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Kinnjone haussa les épaules avec commisération. Il avait la nette impression qu’Opérasque était le frère jumeau de Pavakov. La même hystérie couvait en eux, n’attendait qu’une occasion pour jaillir comme la lave soufrée d’un volcan. Deux malades mentaux, tel était son verdict. Seulement si l’un était réduit à l’impuissance, l’autre dirigeait l’expédition, et à chaque instant son vieux bon sens se heurtait à cet homme qui ne demandait qu’à exploser en décisions arbitraires ou effrayantes.
Afficher en entierLa solina faillit passer au-dessus du convoi à huit mètres de hauteur. Elle épargna trois véhicules de queue mais un remous la rabattit sur les deux suivants. Elle tomba d’un coup à cause du trou d’air provoqué par les gaz des moteurs. Et le cadavre flasque, évidé, se répandit sur toute la largeur du chenal et sur une quarantaine de mètres. Il y eut des explosions énormes lorsque les vessies d’hélium furent transpercées par les antennes-radio des camions, puis ce fut toute l’enveloppe, le cuir de la baleine qui explosa en une douzaine de cratères. Des goélands emprisonnés depuis le départ en furent expulsés, les plumes en feu dans une odeur de grillade écœurante. Un des camions piégés sauta à son tour, celui des explosifs. Malgré la couche de peau de baleine, de gras et de reste de chair qui le recouvrait, l’engin bondit, en déchirant cette chape jusqu’à trente mètres de hauteur et retomba comme une boule de feu, emporté par le vent furieux sur un autre fourgon, celui de la cafétéria qui s’embrasa à son tour.
Afficher en entierMais ils n’étaient pas les seuls et cette fois Liensun porta la main à son étui de laser portatif. Il y avait là-bas dans le fond, du côté de la gorge de la solina, des animaux d’une autre taille, des quadrupèdes énormes. Des loups. Des loups rouges, les plus dangereux, venus eux aussi de l’Arctique.
Afficher en entierAu cours de leurs différentes explorations, Magry et lui avaient découvert des forages inexpliqués dans la glace. À plusieurs reprises la solina avait vainement tenté de retourner dans son élément liquide mais sans dents, avec ses seuls fanons flexibles, elle n’avait pu forer profondément, s’épuisant même à la tâche.
Afficher en entierLe technicien le laissa sortir, ne parvenant pas à croire que des milliers de primitifs affamés avaient pu traverser ainsi le corps fantastique de cette baleine. Il refusait de les imaginer attaquant le cuir épais, le derme plus tendre, la graisse puis la chair, les intestins, se roulant dans le contenu de cette tripaille, ivres de bonheur. Comment auraient-ils pu, en supposant que le cadavre soit là depuis plusieurs jours et complètement congelé, dur comme de la roche ?
Afficher en entierMagry, les yeux exorbités, ne l’écoutait pas, fasciné par l’énorme animal. Il venait des hautes montagnes de la Tcherskicie et n’avait même jamais vu de phoque, encore moins de baleine. Et celle-ci était fantastique. Liensun repérait la tête grâce à un projecteur mobile dirigé de l’intérieur du glisseur. Elle paraissait encastrée dans la paroi de gauche, et il pensa qu’au moment de son agonie le cétacé, de son souffle brûlant, avait creusé dans le mur de glace provoquant un éboulement qui avait recouvert sa tête. Celle-ci y était incluse mais visible.
Afficher en entierLe cadavre gigantesque de la baleine solina obstruait le Chenal au kilomètre quatre mille deux cent cinquante-trois, en venant du nord. Ce fut Liensun et le technicien géomètre qui le découvrirent lors de leur patrouille matinale d’exploration. Le petit écran radar de leur glisseur signala cinq kilomètres avant la présence d’un obstacle considérable en travers du Chenal Noir, mais les deux hommes pensèrent à une avalanche plus importante que toutes celles déjà rencontrées et que les niveleuses rasaient en quelques heures.
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