âges, hier est pour eux une valeur sûre quand l’avenir leur apparaît hautement spéculatif. Les politiques ont beau diviniser le « changement », lustrer leurs « désirs d’avenir », entonner devant eux le refrain « vivement demain », rien ne les convainc moins. Tout au plus feignent-ils de souscrire à cet usage intempestif du mode futur dont ils s’inquiètent plus qu’il ne les rassure.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-10-02T18:37:14+02:00

Un autre facteur allait s’avérer déterminant. Assez peu citoyenne du monde, très peu élite nomade, mais cul de plomb autant que cul-terreux, mon ascendance mi-bourguignonne mi-limousine, qui procédait des effets combinés du sédentarisme et de l’endogamie cantonale, le rassurait pleinement. Accrochés aux branches de mon arbre, il y avait de gros sabots et un bouquet de patronymes à l’humeur champêtre : Bouleau, Lattaud, Deroche, Lamotte, Moiret, Levrat, Auger, Collet, Bellenand, Berthelon, Bonnet, ou encore Ancian, Blondeau, Mermet, Rougeat, Poncet, Cochet, Giroux, Buaz et Clerc. Autant de quartiers de francité, j’en avais bien conscience, pouvaient avoir, à l’heure de la mondialisation heureuse, quelque chose d’indécent qui semblait témoigner à travers les siècles d’un coupable entêtement. Et si je n’en tirai nulle gloriole, je n’étais pas prêt, pour autant, à m’en excuser. Pas plus de ce qu’avaient été les miens : cultivateurs, manouvriers, vignerons, métayers, charrons, tonneliers, tailleurs de pierre ; toute une lignée d’un peuple que chaque ligament reliait à la mémoire du sol, tout un compagnonnage de ce vieil ordre de labeur et d’honneur dont Péguy fut le dernier chantre. Au total, bien de gens de peu et peu de gens de bien. Ma trisaïeule paternelle étant née Meurdefaim, je n’en avais pas pour autant brodé de conscience de classe, ayant en égale détestation la revanche des opprimés et l’arrogance des oppresseurs. Autant dire que j’avais tout pour incarner, à ses yeux, cette antépathie dont je lui dépeignais la prégnance et lui annonçais le retour.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-10-02T18:37:11+02:00

Lorsqu’à l’orée du printemps 2005 débuta notre collaboration, Nicolas Sarkozy était, au sein du club restreint des présidentiables, le plus éloigné de la réalité de la France et du sentiment d’antépathie qui déjà hantait les Français, plus soucieux que jamais de revenir à l’essence et à la permanence de leur destin. Or, s’il était le moins apte ontologiquement à saisir ce sursaut, il se montrait instinctivement le plus désireux de le comprendre.

Plante aquatique au développement tout en surface médiatique, Nicolas Sarkozy se savait dépourvu de racines. Pour lui, contrairement à Jacques Chardonne, le bonheur n’était pas et ne serait jamais à Barbezieux. Ni dans aucun des coins et recoins de cette France profonde où les rivières paressent langoureusement sous des ponts de pierre et où les anciens somnolent sur les bancs d’un mail pareils aux Assis de Rimbaud « sentant les soleils vifs percaliser leur peau ». La perspective de passer une nuit dans un quelconque hôtel de préfecture le plongeait dans une angoisse autant physique que métaphysique. La trépidation qui dictait son tempo s’accommodait mal du huis clos provincial, de la lenteur des êtres et des choses, des cheminements silencieux, des germinations souterraines. Pour lui, le temps perdu ne serait jamais de l’éternité retrouvée.

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Extrait ajouté par Stephanelefort 2016-09-29T16:00:43+02:00

"J'entrerai dans le Paradis avec une couronne d'étrons", claironnait Léon Bloy au crépuscule de sa vie. Bien que j'ignore pour ma part quelle sera, du ciel ou de l'enfer , la destination finale, je sais au moins que, pour le grand voyage, j'ai déjà l'équipement.

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