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Romane émit un sifflement perplexe. Elle avait beau résider à la citadelle depuis plusieurs mois, elle découvrait chaque jour de nouvelles spécificités chez ses concitoyens. Étonnamment, elle s’était peu interrogée sur la nature de sa meilleure amie, en partie parce qu’elle saturait face à la masse des informations collectées ces mois passés. Et puis elle n’avait pas encore complètement encaissé le choc du contact avec les ailes évanescentes de Iaël. Ces dernières, tatouées sur le dos de la fée, s’étaient déroulées sous ses yeux quand son amie lui avait dévoilé sa véritable nature. Cela restait un instant d’exception pour Romane, mais elle réalisait qu’elle l’avait inconsciemment remisé au fond de sa mémoire, comme si son esprit avait pris le parti de la soulager d’un poids.
Afficher en entierMerde, elle se retrouvait liée à un type qu’elle ne connaissait pour ainsi dire pas, tout en ayant paradoxalement le sentiment de tout savoir de lui ou du moins de percevoir l’essence de son être ? C’était ridicule, d’autant que le faës était un ennemi ! Et Romane n’était guère mieux lotie, amoureuse folle d’un loup qu’elle s’évertuait à fuir pour lui éviter un sort funeste… Ouais, le monde ne tournait vraiment pas rond, se moqua-t-elle mentalement. Et l’hilarité finit par l’emporter sur la panique lorsque Iaël aperçut l’air singulièrement incommodé de sa grand-mère, en plus du sourire irrésistible de sa meilleure amie. Merde, elle nageait en plein délire et elle n’en éprouvait qu’un sentiment d’ivresse prégnant, constat qui accentua son hystérie.
Afficher en entier— Ça paraît logique. Tu as opté pour l’abstinence parce que tu n’éprouvais plus de plaisir. Sans le savoir, tu as renoncé à la seule façon de contrer Javier. Il est malin, cet incube !
— S’il n’y a que ça, je vais rappeler Pierrick pour une petite sieste crapuleuse.
— Tant que tu ne sors pas de Lirelle, c’est comme tu veux, ma vieille.
— Être obligée de baiser pour combattre un démon du sexe, c’est un comble, non ? ricana la jolie fée.
Puis elle éclata franchement de rire, affichant une dérision fataliste. Merde, Javier l’avait bel et bien dupée sur ce coup. Elle en était réduite à faire l’amour en sachant pertinemment qu’elle n’en tirerait aucun plaisir, au risque de s’avilir face à l’incube. Charmante perspective !
— À la guerre comme à la guerre, conclut-elle.
— Si tu n’existais pas, il faudrait t’inventer, la taquina Romane.
— Quoi ? J’aime le sexe, c’est pas un crime. Si le prix a payé pour échapper à ce salaud, c’est de baiser sans orgasme, je ferais l’effort. Mais promets-moi qu’on lui bottera le cul quand on aura dégoté le moyen de me débarrasser de ce connard !
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