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Métiers à risques. Pourquoi certains franchissent le pas et d'autres non ? Il y a la nécessité, l'urgence, mais pas seulement. Ce qui est à l'oeuvre là-bas, au cœur de la centrale, en fascinera d'autres après nous, ce mélange des genres. Comme d'avoir une tension en soi, une crainte sourde, ça n'enlève rien. Le fait qu'à l'attirance soit mêlée autre chose.
Afficher en entierLe camping-car devant moi ralentit, une caravane le précède tractée par un fourgon, le village est désert, sous un ciel net, pas un nuage, et les hommes au volant, vitre ouverte, négocient le virage avec la même conduite souple et le même regard qui porte loin, un peu flou après une nuit de trajet : on est à deux jours de l'arrêt de tranche, de partout les énergies convergent vers la centrale.
Afficher en entierLe vent souffle dehors, des images muettes défilent sur l'écran. La dessus la voix de Jean-Yves prend toute sa place, à sa mesure, puissante, chaleureuse, sans risque pour moi de devoir combler les silences. J'aime l'écouter, le regarder, ça me repose. Quand chez d'autres c'est un monologue qui n'en finit pas et ne vaut que par le flux continu qui se répand et soulage celui qui parle, ou alors simplement il s'en régale et celui d'en face qui l'écoute et qui a la même faim n'a qu'à faire abstinence, quand d'autres font irruption et déversent à vos pieds les tonnes dont ils sont excédentaires comme devant les grilles de la sous-préfecture, les revendications en moins, quand ils vous parlent et vous pourriez être n'importe quoi de vivant ou non, n'importe quelle surface réfléchissante, ils parleraient pareil, Jean-Yves lui a une façon d'occuper le terrain qui vous soulage de savoir le faire, et en même temps vous interpelle, et bizarrement toujours ce qu'il dit vous concerne, et quand l'intérêt baisse, d'instinct il redresse la barre, il a un savoir pour ça, si bien qu'au final c'est le compagnon idéal des timides, des taiseux, et des jours de blues.
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