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Loin d’usurper sa réputation, La condition humaine est pour moi un véritable chef-d’œuvre de la littérature française. Je pense que ce livre, comme beaucoup de grands classiques lus dans un cadre scolaire, est jugé très durement sur Booknode.
L’intrigue peut paraître complexe au premier abord car elle se déroule sur une période historique assez méconnue : la révolution chinoise de 1927. Le roman relate deux journées décisives : l’insurrection du 22 mars à Shanghai et la répression du 11 avril. Toutefois, il n’est pas nécessaire d’avoir des repères historiques pour apprécier l’histoire et sa portée philosophique.
Nous cheminons certes avec des personnages aux idéologies rivales (capitalisme, communisme ou nationalisme), mais ils incarnent tous, en dépit de leur combat, une des possibilités de l’Homme. La grande force du roman réside en ces hommes et ces femmes (et mêmes s’ils sont secondaires à l’intrigue !) vivant pleinement leur existence, jusqu’à la mort, leur conférant une réalité et une profondeur difficilement égalable. Ils sont tous autant d’exemples universels des tourments et des passions humaines, chacun d’eux transportant et renvoyant le lecteur vers sa propre humanité, sa propre condition. Ainsi, nous souffrons de la culpabilité et du tiraillement d’un Hemmelrich, nous aimons paternellement comme un Gisors, passionnellement comme May, nous plongeons dans les abîmes de l’angoisse et du devoir avec Tchen, nous luttons pour la dignité de tous avec Kyo, nous compatissons à la honte et nous nous réjouissons de la rédemption d’un Katow, nous répudions le narcissisme d’un Ferral et écoutons curieusement la fuite imaginaire d’un Clappique.
Voici autant de thèmes abordés avec une grande maturité intellectuelle par Malraux, toujours agréable et aisé à lire. C’est un livre que je recommande vivement, non comme un divertissement pur, mais presque comme un roman philosophique, qui ne peut souffrir que difficilement de critiques quant à sa profondeur, et qui reste, j’en suis persuadé, à la portée de tous.
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