Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
713 921
Membres
1 008 786

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

Ajouter un extrait


Liste des extraits

- Je me souviens qu'un jour tu m'as dit que les mots avaient le pouvoir de nous changer. Tes mots m'ont changé, Tessa; ils ont fait de moi un homme meilleur. La vie c'est un livre, et il y a encore des milliers de pages que j'ai pas lues. J'aimerais en lire autant que possible avec toi, avant de mourir...

Afficher en entier

-Tu n'as pas besoin de moi, Will.

Will regarda le couteau à ses pieds, et songea à celui qu'il avait planté dans un arbre, sur la route allant de Shrewsbury à Welshpool, et dont la lame était tachée de son sang et de celui de Jem.

-Depuis mon arrivée à l'Institut, tu as été le miroir de mon âme. Grâce à toi, j'ai découvert qu'il y avait du bon en moi. Il n'y a que dans tes yeux que j'ai trouvé la grâce. Quand tu seras parti, qui me verra ainsi?

Le silence retomba. Jem se te ait immobile comme une statue. Enfin, il prit la parole, et la froideur qui perçait jusqu'alors dans sa voix avait disparu. Will songea à quel point cette voix douce et claire l'avait aidé à grandir, tel un phare dans sa nuit.

-Aie foi en toi, Will. Tu pourras être ton propre miroir.

Afficher en entier

-Et à part crier, qu'avez-vous fait pour lui venir en aide? demanda Will.

-Mais j'ai beaucoup crié! protesta Tatiana d'un ton indigné.

Afficher en entier

« "Do you even care where I'm going ?" he said. "What if I were going to Hell? "

" I've always wanted to see Hell," Cecily said calmly. "Doesn't everyone ?" »

« - Est-ce que ça t'importe au moins où je vais ? dit-il. Et si j'allais en Enfer ?

- J'ai toujours voulu voir l'Enfer, dit calmement Cecily. N'est-ce pas ce que tout le monde veut ? »

P. 86

Afficher en entier

ATTENTION SPOILER!!!

Des rafales de vent soulevaient la poussière et les détritus - paquets de chips, feuilles de journaux, vieux tickets de caisse - qui jonchaient le trottoir tandis que Tessa s'avançait sur le pont en jetant un coup d'œil de part et d'autre de la chaussée pour voir arriver les voitures.

Aux yeux d'un observateur quelconque, elle aurait pu passer pour une jeune fille ordinaire, à peine sortie de l'adolescence, avec son jean rentré dans ses bottines, son pull en cachemire bleu acheté à moitié prix pendant les soldes de janvier, et ses longs cheveux bruns qui frisaient un peu avec l'humidité. Un œil plus averti en matière de mode aurait pensé que l'écharpe en Liberty qu'elle portait autour du cou était la pâle copie d'un modèle datant d'une centaine d'années et que le bracelet à son poignet était vintage. En réalité, il s'agissait d'un cadeau offert par son mari pour leur trentième anniversaire de mariage.

Tessa ralentit le pas en atteignant l'un des renfoncements dans la pierre du pont. Des bancs de béton avaient été aménagés, si bien que l'on pouvait s'asseoir pour contempler les eaux gris-vert qui venaient clapoter contre les piliers du pont, ou la cathédrale Saint-Paul au loin. La rumeur de la ville emplissait l'atmosphère : bruit de klaxon, ronronnement des bus à impériale, sonnerie de portable, conversations des piétons, murmure de la musique s'échappant des écouteurs d'iPod.

Tessa s'assit sur le banc en ramenant ses jambes sous elle. L'air était d'une pureté étonnante ; le ciel, débarrassé de la fumée qui noircissait l'atmosphère pendant les premiers temps de sa vie à Londres, avait un teinte bleu-gris. Le pont ferroviaire qui gâchait autrefois la vue avait également disparu ; seuls les piliers émergeaient encore des eaux de la Tamise, offrant un spectacle étrange aux promeneurs. Des bateaux de touristes sillonnaient les flots traînants dans leur sillage la voix d'un guide amplifiée par les hauts-parleurs et, sur le pont, des bus rouges comme des bâtons de sucre d'orge filaient en éparpillant les feuilles mortes qui s'amoncelaient au bord de la chaussée.

Tessa jeta un coup d'œil à sa montre. Midi moins cinq. Elle était un peu en avance, comme à chacun de leurs rendez-vous annuels. C'était l'occasion de réfléchir et de se souvenirs, or il n'y avait pas meilleur endroit pour cela que le pont de Blackfriars, le premier endroit où ils avaient eu une vraie conversation.

Sur son poignet, sa montre frôlait le bracelet en perles qu'elle ne quittait jamais, et que Will lui avait offert pour leurs trente ans de mariage. À cette époque, il avait les cheveux gris, mais elle n'y avait jamais vraiment prêté attention. Comme si l'amour qu'elle lui portait lui avait donné, à lui aussi, la capacité de se transformer, malgré le temps qui passait. Quand elle le regardait, elle voyait toujours le jeune homme intrépide aux cheveux noirs dont elle était tombée amoureuse.

Parfois, elle trouvait encore incroyable qu'ils aient réussi à vieillir ensemble. Gabriel Lightwood avait pourtant dit de Will qu'il ne dépasserait pas dix-neuf ans. Pendant toutes ces années, ils avaient entretenu des liens d'amitié avec les Lightwood. Comment Will aurait-il pu ne pas être ami avec l'homme qui avait épousé sa sœur? Cecily et Gabriel étaient présents le jour de sa mort, ainsi que Sophie. Quant à Gideon, il était décédé quelques années plus tôt.

Tessa se rappelait cette journée dans les moindres détails. Les Frères Silencieux avaient déclaré qu'il ne pouvaient plus rien pour lui. Depuis quelque temps, il ne quittait plus le lit. Les épaules voutées, Tessa avait transmis la nouvelle à la famille et aux amis en s'efforçant autant que possible de maîtriser ses émotions en leur présence, alors qu'il lui semblait qu'on lui arrachait le cœur.

C'était en juin, au début de l'été 1937, un été particulièrement chaud et ensoleillé. Les rideaux étaient tirés et le soleil inondait la chambre. Ils s'étaient tous rassemblés, enfants, petits-enfants, neveux et nièces - les fils de Cecy, de grands et beaux garçons aux yeux bleus, et les filles de Gideon et de Sophie -, ainsi que les proches de la famille : Charlotte, le port toujours altier malgré ses cheveux blanchis, et les enfants Fairchild, qui avaient les mêmes boucles rousses que leur père.

Tessa avait passé la journée assise sur le lit auprès de Will, qui s'appuyait contre son épaule. Le spectacle de cette jeune femme, berçant amoureusement contre elle un homme assez âgé pour être son grand-père, pouvait sembler étrange, mais pour leur famille cela n'avait rien d'extraordinaire : c'était juste Will et Tessa. Et parce que c'était Will et Tessa, comme de coutume chez les Chasseurs d'Ombres lorsque quelqu'un s'apprêtait à mourir, les visites s'étaient succédé toute la journée, les uns et les autres contant des anecdotes au sujet de Will et de tout ce qu'il avait accompli auprès de Tessa durant leur longue vie commune.

Les enfants avaient parlé avec affection de son amour ardent et dévoué pour leur mère, ajoutant qu'il n'avait jamais eu d'yeux pour personne d'autre, et qu'en matière de relation amoureuses leurs parents étaient le modèle qu'ils avaient cherché à imiter. Ils avaient aussi évoqué la passion de Will pour les livres, passion qu'il leur avait transmise, ainsi que le respect de la page imprimée et des histoires qu'elle recelait. Ils avaient raconté qu'il jurait encore en gallois lorsqu'il faisait tomber un objet, alors qu'il employait rarement cette langue par ailleurs, et que si sa prose était excellente - à sa retraite, il avait écrit plusieurs histoires de Chasseurs d'Ombres qui avaient été maintes fois saluées - sa poésie avait toujours été fort mauvaise, ce qui ne l'avait jamais empêché de composer des vers.

Leur fils aîné, James, avait mentionné en riant l'aversion de Will pour les canards, et son combat permanent pour les tenir à l'écart de l'étang qui jouxtait leur maison de famille dans le Yorkshire.

Ses petits-enfants lui avaient rappelé la chanson sur la vérole démoniaque qu'il leur avait apprise - à un âge bien trop innocent aux yeux de Tessa - et qu'ils avaient tous mémorisée. Ils l'avaient chantée ensemble en massacrant l'air, au grand dam de Sophie.

Les larmes aux yeux, Cecily lui avait rappelé le jour de son mariage avec Gabriel ; ce jour-là, il avait prononcé un magnifique discours en l'honneur du marié, à la fin duquel il avait déclaré : « Bon sang, je croyais qu'elle épousait Gideon. Je retire tout ce que je viens de dire. » Il avait réussi à vexer, non seulement Cecily et Gabriel, mais aussi Sophie. À ce souvenir, Will, trop fatigué pour rire, avait souri à sa sœur en serrant sa main dans la sienne.

Ils l'avaient tous taquiné au sujet de sa manie d'emmener Tessa passer des « vacances » romantiques dans des décors de romans gothiques, y compris quelque lande sinistre où un protagoniste avait trouvé la mort, un château hanté exposé à tous les vents et, bien entendu, la place parisienne où, selon lui, Sydney Carton avait été guillotiné. Will avait d'ailleurs effrayé les passants en s'écriant en français : « Je vois du sang sur les pavés! »

À la fin de la journée, alors que le ciel s'assombrissait, les membres de la famille s'étaient rassemblés autour du lit de Will pour l'embrasser à tour de rôle, puis ils étaient sortis de la pièce un par un jusqu'à ce que Will et Tessa se retrouvent seuls. Tessa s'était allongée près de lui et, la tête posée sur sa poitrine, elle avait écouté les battements de son cœur qui s'affaiblissaient. Immobiles dans la pénombre, ils s'étaient raconté à voix basse des anecdotes connues d'eux seuls. Ils avaient parlé de la jeune fille qui avait manqué assommer avec un broc le jeune homme qui venait la sauver, et qui était tombé amoureux d'elle à l'instant même. D'un bal, d'un balcon et de la lune voguant tel un bateau sans amarres dans le ciel. Du battement d'ailes d'un ange mécanique. D'eau bénite et de sang.

Vers minuit, la porte s'était ouverte et Jem était entré. Depuis longtemps, il fallait l'appeler Frères Zachariah, mais Will et Tessa ne l'avaient jamais nommé ainsi. Il s'était glissé à l'intérieur de la chambre, silencieux comme une ombre, et Tessa avait retenu son souffle en le voyant, car elle savait que Will attendait sa venue et que son heure avait sonné.

Au lien de s'approcher du lit, ils s'étaient dirigé vers l'étui en bois de rose posé sur la commode. Fidèles à leur promesse, ils avaient conservé son violon. Il était en parfait état, et les charnières de l'étui n'avaient pas grincé lorsque Jem l'avait ouvert pour en sortir l'instrument. Ils l'avaient regardé rosiner l'archet de ses longs doigts fins, la peau claire de ses poignets disparaissant dans les replis du tissu encore plus clair de sa robe.

Après avoir appuyé le violon contre son épaule, il avait commencé à jouer.

Zhi yin. Jem lui avait dit un jour que cela signifiait « comprendre la musique », et que cela désignait aussi un lien plus fort que l'amitié. Jem jouait, et ses notes racontaient le Will qu'il avait connu. Elles racontaient l'histoire de deux garçons dans une salle d'armes, l'un montrant à l'autre comment lancer un couteau. Elles racontaient le rituels des parabatai, les serments et les runes qui brûlaient la peau. Elles décrivaient deux jeunes gens filant dans les rues de Londres la nuit, et s'arrêtant de temps à autre pour éclater de rire, appuyés contre un mur. Elles racontaient ce jour où, dans un train filant vers le Yorkshire, Jem avait déclaré que les parabatai étaient censés s'aimer l'un l'autre comme leur propre âme. Elles racontaient cet amour, et les sentiments qu'il éprouvait pour Tessa. Ils s'étaient vus à de rares occasions depuis l'entrée dans la confrérie : il y avait eu de brèves rencontres à l'Institut, et le jour où Will avait été mordu par un démon Shax. Il avait failli mourir, et Jem était venu de la Cité Silencieuse pour le veiller toute la nuit, au risque d'être découvert et puni. Il y avait eu aussi la naissance du premier fils de Will et Tessa, et la cérémonie de protection donnée en l'honneur du nouveau-né dans la Cité Silencieuse. Will avait insisté pour que ce soit Jem qui s'en charge. En apprenant que l'enfant s'appelait James, il s'était détourné en couvrant de ses mains son visage balafré.

Elles racontaient l'amour, le chagrin et les années de silence, les non-dits, les vœux qui n'avaient pas été prononcés,, le vide entre son cœur et le leur. Quand il avait reposé le violon dans son étui, Will avait les yeux fermés, et ceux de Tessa étaient remplis de larmes. Jem s'était dirigé vers le lit en repoussant son capuchon pour qu'elle voie ses yeux clos et son visage balafré. Il s'était assis auprès de ses amis et, prenant la main de Will, il avait dit en pensée : Je tiendrai ta main, mon frère, le temps que tu partes en paix.

Will avait rouvert les yeux, ces yeux qui n'avaient pas jamais perdu de leur intensité au fil des ans, puis avec un dernier regard vers Jem et Tessa, il avait souri. Enfin il était mort, la tête de Tessa sur son épaule et la main de Jem dans la sienne.

La mort de Will n'avait jamais cessé de la meurtrir. Après les funérailles, elle était partie. Ses enfants étaient grands, ils avaient eux-mêmes des enfants ; elle se disait qu'ils n'avaient plus besoin d'elle, s'efforçant de se cacher la raison véritable de son départ, qui la hantait constamment : elle ne pouvait pas supporter de les voir vieillir. C'était une chose de survivre à la mort de son époux. Mais survivre à celle de ses enfants... Cela finirait par arriver, mais elle ne voulait pas être là pour le voir.

En outre, Will lui avait confié une mission avant de mourir.

La route menant de Shrewsbury à Welshpool avait bien changé depuis le jour où Will l'avait parcourue à bride abattue dans l'espoir d'arracher Tessa aux griffes de Mortmain. Il avait laissé des instructions, des détails, des descriptions de villes et l'emplacement d'un fameux chêne. Elle avait dû effectuer plusieurs allées et venues dans sa Morris Minor avant de localiser l'arbre en question ; il était tel qu'il l'avait dessiné dans le journal qu'il lui avait remis, la main un peu tremblante mais les souvenirs clairs.

La dague se trouvait parmi les racines du chêne qui avaient poussé tout autour du manche. Pour la dégager, elle avait dû couper certaines d'entre elles et creuser la terre caillouteuse avec une truelle. Des tâches sombres dues à l'humidité et au passage du temps grignotaient l'acier de la lame.

Cette année-là, elle l'avait rapportée à Jem lors de leurs retrouvailles sur le pont. On était en 1937, et le Blitz n'avait pas encore rasé les immeubles autour de Saint-Paul ni incendié les façades de la ville que Tessa aimait tant. Néanmoins, une ombre pesait sur le monde occidental.

-Ils continuent à s'entretuer, et l'on n'y peut rien, avait dit Tessa, les mains posées sur la pierre usée du parapet.

Elle pensait à la Grande Guerre, aux innombrables vies gâchées. Ce conflit ne concernait pas les Chasseurs d'Ombres, mais les démons faisait leur nid dans le sang et la guerre, et les Nephilim devaient les empêcher de causer davantage de destructions.

-Nous ne pouvons pas les sauver d'eux-mêmes, avait répondu Jem. Il avait rabattu son capuchon sur son visage, mais le vent ne cessait de le repousser, révélant un coin de sa joue couturée de cicatrices.

-Je sens approcher une horreur que seul Mortmain aurait pu imaginer.

-On ne peut pas débarrasser le monde de tous ses maux, Tessa. Quand elle lui avait tendu la dague encore souillée de terre et du sang de Will, il l'avait longuement contemplée, la tête baissée et les épaules voûtées comme s'il cherchait à protéger son cœur meurtri.

-Will voulait que tu la voies, dit-elle. Je sais que tu ne peux pas l'emporter avec toi.

-Garde-là pour moi. Un jour viendra peut-être.

Elle ne lui demanda pas ce qu'il entendait pas là, et respecta son souhait. Elle emporta la dague avec elle en quittant l'Angleterre, à bord du bateau qui l'emmenait en France. À Paris, elle retrouva Magnus qui vivait dans un appartement sous les toits et passait le plus clair de son temps à peindre, bien qu'il n'eût aucun talent en la matière. Il la laissa dormir sur un matelas près de la fenêtre et, la première nuit, lorsqu'elle se réveilla en appelant Will, il la tint dans ses bras.

-C'est le premier le plus dur, dit-il.

-Comment?

-Le premier proche qui meurt. Avec le temps, cela devient moins douloureux.

Quand la guerre éclata, ils partirent tous deux pour New York, et Magnus lui fit redécouvrir la ville où elle était née : une métropole grouillante d'activité qu'elle reconnaissait à peine, où les voitures se pressaient comme des fourmis dans les rues, et où les trains filaient sur des voies aériennes. Cette année-là, elle ne vit pas Jem parce que la Luftwaffe bombardait Londres et qu'il avait décrété que c'était trop dangereux, mais les années qui suivirent...

-Tessa?

Son cœur bondit dans sa poitrine.

Un vertige la saisit et, pendant un bref moment, elle se demanda si elle n'était pas devenue folle : après tant d'années, il lui semblait que le passé et le présent se confondaient dans ses souvenirs jusqu'à ce qu'elle ne parvienne plus à distinguer. La voix qui venait de s'élever ne ressemblait pas au timbre doux qui résonnait d'ordinaire à l'intérieur de son crâne, et qu'elle entendait chaque année depuis cent trente ans.

Cette voix réveillait des souvenirs usés par les ans comme une feuille de papier dépliée trop souvent. Elle apportait avec elle la réminiscence d'une promenade sur ce même pont, par une nuit lointaine...

Le cœur battant, elle se détourna da la balustrade. Il se tenait devant elle avec un sourire timide, les mains enfouies dans les poches de son jean. Les manches retroussées de son sweat-shirt en coton bleu laissaient voir ses avant-bras couverts de cicatrices blanches. Sa rune de quiétude, autrefois noire, avait des reflets argentés.

-Jem? murmura Tessa, comprenant soudain pourquoi elle ne l'avait pas repéré parmi la foule.

Elle cherchait Frère Zachariah dans sa robe couleur parchemin, marchant incognito parmi les Londoniens.

Mais c'était Jem qui se tenait devant elle.

Elle avait du mal à détacher les yeux de son visage. Elle l'avait toujours trouvé séduisant, et il n'avait rien perdu de sa beauté. Autrefois, il avait la chevelure d'un blanc argenté et les yeux gris comme un ciel d'orage. Le Jem qui se tenait maintenant devant elle avait des cheveux noir corbeau qui ondulaient un peu avec l'humidité, et des iris marron foncé constellés de quelques paillettes dorés. Avant, sa peau était d'une blancheur immaculée ; désormais, il avait le teint hâlé. Ses deux cicatrices, vestiges des premières runes de la confrérie, ressortaient sur ses pommettes.

Le col de son sweat bâillait un peu, laissant voir les contours délicats de la rune qui l'avait jadis lié à Will. Elle les liait encore l'un à l'autre si l'on considérait que leurs âmes pouvaient rester unies malgré la mort.

De prime abord, il avait l'air d'avoir dix-neuf ou vingt ans ; il paraissait néanmoins plus vieux qu'à l'époque où il était devenu Frère Silencieux. En y regardant de plus près, elle voyait un homme marqué par de longues années de souffrances et de sagesses.

-C'est permanent? demanda Tessa d'une voix pleine d'espoir. Tu n'es plus enchaîné aux Frères Silencieux?

-Non, répondit-il d'un ton nerveux ; visiblement, sa réaction l'inquiétait.

-Tu as trouvé le remède?

-Non, Disons plutôt que... quelqu'un l'a trouvé pour moi.

-J'ai vue Magnus à Alicante il y a quelques mois. Nous avons parlé de toi. Il ne m'a pas dit que...

-Il l'ignorait. Ça a été une année difficile pour les Chasseurs d'Ombres. Mais de grands changements sont nés du sang et des larmes.

Il écarta les bras d'un air penaud et ajouta d'une voix un peu étonnée :

-Moi aussi, j'ai changé.

-Comment...

-Je te raconterai tout. Encore une histoire qui concerne les Lightwood, les Herondale et les Fairchild. Mais il me faudra plus d'un heure pour t'en faire le récit, et tu dois avoir froid.

Il fit mine de lui toucher l'épaule, puis parut se ressaisir et sa main retomba le long de son corps.

Tessa chercha ses mots. Elle était encore sous le choc. Oui, elle l'avait vue chaque année sur ce pont. Mais elle ne découvrait qu'aujourd'hui à quel point il avait changé. Elle avait pourtant l'impression de retrouver tout son passé : le siècle qui venait de s'écouler semblait avoir été effacé, impression qui la laissait étourdie, effrayée, transportée de joie.

-Mais... où vas-tu aller maintenant? À Idris?

Il réfléchit un instant, l'air sincèrement perplexe et si... jeune malgré son grand âge!

-Je ne sais pas, répondit-il enfin. Je n'avais jamais eu besoin de penser à l'avenir jusqu'à présent.

-Alors... un autre Institut, peut-être?

« Ne pars pas, avait-elle envie de dire. Reste. Je t'en prie. »

-Je ne crois pas que j'irai à Idris ni dans un Institut, dit-il après un silence si long qu'elle crut que ses genoux allaient se dérober sous elle s'il ne décidait pas à prendre la parole. Je n'ai pas appris à mener une vie de Chasseur d'Ombres sans Will. Je ne suis même pas sûr d'en avoir envie. Je suis toujours un parabatai, mais mon autre moitié n'est plus. Si je devais demander à un autre Institut de m'accueillir, je ne l'oublierais pas. Je ne me sentirais jamais complet.

-Alors que vas-tu...

-Cela dépend de toi.

-De moi?

La peur l'étreignit. Elle savait très bien quels mots elle voulait entendre de sa bouche, mais cela lui semblait impossible. Depuis qu'il était devenu un Frère Silencieux, chaque fois qu'ils s'étaient vus, elle l'avait trouvé lointain. Pas désagréable ni insensible, mais on eût dit qu'une vitre le séparait du reste du monde. Elle se souvenait du garçon qu'elle avait connu, qui aimait comme d'autres respirent ; ce n'était pas l'homme qu'elle avait rencontré une fois par an pendant plus d'un siècle. Elle mesurait à quel point le temps qui s'était écoulé l'avait changée. Qu'en était-il de lui? Elle ne savait pas ce qu'il voulait faire de sa nouvelle vie et, plus précisément, ce qu'il attendait d'elle. Elle avait envie de le serrer dans ses bras, de lui prendre les mains, de lui dire ce qu'il souhaitait entendre, mais elle n'osait pas. Du moins pas avant d'avoir appris ce qu'il lui voulait. Tant d'années s'étaient écoulées. Comment s'imaginer qu'il pût éprouver les mêmes sentiments?

Il regarda ses mains qui agrippaient la balustrade.

-Pendant cent trente ans, chaque heure de ma vie a été programmée. J'ai souvent réfléchi à ce que je ferais si j'étais libre et qu'on avait trouvé un remède à mon mal. Je me disais que je m'enfuirais sur-le-champ, comme un oiseau libéré d'une cage. J'étais loin de m'imaginer que je trouverais le monde si changé, si désespéré. Néanmoins, je voulais survivre, et pour une seule raison.

-Laquelle?

En guise de réponse, il tendit la main vers son bracelet de perles, qu'il effleura de ses doigts.

-C'est le cadeau de mariage que tu as reçu pour ton trentième anniversaire de mariage. Tu le portes encore.

Tessa avait la gorge nouée et son pouls battait à toute allure. Elle mit quelques secondes à s'apercevoir qu'elle était nerveuse ; cela faisait si longtemps, qu'elle avait presque oublié cette sensation.

-Eh oui, dit-elle.

-Depuis Will, tu as aimé quelqu'un d'autre?

-Tu ne connais pas la réponse à cette question?

-Je ne parle pas d'amour filial ni d'amitié. Tessa, tu as très bien compris ce que je te demande.

-Non, dit-elle. J'ai besoin de t'entendre le dire.

-Nous devions nous marier. Et pendant un siècle et demi, je n'ai jamais cessé de t'aimer, malgré tes sentiments pour Will. Je vous ai vue ensemble pendant toutes ces années. J'ai bien conscience de la force de votre amour, et je sais qu'en comparaison les autres histoires, y compris celle que nous avons vécue dans notre jeunesse, doivent sembler bien fades. Tu as eu une vie entière avec lui, Tessa. Des enfants. Des souvenirs que je ne peux espérer... (Il s'interrompit soudain, puis reprit en lâchant son poignet :) Non, je ne peux pas. J'ai été bête de croire... Tessa, pardonne-moi.

Et à ces mots, il tourna les talons et se fondit dans la foule qui traversait le pont.

Il fallut quelques secondes à Tessa pour se remettre de son choc, mais cela suffit à le perdre de vue. Elle s'appuya au parapet pour ne pas chanceler. La pierre était froide sous ses doigts, comme la nuit où ils étaient venus là pour la première fois. Jem était le premier à qui elle avait confié sa plus grande crainte : que son pouvoir le rendre inhumaine. « Vous êtes humaines au sens noble du terme, avait-il répondu. Et c'est tout ce qui compte. »

Elle se remémora le charmant jeune homme, pourtant malade, qui avait pris le temps de réconforter une jeune fille effrayée qu'il ne connaissait pas, sans penser à évoquer ses propres peurs. Bien sûr qu'il avait laissé son empreinte dans sa vie. Comment aurait-il pu en être autrement?

Elle repensa au jour où, les mains tremblantes, il lui avait offert le pendentif de jade de sa mère. Elle repensa à leur baiser dans une voiture. Elle repensa au soir où, dans une chambre éclairée par la lune, elle avait vu un garçon debout devant la fenêtre, qui jouait sur son violon la plus belle des mélodies.

« Will, avait-il dit. C'est toi, Will? »

« Will. » Son cœur hésita. Elle repensa à la mort de Will, au chagrin, aux longues nuits de solitude. Pendant des années, chaque matin, elle l'avait cherché dans un demi-sommeil ; comme il lui avait fallu du temps pour s'habituer au fait que son côté du lit serait toujours vide! Il y avait aussi eu tous ces moments où, songeant à quelque plaisanterie, elle s'était tournée pour la partager avec lui, et n'avait trouvé personne près d'elle. Ces moments où, assise seule à la table du petit déjeuner, elle s'était rendu compte qu'elle avait oublié la couleur précise de ses yeux ou la sonorité de son rire ; comme la musique de Jem, ils s'étaient perdus dans le monde silencieux des souvenirs.

Jem était mortel, désormais. Il vieillirait comme Will, et comme Will il mourrait ; or, Tessa n'était pas sûr de pouvoir supporter une autre perte.

Et pourtant.

« La plupart des gens s'estiment heureux de connaître le grand amour ne serait-ce qu'une fois dans leur vie. Vous, vous avez la chance de l'avoir trouvé deux fois. »

Sans réfléchir, elle s'élança parmi la foule, bousculant des étrangers, marmonnant des excuses lorsqu'elle donnait un coup de coude ou écrasait malencontreusement le pied d'un passant. Elle traversa le pont à toute allure et s'arrêta net en atteignant l'escalier étroit qui menait aux eaux de la Tamise.

Elle dévala quatre à quatre les marches en manquant glisser sur la pierre mouillée. L'escalier débouchait sur un quai en ciment protégé par un garde-fou. Le fleuve était haut, l'eau venait clapoter contre le quai et une odeur de vase flottait dans l'air.

Appuyé au garde-fou, Jem contemplait les flots, les mains dans les poches, les épaules voutées comme s'il luttait contre une bourrasque. Il regardait droit devant lui, le regard fixe, l'air absorbé dans ses pensées, si bien qu'il ne parut pas l'entendre quand elle surgit derrière lui, elle le saisit par la manche et il se retourna.

-Qu'est-ce que tu essayais de me dire, Jem? demanda-t-elle, hors d'haleine.

Il écarquilla les yeux. Il avait les joues roses d'avoir couru, à moins qu'il ne s'agît du froid. Il la dévisagea comme s'il avait affaire à une plante bizarre qui venait de pousser devant lui.

-Tessa... Tu m'as suivi?

-Bien sûr! Tu t'es enfui au beau milieu d'une phrase!

-Elle était mal formulée.

Il fixa le sol puis releva les yeux vers elle avec un sourire en coin. Des souvenirs ressurgirent dans la mémoire de Tessa : le sourire de Jem éclairait toujours son visage comme un rayon de soleil.

-Je n'ai jamais été doué avec les mots, reprit-il. Si j'avais mon violon, je te jouerais ce que je voulais te dire.

-Essaie quand même.

-Je... je ne suis pas certain d'y arriver. J'avais préparé cinq ou six discours, et ils se sont tous mélangés dans ma tête.

Tessa lui prit doucement les poignets.

-Eh bien, moi je me débrouille avec les mots, dit-elle. Alors c'est à moi de te poser des questions.

Il ôta les mains de ses poches et la laissa serrer ses poignets, tout en la regardant à travers ses cheveux noirs qu'ébouriffait le vent soufflant du fleuve. Une dernière mèche argentée contrastait avec le reste de sa chevelure sombre.

-Tu m'as demandé si j'avais aimé quelqu'un d'autre que Will, et la réponse est oui, poursuivit Tessa. Je t'ai toujours aimé et je t'aimerai toujours.

Il étouffa une exclamation de surprise. Son pouls battait à tout rompre dans sa gorge.

-On dit qu'il est impossible d'aimer deux personnes à la fois. Et c'est peut-être vrai pour les autres. Mais Will et toi, vous n'êtes pas comme tout le monde. Vous étiez incapables de jalousie l'un envers l'autre, et vous n'auriez jamais pu imaginer que mon amour pour l'un puisse être amoindri par mon amour pour l'autre. Vos âmes ont fusionné quand vous étiez enfants. Je n'aurais jamais pas pu aimer autant Will si je ne t'avais pas aimé aussi, et vice versa.

Ses doigts encerclaient toujours ses poignets, juste sous les manches de son sweat. Elle avait presque oublié ce que c'était de toucher quelqu'un d'autre. D'un geste hésitant, elle écarta le col de sa chemise pour lui montrer le pendentif en jade qu'il lui avait offert voilà si longtemps. L'inscription gravée au dos du bijou brillait comme au premier jour : Lorsque deux êtres ne font qu'un, ils peuvent même vaincre le fer ou le bronze.

-Tu te souviens que tu me l'avais laissé? dit-elle. Il ne m'a jamais quittée.

-Tu l'as porté pendant toutes ces années? demanda-t-il dans un souffle. Je ne savais pas.

-Je craignais qu'en l'apprenant tu t'imagines que j'avais vis-à-vis de toi des attentes auxquelles tu ne pouvais pas répondre.

Il resta silencieux un long moment. Tessa entendait le clapotis du fleuve et la circulation au loin. Il lui semblait même percevoir le bruissement des nuages dans le ciel. Elle attendit, suspendue aux lèvres de Jem.

-Être un Frère Silencieux, c'est voir tout et rien à la fois, dit-il enfin. Je pouvais voir la grande carte de la vie qui s'étalait devant moi, les courants du monde et, bientôt, l'existence humaine m'est apparue comme un mystère qui se jouait au loin. Quand ils m'ont pris mes runes et que j'ai pu quitter la confrérie, j'ai eu l'impression de me réveiller d'un long rêve. Il me semblait que la paroi de verre qui me séparait du reste de l'humanité avait volé en éclats. Je me sentais assailli par toutes sortes d'émotions en même temps. C'était toute l'humanité que l'on m'avait ôtée qui me revenait brusquement. Mais si je ne t'avais pas connue, Tessa, si tu n'avais pas été mon ancrage et mon guide lors de ces retrouvailles annuelles, je ne sais pas si j'aurais pu revenir parmi les vivants.

Les yeux sombres de Jem brillaient, et le cœur de Tessa battait la chamade dans sa poitrine. Elle n'avait jamais aimé que deux hommes au cours de sa longue existence, et elle m'aurait jamais pensé revoir le visage de l'un deux.

-Mais tu es revenu, murmura-t-elle. C'est un miracle. Tu te souviens de ce que je t'ai dit un jour à ce sujet?

À ces mots, il sourit.

- « On ne questionne pas les miracles, pas plus qu'on ne se plaint de ce qu'Il ne soient pas tout à fait conforme à nos désirs. » Je suppose que c'est vrai. J'aurais aimé revenir plus tôt vers toi. J'aurais aimé rester le même qu'à l'époque où nous étions fiancés. J'ai peur que les années aient fait de moi quelqu'un d'autre.

Tessa scruta son visage. Elle entendait le ronronnement ténu de la circulation, mais ici, au bord du fleuve, elle pouvait presque s'imaginer qu'elle était redevenue la fille d'alors, et que l'air saturé de brouillard empestait la fumée tandis que résonnait au loin le bruit du chemin de fer...

-Moi aussi, j'ai changé, dit-elle. Je suis devenue mère et grand-mère, et j'ai vu mes proches mourir un par un. Tu parles des courants du monde, moi aussi je les ai sentis. Si j'étais encore la jeune fille que tu as connue, je n'aurais pas pu t'ouvrir mon cœur aussi librement. Je n'aurais pas pu te faire cette proposition.

Il lui caressa la joue, et une lueur d'espoir s'alluma dans ses yeux.

-Quelle proposition?

-Reste avec moi. Vois le monde avec moi. J'ai beaucoup voyagé, mais il me reste tant à découvrir, et je ne voudrais le partager avec personne d'autre que toi. J'irais n'importe où avec toi, James Cartairs.

Jem suivit du doigt l'arc de sa pommette, et elle frissonna. Cela faisait si longtemps qu'on ne l'avait pas regardée ainsi!

-J'ai l'impression de rêver, dit-il d'une voix rauque. Cela fait si longtemps que je t'aime. Comment cela peut-il être vrai?

-C'est l'un des grands moments de vérité de ma vie, dit Tessa. Veux-tu venir avec moi? J'ai hâte de parcourir le monde avec toi, Jem. Il y tant à découvrir.

Tessa n'aurait su dire qui fit le premier par, toujours est-il que, quelques instants plus tard, il la serrait dans ses bras en murmurant : « Oui, bien sûr, oui », la bouche dans ses cheveux. Maladroitement, il chercha ses lèvres ; elle perçut sa nervosité, le poids de tant d'années séparant leur dernier baiser de celui-ci. Les mains nouées autour de son cou, elle l'attira contre elle en chuchotant : « Bie Zhao ji. » « Ne t'inquiète pas. » Elle embrassa d'abord sa joue, la commissure de sa bouche puis pressa ses lèvres contre les siennes. Les souvenirs affluèrent, brouillant ses sens : sa maigreur de jadis, ses épaules saillantes sous le tissu fin de ses chemises. À présent, elle sentait le muscle solide sous ses doigts et la vie qui battait dans son corps plaqué contre le sien.

Elle avait vaguement conscience qu'au dessus d'eux les passants traversaient toujours le pont de Blackfriars et que certains d'entre eux les observaient sans doute avec curiosité, mais elle ne s'en souciait pas ; après tant d'années, elle savait que ce qui comptait, c'était Jem, les battements frénétiques de son cœur, la grâce de ses mains posées sur son visage, la douceur de ses lèvres sur les siennes. Pour la première fois depuis longtemps, elle sentait son cœur s'ouvrir, et l'amour n'était plus un souvenir.

Non, la dernière chose dont elle se souciait, c'était que les passants regardent ce garçon et cette fille qui s'embrassaient au bord du fleuve tandis que la ville, ses quartiers, ses tours, ses églises, ses ponts et ses rues tournaient autour d'eux comme le souvenir d'un rêve.

Et si la Tamise coulant près d'eux, éternelle et miroitante dans la lumière de l'après-midi, leur rappelant une nuit lointaine où la lune brillait avec l'intensité d'une pièce de monnaie sur ce même garçon et cette même fille, ou si les pavés du pont Blackfriars, reconnaissant leur pas, leur murmuraient à l'oreille : « Enfin, la boucle est bouclée », pour eux, c'était encore la première fois.

(Épilogue)

Afficher en entier

- Et qui est ce jeune homme ?

- Oh, répondit Will avec un grand sourire. Voici... l'ami de Cecily, Mr Gabriel Lightworn*.

Gabriel, qui s'apprêtait à serrer la main de Mr.Herondale, se figea, horrifié.

- Lightwood, bredouilla-t-il. Gabriel Lightwood...

- Will! s'exclama Cecily en jetant un regard noir à son frère.

Will lança un coup d'œil à Tessa, les yeux brillant de malice. Elle ouvrit la bouche pour le réprimander, comme Cecily venait de le faire, mais il était trop tard : elle avait déjà éclaté de rire.

* Worm signifie 《 ver 》.

Afficher en entier

-Quoi, le consul, à l'heure du petit déjeuner ? Et la prochaine fois ? Un thé avec l'inquisiteur ? Un pique-nique avec les frères silencieux ?

-Nous leur servirions de la tourte au canard, ajouta Jem à mi-voix, et les deux garçons échangèrent un bref sourire de connivence avant que le consul entre dans la pièce.

Afficher en entier

"Will laissa tomber ses couverts dans son assiette.

- Quoi, le Consul, à l'heure du petit déjeuner ? Et la prochaine fois ? Un thé avec l'Inquisiteur , Un pique-nique avec les Frères Silencieux ?

- Nous leur servirions de la tourte au canard, ajouta Jem à mi-voix, et les deux garçons échangèrent un bref sourire de connivence avant que le Consul entre dans la pièce."

Afficher en entier

Chaque rencontre recelait la tristesse des adieux, mais toute séparation s'accompagnait de la joie de s'être connu.

Afficher en entier

-Cecy, qu'est ce que tu fais ici? demanda Will.

Elle fit un pas vers lui puis s'immobilisa, les yeux fixés sur ses pieds nus.

-Je pourrais te poser la même question.

-J'aime parler aux chevaux à la nuit tombée. Le compagnie m'est agréable. Tu ne devrais pas sortir en chemise de nuit. Dois-je te rappeler que les couloirs sont infestés de Lightwood?

-Très drôle.

Afficher en entier

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode