La comédie de Terracina

Résumé

Il était une fois, durant l'hiver de 1816, un conseiller d'Etat de 33 ans et un musicien de neuf ans son cadet, dont les routes se croisèrent entre Rome et Naples, à Terracina, modeste bourgade où Circé transformait jadis les hommes en pourceaux et où pétillèrent, ensuite, les feux de la conversation, grâce à Dieu et surtout aux dames. Le conseiller d'Etat ignore encore qu'il deviendra Stendhal mais se désole déjà de n'aimer que les femmes qui lui résistent. Le musicien sait depuis le berceau qu'il est Rossini, le monde entier applaudit sa douzaine d'opéras et tous les coeurs cèdent à ses battements de cils. C'est la vérité historique, celle qui s'étiolait dans les dictionnaires avant que Frédéric Vitoux vînt lui donner un grand coup de peinture fraîche. Nos deux héros se rencontreront-ils au relais de l'auberge? Le cadet soufflera-t-il à l'aîné la comtesse qu'il guigne? Les dictionnaires ne le mentionnent pas, mais qui en douterait? On ne prête qu'aux riches et quelle vanité d'inventer une intrigue, des personnages, quand la réalité vous en fournit de cousus main! Ils ne demandent qu'à vagabonder en marge de leur biographie officielle.

Les voici donc, en attente de diligences, pendant une dizaine de jours. Dans les montagnes, les soldats, en déroute, de Murat jouent les Robin des bois, rançonnant les gros propriétaires au profit du petit peuple (au leur aussi, bien sûr). A cette pittoresque exception près, l'ordre moral règne en Europe, c'est dire si l'on étouffe, à en avoir la nostalgie des ouragans napoléoniens. "Le temps est à l'ennui, soupire M. Beyle, mais moins en Italie qu'ailleurs." Malgré ses fiascos, il s'obstine à chercher le bonheur et quand Rossini, qui affiche complet, s'en étonne il lui cite Voltaire, se comparant aux "ivrognes incapables de trouver leur maison mais qui savent qu'ils en ont une". Pauvre conseiller d'Etat! Que ne lit-il "La Comédie de Terracina" au lieu de s'épuiser à écrire une "Histoire de la peinture en Italie"? Il découvrirait qu'il a le bonheur sous le nez. Le parfum de vétiver aurait dû le guider. Heureux lecteurs, qui le respireront à sa place!

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