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PAGE 439

Avec la stèle que lui avait donnée Patrick Penhallow, Clary traça la rune que l'ange lui avait montrée sur le marbre d'une marche, et les lignes scintillèrent comme de l'or. C'était une rune puissante, simple et complexe à la fois, composée de courbes chevauchant une matrice de lignes droites. Clary savait maintenant pourquoi elle lui avait semblé inachevée lorsqu'elle l'avait visualisée la première fois : il lui fallait une rune jumelle pour fonctionner. « Covenant. C'est comme ça que je l'ai baptisé. »

Muette d'étonnement, Jocelyne regarda les lignes noires qu'avait laissées la rune sur la pierre.

-Quand j'étais jeune, dit-elle enfin, je me suis battue de toutes mes forces pour réconcilier les Chasseurs d'Ombres et les Créatures Obscures afin de protéger les Accords. J'avais l'impression de pourchasser un rêve, quelque chose d'à peine imaginable pour la plupart des Chasseurs d'Ombres. Tu as fait de ce rêve une réalité. J'ai compris quelque chose en t'observant dans la salle. Pendant toute ces années, j'ai tenté de te protéger en t'empêchant de sortir. C'est pour ça que je ne voulais pas que tu ailles au Pandémonium. Je savais que, là-bas, les Créatures Obscures se mêlaient aux Terrestres, et cela signifiait qu'il y avait aussi des Chasseurs d'Ombres. Je m'imaginais que c'était ton sang qui t'attirait dans cet endroit, ton instinct qui reconnaissait le Monde Obscur, alors même que je t'avais privée de la Seconde Vue. Je pensais que tu serais en sécurité si je te cachais l'existence de ce monde. Il ne m'est jamais venu à l'esprit que je pourrais te protéger en t'apprenant à te battre. Pourtant, tu étais assez forte pour supporter la vérité. Tu veux toujours l'entendre ?

-Je ne sais pas.

Clary songea aux visions terrible que l'ange lui avait montrées.

-D'accord, je t'en veux de m'avoir menti. Mais d'un autre côté, je ne suis pas sûre de vouloir entendre d'autres horreurs.

-J'ai parlé à Luke. Il pense que tu devrais connaître toute l'histoire, y compris les détails que je n'ai racontés à personne, même pas à lui. Je ne peux pas nier que la vérité n'est pas toujours agréable à entendre. Mais c'est la vérité.

« La loi est dure mais c'est la loi. » Clary devait autant à Jace qu'à elle-même de connaître le fin mot de l'histoire. Elle serra la stèle dans sa main ?

-Je veux tout savoir.

-Tout… (Jocelyne prit une grande inspiration.) Je ne sais même pas par où commencer.

-Pourquoi ne pas m'expliquer pourquoi tu as épousé ce monstre ?

-Ce n'est pas un monstre, c'est un homme. Un homme mauvais, certes. Si tu tiens vraiment à savoir pourquoi, c'est parce que je l'aimais.

-C'est impossible. Qui peut aimer cet homme-là ?

-J'avais ton âge quand je suis tombée amoureuse de lui. Je le trouvais parfait : brillant, intelligent, drôle, charmant. C'est ça, regarde-moi comme si j'avais perdu la tête. Tu ne connais Valentin que depuis peu. Tu ne sais pas comment il était à l'époque. Nous allions à l'école ensemble, et tout le monde l'adorait. Il dégageait une aura incroyable qu'il acceptait de partager avec quelques chanceux. Toutes les filles étaient amoureuses de lui, et j'étais persuadée de n'avoir aucune chance. Je n'avais rien d'extraordinaire. Je n'étais même pas populaire. Luke était l'un de mes plus proches amis, et je passais le plus clair de mon temps avec lui. Pourtant, sans que je parvienne à me l'expliquer, c'est moi que Valentin a choisie.

« Berk ! » songea Clary, mais elle se garda de formuler tout haut sa pensée. Peut-être était-ce la nostalgie qui perçait dans la voix de sa mère, ou ses mots concernant l'aura de Valentin. Clary s'était souvent fait la même réflexion au sujet de Jace. Peut-être que tous les gens amoureux réagissent de la sorte.

-D'accord, concéda-t-elle, j'ai pigé. Mais tu avais seize ans à l'époque. Rien ne t'obligeait à l'épouser.

-J'avais dix-huit ans lorsqu'on s'est mariés. Lui dix-neuf, précisa Jocelyne d'un ton égal.

Oh, la la, fit Clary, horrifiée. Tu me tuerais se je décidais de me marier au même âge.

-Sûrement, admit Jocelyne. Mais les Chasseurs d'Ombres ont tendance à convoler plus tôt que les Terrestres. Leur… notre espérance de vie est plus courte ; beaucoup d'entre nous connaissent une mort coces. Quand bien même, j'étais jeune pour me marier. Pourtant, ma famille était heureuse pour moi. Tout le monde pensait que Valentin était un garçon formidable. Et il n'était qu'un adolescent, lui aussi. La seule à m'avoir mise en garde, c'était Madeleine. Nous nous connaissions depuis l'école, et lorsque je lui ai annoncé mes fiançailles, elle m'a dit que Valentin était égoïste, détestable, et que son charme dissimulait une absence terrible de mortalité. J'ai pensé qu'elle était jalouse.

-C'était le cas ?

-Non, elle disait la vérité. Seulement, je ne voulais pas l'entendre.

-Mais, par la suite, tu as regretté de l'avoir épousé, n'est-ce pas ?

-Clary, murmura Jocelyne d'un ton las. Nous étions heureux. Les premières années, du moins ? Nous sommes retournés vivre chez mes parents, dans le manoir où j'avais grandi. Valentin ne voulait pas rester en ville, et il tenait aussi à ce que les autres membres du Cercle se tiennent à l'écart d'Alicante et de l'Enclave. Les Wayland habitaient un manoir à quelques kilomètres du nôtre, et nous comptions d'autres amis parmi nos voisins : les Lightwood, les Penhallow. C'était un peu comme être au centre du monde, avec cette effervescence, cette passion autour de nous, et je vivais tout cela au côté de Valentin. Il me sonnait une grande place dans sa vie. J'étais même un élément crucial du Cercle. Je faisais partie des rares personnes dont il respectait l'opinion. Il me répétait sans cesse que, sans moi, il n'était rien.

-Ah bon ?

Clary n'arrivait pas à se représenter Valentin sous un jour aussi… vulnérable.

-Il mentait, bien sûr. Valentin était né pour devenir chef, pour être au centre d'une révolution. De plus en plus de gens se ralliaient à sa cause. Ils étaient fascinés par sa passion, son éloquence. Il parlait peu des Créatures Obscures à cette époque. Il ne songeait qu'à réformer l'Enclave, à changer des lois qu'il trouvait obsolètes, rigides et mauvaises. À son sens, il devait y avoir davantage de Chasseurs d'Ombres et d'Instituts. Plutôt que de nous cacher, nous devions concentrer nos efforts sur la lutte contre les démons. Selon lui, il nous fallait marcher au grand jour, la tête haute. Elle était séduisante, sa vision : un monde peuplé de Chasseurs d'Ombres et débarrassé des démons, avec en prime la gratitude des Terrestres. Nous étions jeunes ; pour nous, la reconnaissance était importante.

Jocelyne prit une grande inspiration, comme si elle s'apprêtait à plonger sous l'eau.

-Puis je suis tombé enceinte.

Clary sentit un frisson lui parcourir la nuque et, soudain, sans s'expliquer pourquoi, elle n'eut plus très envie d'entendre la vérité de la bouche de sa mère.

-Maman…

Jocelyne secoua obstinément la tête.

-Tu m'as demandé pourquoi je ne t'ai jamais révélé que tu avais un frère, non ? J'étais tellement heureuse quand je l'ai su ! Quant à Valentin, il avait toujours voulu être père. Il souhaitait faire de son fils un guerrier, lui inculquer ce que son propre père lui avait appris. « Et si c'est une », protestais-je, et il ajoutait en souriant qu'une fille pouvait se battre aussi bien qu'un garçon, et qu'il serait rave dans l'un ou l'autre cas. J'avais l'impression que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

« Puis Luke a été mordu par un loup-garou. Il paraît qu'il y a une chance sur deux pour que la morsure entraîne un cas de lycanthropie. À mon avis, c'est plutôt une chances sur quatre. J'ai rarement vu quelqu'un échapper au mal, et Luke ne fut pas une exception. Lors de la pleine lune suivante, il s'est transformé. Au matin, je l'ai trouvé sur le pas de notre porte, couvert de sang, les vêtements en lambeaux. J'ai voulu le réconforter, mais Valentin m'a poussée à l'intérieur. « Jocelyne, m'a-t-il dit. Le bébé. » Comme si Luke allait se jeter sur moi pour arracher l'enfant de mes entrailles ! Il était resté le même. Après m'avoir écartée, Valentin l'a emmené dans les bois. Quand il est revenu beaucoup plus tard, il était seul. Lorsque je l'ai questionné, il m'a répondu que Luke s'était suicidé dans un accès de désespoir.

Après toutes ces années, le chagrin dans la voix de Jocelyne était encore perceptible, alors même qu'elle savait Luke toujours en vie. Cependant, Clary se rappelait son propre désespoir quand elle avait tenu dans ses bras un Simon agonisant sur les marches de l'Institut. Certains souvenirs ne s'effaçaient pas.

-Mais il a donné un couteau à Luke, objecta-telle d'une petite voix. Il a forcé le mari d'Amatis à demander le divorce parce que son frère était devenu un loup-garou.

-Je n'étais pas au courant. Après la mort de Luke, je suis tombée dans une spirale. Je passais des journées entières enfermée dans ma chambre à dormir. Je ne mangeais que pour le bébé. Les Terrestres auraient diagnostiqué une dépression, mais les Chasseurs d'Ombres ne connaissent pas ce terme. Valentin croyait que je vivais une grossesse difficile. Il racontait à tout le monde que j'étais malade. Et c'était le cas : je ne fermais pas l’œil de la nuit, j'entendais des bruits étranges, des cris déchirants. Valentin me faisait boire des potions pour dormir, mais elles me donnaient des cauchemars. Dans ces rêves, il me maintenait à terre pour me poignarder ou me faite avaler du poison. Au matin, j'étais épuisée et je devais dormir toute la journée. Je n'avais aucune idée de ce qui se passait dehors, j'ignorais qu'il avait forcé Stephen à divorcer d'Amatis pour épouser Céline. J'errais dans un brouillard. Puis…

Jocelyne tordit ses mains qui tremblaient.

-Puis l'enfant est né.

Elle resta silencieuse si longtemps que Clary en vint à se demander si elle achèverait son récit. Les yeux perdus dans le vagu, elle pianotait nerveusement sur ses genoux.

-Ma mère était avec moi ce jour-là, reprit-elle enfin. Tu ne l'as pas connue. Ta grand-mère était une femme d'une bonté exeptionnelle. Tu l'aurais aimée, je crois. Elle m'a tendu mon fils, et d'abord j'ai seulement pensé que mes bras étaient faits pour lui, que la couverture dans laquelle il était enveloppé était douce au toucher. Il était si petit, se frêle, avec une touffe de cheveux clairs au sommet du crâne. Puis il a ouvert les yeux.

Jocelyne s'exprimait d'une voix calme, presque monocorde, et pourtant Clary se surprit à trembler et à redouter ce qui allait suivre. « Tais-toi », l'implora-t-elle en silence. Mais Jocelyne poursuivit, imperturbable :

-L'horreur m'a submergée. Au prix d'un immense effort, j'ai réprimé l'envie de le jeter au loin en hurlant. Il paraît qu'une mère reconnaît son enfant d'instinct. Je suppose que le contraire est également vrai. Tout mon corps me criait que ce n'était pas mon bébé mais une créature horrible, inhumaine. Comment était-il possible que ma mère ne s'en soit pas aperçue ? Elle me souriait comme si tout était parfaitement normal. « Son nom est Jonathan », a dit une voix du seuil de la chambre. Levant les yeux, j'ai vu Valentin qui contemplait la scène d'un air radieux. Le bébé a rouvert les yeux, comme s'il reconnaissait son prénom. Il n'exprimaient aucune humanité.4 Un long silence s'installa. Figée d'horreur, Clary considéra sa mère bouche bée. « C'est de Jace qu'elle parle, songea-t-elle. Comment peut-on éprouver un tel dégoût vis-à-vis d'un nouveau-né ? »

-Tu étais peut-être sous le choc, murmura-t-elle. Ou tu étais malade…

-C'est ce qu'il m'a dit, répliqua Jocelyne d'une voix dépourvue d'émotion. Que j'étais malade. Valentin adorait Jonathan. Il ne comprenait pas ce qui m'arrivait. Et je savais qu'il avait raison. J'étais un monstre de ne pas supporter mon propre fils. J'ai pensé mettre fin à mes jours. Je l'aurais peut-être fais si je n'avais pas reçu un message de Ragnor Fell. Ce sorcier avait toujours été proche de ma famille ; c'était à lui que nous faisions appel quand il nous fallait un sortilège de guérison. Il avait découvert que Luke était devenu le chef d'une meute de loups-garous dans la forêt de Brocelinde, prés de la frontière orientale. J'ai brûlé son message après l'avoir lu. J'étais sûre que Valentin ignorait tout de cette histoire. Mais ce n'est qu'en arrivant au campement des lycanthropes et en voyant Luke sain et sauf devant moi que j'ai su avec certitude que Valentin m'avait menti. C'est alors que j'ai commencé à le haïr.

-Mais d'après Luke, tu savais déjà que quelque chose ne tournait pas rond chez lui, et qu'il manigançait quelque chose. Il dit que tu le savais avant sa Transformation.

Pendant un moment, Jocelyne ne répondit pas.

-Tu sais, Luke n'aurait pas dû être mordu. Cela n'aurait pas dû se produire. C'était une patrouille de routine dans les bois, il était parti seul avec Valentin…

-Maman…

-Selon Luke, je lui ai dit que j'avais peur de Valentin avant sa Transformation. Je lui ai aussi confié que j'entendais des hurlements à travers les murs du manoir et que j'avais des soupçons. Connaissant Luke, il a dû questionner Valentin à ce sujet le lendemain même. La nuit suivante, Valentin l'a emmené patrouiller avec lui, et il a été mordu. Je crois… Je crois que Valentin, d'une façon ou d'une autre, m'a fait oublier ce que j'avais vu. Il m'a convaincue que ce n'étaient que des cauchemars. Et, à mon avis, il a fait en sorte que Luke soit mordu cette nuit-là. Je crois qu'il a voulu l'éliminer ; ainsi, personne ne pourrait me rappeler que j'avais peur de mon époux. Mais, sur le moment, je ne m'en suis pas rendu compte. Lors de ces retrouvailles, Luke et moi n'avons pas eu beaucoup de temps pour discuter. Je mourais d'envie de lui parler de Jonathan, mais je ne pouvais pas. C'était mon fils malgré tout. Pourtant, le simple fait de voir Luke m'a redonné courage. Je suis rentrée chez moi en me persuadant que je devais fournir de nouveaux efforts avec Jonathan, qu'avec le temps j'apprendrai à l'aimer.

« Cette nuit-là, j'ai été réveillée par des pleurs de bébé. Je me suis redressée brusquement dans mon lit. J'étais seule dans la chambre. Valentin assistant à une réunion du Cercle, je n'avais personne avec qui partager mon étonnement. Car, vois-tu, Jonathan ne pleurait jamais. Son silence était l'une des choses qui me déroulaient le plus chez lui. Je me suis précipitée dans sa chambre : il dormait paisiblement. Et cependant, j'entendais toujours un enfant pleurer. J'en étais certaine. Dévalant l'escalier, j'ai suivi les pleurs que semblaient provenir de la cave, mais la porte était verrouillée ; cette cave ne servait jamais. Par chance, comme j'avais grandi dans le manoir, je savais où mon père cachait la clé…

Jocelyne ne regardait pas Clary tandis qu'elle parlait. Elle semblait perdue dans ses souvenirs.

-Je ne t'ai jamais raconté l'histoire de Barbe-Bleue quand tu étais petite, n'est-ce pas ? Il avait ordonné à sa femme de ne jamais entrer dans la pièce fermée à clé. Elle a désobéi et trouvé les restes de toutes ses précédentes épouses qu'il avait assassinées. En ouvrant cette porte, je n'avais aucune idée de ce que je trouverais derrière. Si je devais tout recommencer, trouverais-je la force de tourner à nouveau cette clé et d'avancer dans les ténèbres en me guidant avec ma pierre de rune ? Je l'ignore, Clary.

« L'odeur… Oh, l'odeur là-dedans était épouvantable. Une odeur de sang, de mort et de pourriture. Valentin avait creusé un espace sous le sol de cette cave qui servait jadis à entreposer le vin. Ce n'était pas un enfant que j'avais entendu pleure. Dans les cellules qu'il avait aménagées étaient emprisonnées toutes sortes de créatures : des démons attachés avec des chaînes en électrum se tordaient de douleur en gargouillant. Mais j'ai trouvé bien pire : des cadavres de Créatures Obscures à différents stade de décomposition. Des loups-garous, le corps à moitié dissous par de la poudre d'argent. Des vampires, la tête immergée dans de l'eau bénite. Des elfes dont la peau avait été transpercée de flèches en fer froid.

« M^me maintenant, je n'arrive pas à le voir comme un tortionnaire. Il semblait poursuivre un but scientifique. Il y avait des carnets accrochés à l'entrée de chaque cellule, retraçant par le détail ses expériences, combien de temps il avait fallu à chaque créature pour mourir. Il y avait là un vampire dont il avait brûlé la peau de façon répétitive pour déterminer jusqu'à quel point la pauvre créature pouvait se régénérer. Il était difficile de lire ses notes sans tourner de l’œil ou être pris de nausée.

« Il y avait une page consacrée aux expériences qu'il avait faites sur lui. Il avait lu quelque part que le sang démoniaque pouvait décupler les pouvoirs que les Chasseurs d'Ombres acquièrent à leur naissance. Il avait tenté de s'injecter du sang, dans autre résultat que de se rendre malade. Il était donc parvenu à la conclusion qu'il était trop vieux pour que le sang l'affecte et qu'il devait être administré à un enfant pour faire totalement effet, de préférence alors qu'il était encore dans le ventre de sa mère.

« En travers de la page où figuraient ses conclusions, il avait griffonné une série de notes dont le titre attira mon attention. C'était mon nom. Jocelyne Morgenstern.

« Je me souviens que mes doigts tremblaient tandis que je tournais les pages et que les mots s'imprimaient dans mon esprit. « Jocelyne a de nouveau bu ma porion ce soir. Pas de changements visible, mais là encore c'est l'enfant qui m'inquiète… Avec les infusions d'ichor que je lui ai données à intervalles réguliers il se pourrait qu'il soit capable de toutes les prouesses… Hier soir, j'ai entendu son cœur battre plus fort qu'aucun cœur humain. J'ai pensé à une énorme cloche sonnant le glas de la vieille garde et annonçant l'avènement d'une nouvelle race de Chasseurs d'Ombres. En mêlant le sang des anges à celui des démons, je pourrai créer des pouvoirs inimaginables, susceptibles de surpasser ceux des Créatures Obscures... »

« Et ainsi de suite, sut des pages entières. Je feuilletais mentalement les potions que Valentin m'avait données à boire chaque soi, les cauchemars dans lesquels il me poignardait, m'étranglait, m'empoisonnait. En réalité, ce n'était pas moi qu'il avait empoisonnée. C'était Jonathan. Jonathan, qu'il avait transformé en une espèce de demi-démon. Et c'est alors, Clary, que j'ai compris qui était vraiment Valentin.

Clary chercha son souffle. Si horrible soit-il, ce récit concordait parfaitement avec la vision qu'Ithuriel lui avait montrée. Elle ne savait plus trop qui elle devait plaindre le plus, sa mère ou Jonathan. Jonathan -qu'elle ne pouvait associer à Jace, pas avec les mots de sa mère encore frais dans son esprit – privé d'humanité par un père plus disposé à assassiner des Créatures Obscures qu'à protéger sa propre famille.

-Pourtant… tu n'es pas partie, n'est-ce pas ? demanda Clary d'une petite voix.

-Je suis restée pour deux raison, confessa Jocelyne. La première étant l'Insurrection. Ce que j'ai découvert dans la cave cette nuit-là m'a tirée de ma léthargie. J'ai enfin vu ce qui se passait autour de moi. Une fois que j'ai compris ce que manigançait Valentin, c'est-à-dire le massacre systématique de toutes les Créatures Obscures, j'ai décidé de l'en empêcher ? J'ai commencé à rencontrer Luke en secret. Je ne pouvais pas lui révéler ce que Valentin nous avait fait subir, à moi et à notre enfant. Cela ne servirait qu'à le rendre fou de rage ; il ne songerait plus qu'à tuer Valentin et y laisserait sans doute la vie. En outre, personne ne devait savoir ce qui était arrivé à Jonathan. Malgré tout, il restait mon fils. Cependant, j'ai parlé à Luke des atrocités que j'avais vues dans la cave et de ma conviction que Valentin avait perdu la tête. Ensemble, nous avons projeté de déjouer l'Insurrection ? Je sentais que je le devais, Clary. C'était en quelque sorte une expiation, le seul moyen que j'avais trouvé de payer pour avoir rejoint le Cercle et m'être fiée à cet homme-là.

-Et il n'en a rien su ? Il n'a pas découvert que tu complotais contre lui ?

Jocelyne secoua la tête.

-Quand on aime, on fait confiance. Et puis à la maison, j'essayais d'agir comme si de rien n'était. Je prétendais que le dégoût que m'avait inspiré Jonathan à sa naissance m'était passé. Je l'emmenais chez Maryse Lightwood, je le laissais jouer avec son petit garçon, Alec. Parfois, Céline Hérondale se joignait à nous ; elle était enceinte à cette époque. « Ton mari est si gentil, disait-elle. Il s'inquiète beaucoup pour Stephen et moi. Il me donne des potions et des mixtures pour le bébé ; elles sont formidable.

-Oh fit Clary. Oh, mon Dieu !

-C'est ce que j'ai pensé, déclara Jocelyne d'un air sombre. J'aurais voulue lui expliquer qu'elle ne devait pas se fier à Valentin ni accepter le moindre de ses cadeaux, mais c'était impossible. Son époux était le plus proche ami du mien, et elle m'aurait trahi dans la seconde. Alors je me suis tue. Par la suite…

-Elle s'est tuée, acheva Clary, se rappelant soudain cette histoire. Mais… c'est à cause de ce que Valentin lui a fait ?

Jocelyne secoua la tête.

-Honnêtement, je ne crois pas. Stephen a été tué lors d'un rais, et elle s'est ouvert les veines en apprenant la nouvelle. Elle était enceinte de huit mois. Elle s'est vidée de son sang… (Elle se tut avant de reprendre:) C'est Hodge qui a découvert son corps. Valentin m'a semblé sincèrement affligé par ces deux pertes. Il a disparu pendant une journée entière, et il est revenu l’œil hagard, la démarche hésitante. D'une certaine manière, je me réjouissais de le voir aussi distrait. Au moins, il ne prêtait pas attention à moi. À mesure que les jours passaient, je tremblait de plus en plus à l'idée qu'il découvre la conspiration dont il était l'objet et qu'il me torture pour obtenir la vérité : qui faisait partie de notre alliance secrète ? Qu'avais-je révélé de ses projets ? Je me demandais si je pourrais endurer la torture. Je craignais fortement de ne pas en être capable. Je me suis finalement résolue à prendre des mesures pour que cela n'arrive pas. J'ai fait part à Fell de mes craintes et il a fabriqué une potion pour moi…

-La potion du Livre Blanc. Comment a-t-il atterri dans la bibliothèque des Wayland ?

-Je l'ai caché là le soir d'une fête, expliqua Jocelyne avec un sourire en coin. Je n'ai pas voulu en parler à Luke ; je savais que cette idée ne lui plairait pas. Le problème, c'est que toutes mes autres connaissances faisaient partie du Cercle. J'ai envoyé un message à Ragnor, mais il s'apprêtait à quitter Idris et refusait de me dire quand il serait de retour. Il prétendait qu'on pourrait toujours le joindre en cas d'urgence… mais par quel moyen ? Pour finie, je me suis aperçue qu'il y avait encore quelqu'un à qui je pouvais me confier, une personne qui détestait assez Valentin pour ne pas me trahir. J'ai donx écrit une lettre à Madeleine pour lui exposer mon projet en précisant que le seul moyen de me ressusciter était de retrouver Ragnor Fell. Je n'ai jamais reçu de réponse, mais je me suis persuadée qu'elle avait compris le message. Je n'avais rien d'autre à quoi me raccrocher, de toute façon.

-Deux raisons, intervint Clary. Tu m'as dit que tu étais restée pour deux raisons. L'une était l'Insurrection. Et l'autre ?

Les yeux verts de Jocelyne trahissaient la lassitude, mais ils brillaient intensément.

-Tu n'as pas deviné ? La seconde raison, c'est que j'étais enceinte de nouveau.

-Oh, fit Clary d'une petite voix.

Les paroles de Luke lui revinrent en mémoire : « Elle attendait un autre enfant, elle le savait depuis des semaines. »

-Et ça ne t'a pas donné encore plus envie de fuir ? Reprit-elle.

-Si, répondit Jocelyne ? Mais je ne pouvais pas. Si j'avais quitté Valentin, il aurait remué ciel et terre pour me retrouver. Il m'aurait suivie jusqu'au bout du monde ; j'étais sa propriété, il ne m'aurait jamais laissé lui échapper. J'aurais peut-être pris le risque se j'avais été seule mais je ne voulais pas te mettre en danger.

Elle repoussa ses cheveux de son visage.

-Il n'existait qu'une solution pour qu'il me laisse tranquille. Il fallait qu'il meure.

Clary considéra sa mère avec surprise. Malgré sa fatigue, une lueur féroce brillait dans ses yeux.

-Je pensais qu'il serait tué au cours de l’Insurrection. Moi-même, je ne pouvais pas m'en charger. Je n'en avais pas la force. Mais je n'aurais jamais imaginé qu'il puisse survivre à la bataille. Plus tard, après l'incendie de la maison, j'ai cherché à me convaincre qu'il était mort. Je me répétais sans cesse que Jonathan et lui avaient péri dans les flammes. Mais au fond de moi, je savais… (Elle s'interrompit.) C'est de là qu'est venue ma décision. Je pensais qu'en te privant de tes souvenirs et en te cachant dans le monde terrestre, je parviendrais à te protéger. C'était stupide, j'en ai conscience à présent. Stupide et mal. Je regrette, Clary. J'espère seulement que tu pourras me pardonner. Peut-être pas maintenant, mais plus tard.

Clary s'éclaircit la voix. Elle se retenait d'éclater en sanglots depuis au moins dix minutes.

-Ce n'est rien. Mais… quelque chose m'échappe, dit-elle en triturant le tissu de son manteau. Je savais déjà plus ou moins ce que Valentin avait fait à Jace… enfin, à Jonathan. Mais tu le décris comme un monstre. Or, je t'assure, maman, Jace n'est rien de tout ça. Si tu le connaissais… si tu pouvais seulement le rencontrer…

-Clary, murmura Jocelyne en prenant la main de sa fille. J'ai d'autres révélations à te faire. Dans mon récit, je n'ai rien omis jusqu'à maintenant. En revanche, il y a des choses que je viens juste de découvrir. Et elles sont peut-être difficile à entendre.

« Pires que ce que tu m'as déjà raconté ? » songea Clary. Elle se mordit la lèvre et hocha la tête.

-Vas-y. Je préfère savoir.

-Quand Dorothea m'a révélé que Valentin avait été vu en ville, j'ai su qu'il était venu pour moi… pour la Coupe. J'ai pensé fuir, mais je ne pouvais pas me résoudre à t'expliquer pourquoi. Je ne t'en veux pas du tout d'être partie ce soir-là, Clary. J'étais soulagée que tu ne sois pas présente quand ton père… quand Valentin et ses démons ont fait irruption dans notre appartement. J'ai juste eu le temps d'avaler la potion… Je les entendais s'acharner sur la porte… (Elle se tut, la voix nouée par l'émotion.) J'espérais que Valentin me croirait morte, mais il a décidé de m'emmener à Renwick avec lui. Il a testé en vain diverses méthodes pour me réveiller. J'étais plongée dans une espèce de coma. J'avais vaguement conscience de sa présence, mais je ne pouvais ni bouger ni lui répondre. À mon avis, il n'a pas pensé une seconde que je pouvais l'entendre. Il s'asseyait à mon chevet et me parlait pendant des heures.

-Il te parlait ? De quoi ?

-De notre passé. De notre mariage. Il reconnaissait qu'il m'avait trahie. Qu'il n'avait pu aimer personne d'autre depuis. Je crois qu'il était sincère, dans une certaine mesure. C'était toujours à moi qu'il faisait part de ses doutes, de sa culpabilité et, pendant les années qui ont suivi mon départ, je ne crois pas qu'il ait eu d'autre confident. Il me semble qu'il ne pouvait pas s'empêcher de se confier à moi, même s'il savait qu'il ne le devait pas. Je pense qu'il avait simplement besoin d'épancher son cœur. On pourrait supposer que ses états d'âme portaient sur tous les pauvres gens qu'il avait transformés en Damnés et sur ses projets concernant l'Enclave. Mais il n'en était rien. C'était Jonathan qui le préoccupait.

-Comment ça ?

-Il regrettait ce qu'il avait infligé à notre fils avant sa naissance, car il savait que cela avait bien failli m'anéantir. Il avait compris que j'étais à deux doigts de me suicider à cause de Jonathan. En revanche, il ignorait que je souffrais aussi en raison de ce que j'avais découvert sur son compte. D'une manière ou d'une autre, il avait réussi à se procurer le sang d'un ange. C'est une substance quasi mythique chez les Chasseurs d'Ombres. Celui qui boit ce sang est censé acquérir une force extraordinaire. Valentin l'avait testé sur lui ; il avait découvert que non seulement il décuplait son énergie mais aussi qu'il lui apportait un sentiment de bonheur et d'euphorie chaque fois qu'il l'injectait dans ses veines. Alors il en a réduit une partie en poudre avant de le mélanger à ma nourriture dans l'espoir qu'il atténuerait mon désespoir.

« Je sais où il s'est procuré ce sang », songea Clary avec tristesse.

-Tu crois que ç'a marché ?

-Je me demande maintenant si ce n'est pas cela qui m'a donné la force de tenir et la volonté d'aider Luke à déjouer l'Insurrection. Quelle ironie si c'est le cas, étant donné les raisons qui avaient poussé Valentin à m'administrer ce sang ! Mais ce qu'il ignorait, c'est que j'étais enceinte de toi à cette époque. Si son expérience m'a peut-être affectée dans une moindre mesure, ses conséquences sur toi sont sans doute beaucoup plus importantes. Je crois que c'est de là que vient ton pouvoir sur les runes.

-C'est peut-être aussi pour ça que tu es capable de cacher la Coupe Mortelle dans une carte de tarot, ajouta Clary. Et que Valentin a pu lever la malédiction de Hodge…

-Valentin a mené quantité d'expériences sur lui-même pendant des années. Ses pouvoirs égalent presque ceux d'un sorcier. Mais, malgré tous ses efforts, il ne pouvait pas obtenir des résultats aussi extraordinaire qu'avec toi ou Jonathan, parce que vous étiez des sujets très jeunes. À mon avis, personne avant lui ne s'était servi comme cobaye d'un bébé qui n'était même pas né.

-Alors Jace… Jonathan et moi, on est vraiment des expériences ?

-En ce qui te concerne, ce n'était pas prémédité. Avec Jonathan, Valentin cherchait à créer une espèce de super guerrier, plus fort et plus rapide que les autres Chasseurs d'Ombres. À Renwick, il m'a raconté que, de ce point de vue-là, il avait réussi. Cependant, Jonathan était aussi cruel, dépourvu de morale et d'émotions. Il demeurait loyal à Valentin, mais celui-ci s'était aperçu qu'en essayant de créer un enfant supérieur aux autres, il avait hérité d'un fils incapable de l'aimer vraiment.

Clary revit Jace à Renwick, serrant le fragment de Portail à s'en faire saigner les doigts.

-Non ! s'écria-t-elle. Non, non et non ! Jace n'est pas comme ça. Malgré lui, il aime Valentin. Et il a des émotions. Il est le contraire de ce que tu me décris.

Jocelyne se tordit les mains. Elles étaient couvertes de petites cicatrices blanches, ces vestiges d'anciennes Marques qu'arboraient tus les Chasseurs d'Ombres. Cependant, Clary les voyait pour la première fois. La magie de Magnus les avait effacées de sa mémoire. Il y en avait une, à l'intérieur du poignet, qui avait la forme d'une étoile…

-Ce n'est pas de Jace que je parle, déclara Jocelyne.

-Mais…

Tout sembla se dérouler au ralenti, comme dans un rêve. « Peut-être que je suis bel et bien en train de rêver, songea Clary. Peut-être que ma mère ne s'est jamais réveillée, et que tout ceci n'est qu'une hallucination. »

-Jace est le fils de Valentin, protesta-t-elle. De qui d'autre pourrais-tu bien parler ?

Jocelyne planta son regard dans celui de sa fille.

-La nuit où Céline Herondale est morte, elle était enceinte de huit mois. Valentin lui avait donné des porions et des poudres: il testait sur elle le sang d'Ithuriel dans l'espoir que l'enfant de Stephen deviendrait aussi puissant que Jonathan sans hériter de ses défauts. Comme il ne supportait pas d'avoir déployé tous cs efforts pour rien, avec l'aide de Hodge, il a sorti l'enfant des entrailles de sa mère.

Clary eut un haut-le-cœur.

-C'est impossible !

Jocelyne poursuivit comme si elle ne l'avait pas entendue.

-Ensuite, il a chargé Hodge de le cacher dans sa maison d'enfance nichée dans une vallée à proximité du lac Lyn. C'est pour cette raison qu'il n'est pas rentré cette nuit-là. Hodge a pris soin du nourrisson jusqu'à l'Insurrection. Ensuite, Valentin s'est fait passer pour Michael Wayland, il a installé l'enfant dans le manoir de ce dernier et l'a élevé comme le fils de Michael.

-Alors Jace n'est pas mon frère ? murmura Clary.

Sa mère serra tendrement sa main dans la sienne.

-Non, Clary.

La vue de Clary s'obscurcit et son cœur se mit battre la chamade. Une pensée l'effleura : « Ma mère est triste pour moi. Elle croit que c'est une mauvaise nouvelle. » Ses mains se mira=ent à trembler.

-Alors à qui appartenaient les os qu'on a trouvés dans les ruines calcinées ? D'après Luke, c'étaient ceux d'un enfant…

Jocelyne secoua la tête.

-Au fils de Michael Wayland. Valentin les a tués, lui et son père, puis il a brûlé leurs corps. Il cherchait à convaincre l'Enclave que son fils et lui avaient péri dans l'incendie.

-Mais alors Jonathan…

-Est toujours en vie, déclara Jocelyne, le visage altéré par la souffrance. Valentin me l'a appris à Renwick. Il a élevé Jace dans le manoir des Wayland et Jonathan dans la maison près du lac. Il a réussi à partager son temps entre les deux enfants, allant et venant d'un endroit à l'autre, laissant parfois seul l'un ou l'autre des garçons, voire les deux, pendant de longues périodes. Il semble que Jace ignore tout de l'existence de Jonathan, mais qu'en revanche ce dernier soit au courant pour lui. Ils ne se sont jamais rencontrés, alors qu'ils vivaient probablement à quelques kilomètres l'un de l'autre.

-Alors Valentin n'a pas donné du sang de démon à Jace ? Il n'est pas… maudit ?

-Maudit ? Répéta Jocelyne, surprise. Non, Clary : Valentin s'est servi du même sang sur lui que sur toi et moi. Le sang d'un ange. Jace n'est pas maudit. C'est plutôt l'inverse, a priori. Tous les Chasseurs d'Ombres ont du sang de l'Ange dans les veines. Vous deux, vous êtes un peu mieux pourvus, c'est tout.

Le cerveau de Clary bouillonnait. Elle s'efforça de s'imaginer Valentin élevant deux enfants en même temps, l'un en partie ange, l'autre en partie démon. L'un né de l'ombre et l'autre de la lumière. Il les avait peut-être aimés tous les deux, si tant est qu'il puisse aimer quelqu'un. Jace n'avait jamais su pour Jonathan ; que pouvait savoir celui-ci à son sujet ? Qu'était-il, son complément, son contraire ? L'avait-il haï sans le connaître ? Brûlait-il de le rencontrer ? Était-il différent ? Ils avaient tous les deux dû se sentir très seuls. L'un deux était son véritable frère, son frère de sang.

-À ton avis, il est resté le même ? Jonathan, je veux dire. Tu penses qu'il aurait pu changer… en mieux ?

-J'en doute, répondit Jocelyne avec douceur.

-Qu'est-ce qui te fait croire ça ? Il a peut-être changé, après tout. De l'eau a coulé sous les ponts.

-Valentin m'a raconté qu'il avait passé des années à montrer à Jonathan comment se montrer agréable et charmant. Il voulait en faire un espion, or c'est impossible quand on terrifie tous ceux que l'on rencontre. Jonathan a appris à utiliser de petits charmes en soupirant. Si je te raconte ça, c'est pour que tu ne t'en veuilles pas de t'être laissé berner. Clary, tu as rencontré Jonathan sous une autre identité. Il se faisait passer pour Sébastien Verlac.

Clary considéra sa mère d'un air interdit. Sa première pensée fut : « Mais c'est le cousin des Penhallow. » Évidemment, Sébastien n'était pas celui qu'il prétendait être ; tout ce qu'il leur avait dit n'était que pur mensonge. Elle repensa à sa première impression en le voyant : elle avait eu la sensation de l'avoir toujours connu. Or, elle n'avait pas ressenti cela avec Jace.

-Sébastien est mon frère ?

Les traits délicats de Jocelyne étaient tendus à l'extrême, ses mains crispées sur ses genoux.

-Aujourd'hui, je me suis longtemps entretenue avec Luke de ce qui c'est passé à Alicante depuis ton arrivée. Il soupçonne Sébastien d'avoir détruit les boucliers, bien qu'il ignore comment il s'y est pris. En l'écoutant m'expliquer tout cela, j'ai compris qui était vraiment Sébastien.

-Qu'est-ce qui t'a mise sur la piste ? Le fait qu'il ait usurpé l'identité de Sébastien Verlac et qu'il espionne pour le compte de Valentin ?

-Oui, mais pas seulement. C'est quand Luke m'a raconté que, d'après toi, Sébastien se teignait les cheveux que j'ai deviné. Je peux me tromper, mais un garçon à peine plus âgé que toi, aux cheveux blonds et aux yeux noirs, soi-disant orphelin de père et de mère, et entièrement dévoué à Valentin a toujours cherché le moyen de désactiver les boucliers. En expérimentant du sang démoniaque sur Jonathan, il prétendait le rendre plus fort, mais il y avait peut-être autre chose là-dessous…

-Comment ça ?

-C'était sans doute le moyen qu'il avait trouvé pour neutraliser les boucliers. On ne peut pas faire entrer un démon dans Alicante. Or, il faut du sang de démon pour venir à bout des boucliers. C'est ce fait d'être un Chasseur d'Ombre lui ouvrait automatiquement les portes de la ville. Jonathan s'est servi de son sang pour désactiver les boucliers. J'en suis certaine.

Clary revit Sébastien face à elle près des ruines du manoir des Fairchild. Ses cheveux noirs lui fouettaient le visage. Il l'avait prise par les poignets en enfonçant les ongles dans sa chair, et prétendu que Valentin n'avait jamais aimé Jace. Sur le moment, elle avait cru qu'il haïssait Valentin. Mais en réalité, il était jaloux.

Elle songea au prince ténébreux de sas carnets de croquis, qui ressemblait tant à Sébastien. Elle n'avait vu dans cette ressemblance qu'une coïncidence, un tour de son imagination. Maintenant, cependant, elle se demandait si ce n'étaient pas les liens du sang qui l'avaient poussé à donner les traits de son frère au héros malheureux de son histoire. Elle s'efforça de se remémorer le visage du prince, mais son image se fissura puis disparut comme des cendres éparpillées par le vent. Elle ne voyait que Sébastien désormais ; le rougeoiement de la ville en flammes se reflétait dans ses yeux.

-Quelqu'un doit prévenir Jace. Il faut qu'il sache la vérité.

Les pensées se bousculaient dans sa tête. Si Jace avait su, il ne se serait peut-être pas lancé à la poursuite de Valentin. S'il avait su qu'il n'était pas son frère…

-Mais je croyais que nous n'aviez aucune idée de sa destination… objecta Jocelyne d'un ton mi-étonné mi-compatissant.

Avant que Clary ait pu répondre, la porte s'ouvrit en grand, inondant les marches de lumière, et Luke sortit. Il semblait à la fois épuisé et heureux. Voire soulagé.

Jocelyne se leva.

-Qu'y a-t-il, Luke ?

Il fit quelques pas dans leur direction et s'arrêta au sommet des marches.

-Jocelyne, excuse-moi de t'interrompre.

-Ce n'est rien, Luke.

Malgré son trouble, Clary pensa : « Qu'est-ce qu'ils ont à s'appeler tout le temps pat leur prénom ? » Une certaine maladresse perçait désormais dans leur attitude.

-Quelque chose ne va pas ? s'enquit-elle.

IL secoua la tête.

-Non, au contraire. Pour une foi, les nouvelles sont bonnes.

Il sourit et annonça avec fierté :

-Tu as réussi, Clary. L'Enclave consent à ce que tu marques ses guerriers. Il n'est plus question de se rendre.

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(Clary et Jace vont au manoir des Wayland pour récupérer le Livre Blanc. Malheureusement le manoir s'effondre.)

Mais l'air était saturé de fumée, et elle avait l'impression que la terre tremblait sous ses pieds. Jace chancela, et elle comprit alors que ce n'était pas l'effet du choc : le sol bougeait vraiment. Les pavés se craquelèrent autour d'eux, et une pluie de poussière s'abattit du plafond. L'ange n'était guère plus qu'une colonne de fumée ; les runes autour de lui brillaient d'un éclat aveuglant. Clary les étudia pour en déchiffrer le sens, puis posa sur Jace un regard paniqué :

-Le manoir… il était enchaîné à Ithuriel. S'il meurt, le manoir…

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase : Jace l'entraînait déjà vers l'escalier branlant. Elle trébucha, se cogna le genou sur une marche, mais il la releva et elle se remit à courir au mépris de sa jambe endolorie, les poumons pleins de poussière.

Après avoir gravi les marches quatre à quatre, ils déboulèrent dans la bibliothèque. Dans son dos, Clary entendit un grondement étouffé au moment où le reste de l'escalier s'effondrait. À la surface, la situation n'était guère plus enviable : les murs de la bibliothèque tremblaient, les livres dégringolaient de leurs étagères. Les débris d'une statuette étaient éparpillés sur le sol. Jace s'empara d'une chaise et, avant que Clary ait pu poser la moindre question, la jeta sur une des fenêtres à vitraux qui se brisa dans un déluge de verre.

Au-delà s'étendait une pelouse éclairée par la lune et délimitée par un rideau d'arbres. Ils semblaient se loin ! « Je ne peux pas sauter d'aussi haut ! » pensa Clary. Elle allait en faire part à Jace quand elle vit ses yeux s'agrandir d'effroi. L'un des bustes en marbre qui s'alignaient sur les étagères supérieures bascula dans le vide ; elle l'esquiva au dernier moment, et il s'écrasa à un cheveu de l'endroit où elle se tenait une seconde plus tôt.

Une seconde plus tard, Jace la souleva dans ses bras et, après l'avoir portée jusqu'à la fenêtre, il la jeta dans le vide comme un vulgaire sac à patates. Elle tomba dans l'herbe, dévala la pente roulée en boule et finit sa course contre une butte qu'elle heurta de plein fouet, puis elle se redressa en secouant sa chevelure pleine de brindilles. Un instant plus tard, Jace la rejoignit et se releva d'un bond pour scruter le manoir. Clary suivit son regard mais il l'entraînait déjà vers un creux entre deux collines en lui serrant le bras à lui en faire des bleus. Sans lui laisser le temps de réagir, il la poussa devant lui et se jeta sur elle pour faire écran de son corps. Un énorme grondement résonna dans la nuit ; on aurait dit un tremblement de terre ou une éruption volcanique. Un nuage de poussière blanche s'éleva. Pendant un bref moment d'hébétude, Clary crut qu'il s'était mis à pleuvoir, et comprit qu'il s'agissait en fait d'une pluie de verre et de gravats ; les restes du manoir effondré tombaient autour d'eux comme une grêle de balles.

Jace se serra contre elle ; son cœur battait se fort à ses oreilles qu'il couvrait presque le fracas du manoir qui s'effondrait.

Le vacarme se tut peu à peu, comme de la fumée se dissipant dans l'air, et laissa bientôt place aux cris stridents des oiseaux affolés. Par-dessus l'épaule de Jace, Clary les vit tournoyer dans le ciel nocturne.

-Jace, dit-elle à mi-voix. Je crois que j'ai perdu ta stèle.

Il s'écarta un peu d'elle en se hissant sur les coudes, et la regarda avec insistance. Même dans l'obscurité, elle distinguait son propre reflet dans ses yeux. Il avait le visage couvert de suie et de poussière, et le col de sa chemise était déchiré.

-Ce n'est pas grave. Tant que tu n'es pas blessé.

Sans réfléchir, elle effleura ses boucles du bout des doigts ; il se raidit et son regard s'assombrit.

-Tu avais un brin d'herbe dans les cheveux, expliqua-t-elle, la bouche sèche, tandis que l'adrénaline refluait dans ses veines.

Les derniers événements – la découverte de l'ange, l'effondrement du manoir – lui semblaient moins réels que ce qu'elle lisait à présent dans le regard de Jace.

-Tu ne devrait pas me toucher, lâcha-t-il.

Clary suspendit son geste.

-Pourquoi ?

-Tu le sais bien, marmonna-t-il en roulant sur le dos. Tu as vu ce que j'ai nu, non ? Le passé, l'ange ? Nos parents.

Clary ne se rappelait pas l'avoir entendu prononcer ces mots auparavant : « Nos parents. » Elle hésita à lui prendre la main, craignant sa réaction. Il contemplait le ciel d'un air absent.

-Oui, j'ai vu.

-Alors tu sais ce que je suis, murmura-t-il d'une voix tenaillée par l'angoisse. Je suis en partie démon, Clary. Tu comprend comprends ce que ça signifie ?

Son regard la transperça comme un poignard.

-Tu as vu ce qu'a fait Valentin, non ? Il a expérimenté ce sang sur moi avant même que je vienne au monde. Je suis un monstre ? Une part de moi-même incarne ce que, toute ma vie, j'ai cherché à détruire.

Les paroles de Valentin resurgirent dans la mémoire de Clary : « Elle me reprochait d'avoir fait de son fils un monstre. »

-Mais les sorciers sont en partie démons – regarde Magnus – et ça ne fait pas d'eux des mons…

-On parle de Démons Supérieurs, là. Tu as entendu ce qu'a dit cette femme.

« Son pouvoir le privera de son humanité. »

-Ce n'est pas vrai, protesta Clary d'une voix tremblante. C'est impossible. Ça ne tient pas debout…

-Mais si ! Ça explique tout !

Le désespoir et la colère se peignaient sur le visage de Jace. Sous le clair de lune, Clary vit scintiller sa chaîne en argent autour de son cou.

-Oui, ça explique que tu sois un Chasseur d'Ombres hors pair, loyal, intrépide, honnête, soit tout ce qu'un démon n'est pas !

-Ça explique mes sentiments pour toi, lâcha-t-il d'une voix atone.

-Je ne comprends pas.

Jace la fixa un long moment en silence. Malgré l'espace qui les séparait, elle avait l'impression de le sentir contre elle, comme si son corps était encore collé contre le sien.

-Tu es ma sœur. Mon sang, ma famille. Mon rôle est de te protéger…

-… de te protéger des garçons qui ont de vilaines pensées sur ton compte. Or, j'ai exactement les mêmes.

-Mais tu m'as dit que, dorénavant, tout ce qui t'intéressait, c'était d'être mon frère.

-J'ai menti. Les démons mentent, Clary. Tu sais, le poison démoniaque provoque parfois des lésions internes. On ne sait même pas qu'on est blessé, alors qu'on saigne à l'intérieur. Être ton frère, c'est la même souffrance.

-Mais Aline…

-Je devais au moins essayer. C'est ce que j'ai fait, expliqua-t-il d'une voix blanche. Mais je ne désire personne d'autre que toi. Je n'ai même pas envie de désirer quelqu'un d'autre.

Il tendit le bras, caressa une mèche de ses cheveux.

-Maintenant, au moins, je sais pourquoi.

-Moi non plus, je ne veux personne d'autre d'autre que toi, dit Clary dans un souffle.

Jace se hissa sur les coudes. L'expression de son visage avait changé. Une lueur indolente, qu'elle ne lui avait jamais vue, s'était allumée dans son regard. Il effleura sa bouche en suivant le contour de ses lèvres du bout des doigts.

-Tu devrais peut-être m'empêcher de continuer, chuchota-t-il.

Clary ne protesta pas. Elle n'avait pas envie qu'il arrête ; elle était lasse de dire non, de s'interdire d'écouter son cœur. Qu'importait le prix à payer.

Il se pencha vers elle, frôla sa joue de ses lèvres, et ce simple effleurement la fit trembler de la tête aux pieds.

-Si tu veux que j'arrête, dis-le maintenant, murmura-t-il.

Comme elle ne répondait rien, il déposa un baiser sur sa tempe.

-Ou maintenant, reprit-il en effleurant des lèvres sa pommette. Ou…

Mais Clary l'avait déjà attiré contre elle, et le reste de sa phrase fut noyé sous ses baisers. Collés l'un à l'autre, ils roulèrent dans l'herbe. Elle sentait des pierres s'enfoncer dans son dos et son épaule l'élançait, mais plus rien ne comptait que Jace. Soudain, les doigts de Clary rencontrèrent un objet métallique et, surprise, elle recula. Jace se figea.

-Qu'est-ce qu'il y a ? Je t'ai fait mal ?

-Non, c'est ce truc, répondit-elle en effleurant l'anneau d'argent pendu à son cou.

Elle l'examina de plus près. Le métal noirci le motif en forme d'étoile… Elle connaissait cette bague. L'anneau des Morgenstern. Ce même anneau qui brillait au doigt de Valentin dans le rêve que l'ange leur avait montré. Il en avait fait cadeau à son fils, conformément à la tradition.

-Désolé, dit Jace en effleurant sa joue du bout du doigt avec une intensité rêveuse dans le regard. J'avais oublié que je portais cette fichue bague.

Soudain, le sang de Clary se glaça dans ses veines.

-Jace, implora-t-elle à mi-voix. Jace, arrête.

-Arrête quoi ? C'est cette bague qui te gêne ?

-Non. Ne me touche pas. Arrête-toi une seconde.

Les traits de Jace se figèrent. Son expression rêveuse laissa place à un air perplexe. Pourtant, il ne répliqua pas ; sa main retomba.

-Jace, reprit-elle. Pourquoi ? Pourquoi maintenant ?

-De quoi tu parles ?

-Tu prétendais qu'il n'y avait plus rien entre nous. Que… que si on se laissait aller, on ferait beaucoup de mal autour de nous.

-Je te l'ai déjà expliqué. J'ai menti. Tu crois que je n'ai pas envie de…

-Non. Non, je ne suis pas bête à ce point. Je vois bien que oui. Mais quand tu m'as dit que tu comprenais enfin pourquoi tu éprouvais ces sentiments-là pour moi, qu'est-ce que tu entendais par là ?

Si au fond, elle connaissait la réponse, elle devait l'entendre de sa bouche. Jace prit sa main et la porta à sa joue.

-Tu te souviens, chez les Penhallow, quand je t'ai accusée de semer la pagaille partout où tu passes ?

-Non, j'avais oublié. Merci de me le rappeler.

Ignorant son sarcasme, Jace reprit :

-Je ne parlait pas de toi, Clary, Mais de moi. Ça, c'est moi.

Il détourna le visage.

-Au moins, maintenant, je sais ce qui ne va pas chez moi. C'est peut-être pour cette raison que j'ai autant besoin de toi. Si Valentin m'a transformé en monstre, il n'est pas impossible qu'il ait fait de toi une espèce d'ange. Lucifer aimait Dieu, non ? C'est ce que prétend Milton, en tout cas.

-Je ne suis pas un ange. Et tu ne sais même pas ce que Valentin a fait du sang d'Ithuriel. Il a très bien pu s'en servir sur lui…

-Il a dit que ce sang était pour lui et sa famille, répliqua Jace d'un ton tranquille. C'est de là que viennent tes pouvoirs, Clary. D'après la reine de la Cour des Lumières, nous sommes tous les deux des expériences.

-Je ne suis pas un ange, Jace, répéta-t-elle. J'oublie de rendre les livres à la bibliothèque. Je télécharge illégalement de la musique. Je mens à ma mère. Je suis une fille très ordinaire.

-Non, pas pour moi, déclara-t-il en plantant son regard dans le sien.

Il ne subsistais plus rien de son arrogance habituelle dans son attitude : elle ne l'avait jamais vu aussi désarmé et cependant, cette vulnérabilité s'accompagnait d'un profond mépris pour lui-même.

-Clary, je…

-Lâche-moi !

-Quoi ?

La flamme qui brûlait dans les yeux de Jace s'éteignit et, l'espace d'un instant, la stupéfaction se peignit sur son visage. Comme c'était dut de soutenir son regard en lui résistant ! Tout en l'observant, elle songea que, même si elle ne l'avait pas aimé, cette part d'elle qui appréciait la beauté en chaque chose – et pour cela elle était bien la fille de sa mère – l'aurait quand même désiré. Mais c'était précisément parce qu'elle était la fille de sa mère que c'était impossible.

-Tu m'as très bien entendue. Laisse mes mains tranquilles.

S'écartant de lui, elle serra les poings pour empêcher ses mains de trembler. Immobile, il la dévisagea d'un air furibond.

-Tu veux bien m'expliquer ce qui t'arrive ?

-À t'entendre, tu me désire parce que tu es mauvais. En gros, tu t'es trouvé une autre raison de te haïr. Tu te sers de moi pour te prouver que tu ne vaux rien.

-Je n'ai jamais dit ça !

-Soit. Alors je veux entendre de ta bouche que tu n'es pas un monstre, que rien ne cloche chez toi et que tu voudrais de moi même si tu n'avais pas ce sang-là dans tes veines.

Retenant leur souffle, ils se défièrent du regard puis il se releva avec un juron. Clary l'imita en titubant un peu. Le vent cinglant lui donnait la chair de poule et elle avait l'impression d'avoir les jambes en coton. De ses doigts engourdis, elle boutonna le col de son manteau en refoulant ses larmes. Pleurer n'arrangerait rien.

Des particules de poussière et de cendre flottaient encore dans l'air, et l'herbe alentour était jonchée de débris : fragments de meubles ; pages de livres ; un bout d'escalier miraculeusement intact. Clary se tourna vers Jace qui shootait dans les décombres avec une joie mauvaise.

-On est fichus, lança-t-il.

-Quoi ?

-Tu te souviens ? Tu as perdu ma stèle. Tu n'as plus aucun moyen de fabriquer un Portail, maintenant, annonça-t-il avec une jubilation amère, comme si la situation le réjouissait pour quelque raison obscure. Je ne vois pas d'autre solution : il va falloir marcher.

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"Clary l'écoutait, incapable de bouger. Son visage était si près de celui de Jace qu'elle distinguait son reflet dans ses pupilles.

_ Et maintenant je te regarde, poursuivit-il, et tu me demandes si je veux de toi ? Comme si je pouvais cesser de t'aimer ! Je n'ai jamais osé distribuer des marques d'affection autour de moi... Je l'ai un peu fait avec les Lightwood, Alec, Isabelle, mais il m'a fallu des années. Et pourtant dès que je t'ai vue, Clary, je t'ai appartenu corps et âme. C'est toujours le cas, si tu veux de moi."

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La porte se referma, et Alec se retrouva seul dans le jardin plongé dans la pénombre. Il ferma les yeux un instant, et un visage s'imprima brièvement derrière ses paupières. Ce n'était pas celui de Jace, pour une fois. Sa vision avait des yeux verts aux pupilles fendues. Des yeux de chat.

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-Il ment, intervint Jace. [...] Et il ment mal, en plus. Je te croyais capable de mieux retomber sur tes pattes, Verlac.

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-Eh bien, moi non plus je ne savais pas que tu étais ici. (Il jeta un regard noir à Jace.) En fait, on explicitement affirmé le contraire.

-Je n'ai jamais rien dit de tel, protesta Jace. Je me suis simplement gardé de rétablir la vérité. Et puis je t'ai évité d'être brûlé vif, alors tu n'as pas le droit de te mettre en colère.

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- La ville est assiégée. Les boucliers ne fonctionnent plus, les rues grouillent de démons, et tu veux savoir pourquoi je ne t'ai pas rappelé ?

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Sous les yeux de Clary, la fumée cessa de décrire des volutes et prit la forme d'un point d'interrogation tremblotant.

Sébastien éclata de rire.

-Je crois que ça signifie : qui est là ?

[...]

-Tu as froid ? s'enquit Sébastien en passant le bras autour de ses épaules.

Aussitôt, le point d'interrogation qui se dessinait au-dessus de la cheminée se désagréga pour former de petits coeurs. Clary se déroba à l'étreinte de Sébastien, à la fois gênée et coupable comme si elle venait d'être prise en faute.

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-Et moi j'étais loin d'imaginer que, en m'en prenant à cette fenêtre, je te mettrais dans tous tes états.

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-Tu ferais mieux de te dépêcher de rentrer de la Garde. Dieu sait quels actes de débauche on est capables de commettre sans ta présence pour nous guider.

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