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La confession d'un bâtard du siècle



Description ajoutée par wind-of-river 2016-02-23T21:51:59+01:00

Résumé

Il a hérité de son père inconnu un teint pâle et des cheveux clairs et sa mère est antillaise.

«Vous êtes sûrs qu’il est de moi?».

Ce n’était pas un bon début.

Dans la France en guerre, tantôt à Paris, tantôt en Gironde, bègue, il tâche de grandir, seul, ou même pas, car sa mulâtre absente quand ça lui chante essaie de temps en temps de lui faire croire qu’elle est sa mère.

Mais s’il fait une bourde elle lui jure bien qu’elle lui pardonne, et lui promet un baiser pour qu’il s’approche à portée de gifle.

Mulâtre et traîtresse.

Jeune homme il rêve d’être boxeur.

Pourtant ce n’est pas la violence qui domine en lui.

Un jour, à l’étude, ses devoirs achevés, le voilà qui prend sa plume. Et il écrit.

Jubilation de «se voir d’en haut».

Dès lors il sait qu’il ne sera plus jamais seul de la même façon.

A côté de lui se tient sa propre voix qui le fait sourire.

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Classement en biblio

extrait

Pas envie d’écrire : Je suis né. Même pour commencer. Je n’écrirai pas que je suis mort, pourquoi écrire que je suis né ? C’est absurde, Je suis né. Il faudrait être moi pour dire que je suis né. Tu es né vous aurait plus d’allure, on se convoque de dehors, par prudence. Il est né pourrait avoir la vérité pour lui, malgré le côté faux jeton du genre évitons le sujet qui fâche. Mais non, ce Il fait trop semblant de ne pas me voir. On m’a né, voilà qui serait plus juste, bonjour au lointain, et je me fous du barbarisme. D’ailleurs on est en pleine barbarie. Oui, c’est On m’a né qui serait réaliste. On m’a né puisqu’on me mourra. Mais ne tergiversons plus, le personnel s’impatiente et le berceau attend.

On m’a né c’était la fin octobre, un soir de paix, il commençait à faire froid. Jusque-là la parturiente avait pas mal gémi. « Mais poussez ! bon Dieu ! poussez ! » faisait l’opérateur, mimant on ne sait quoi pour indiquer la bonne respiration d’avant l’effort. Un moment, pour accélérer le processus il a même crié le célèbre : « Comme si vous faisiez caca ! Allez ! poussez ! vous faites caca ! » Je vais encore mourir, pensait-elle en pleine tourmente. Mourir, elle n’a pas eu le temps. On m’a vu jaillir d’un seul coup, poussé par la nécessité. « Oh qu’il est moche ! » a fait l’accouchée in petto, comme on lui présentait ce paquet vagissant. À haute voix les mots ont dit pour elle : « Aïe ! le voilà bien arrangé. » On lui vendait un gniard tout en plis et en glaires, rouge criard avec ça, l’incarnation de la laideur. En plus vous avez vu comme il est rouquin ? Vous êtes sûrs qu’il est bien de moi ? Rien à voir avec la mulâtresse aux cuisses écartées, à la peau café au lait, rien à faire avec la jeune femme aux lenteurs caraïbes. Et s’il y avait eu erreur au berceau ? Erreur ou même substitution ? Vite on prélève le négrillon, on le remplace par ce rosbif, lequel toute sa vie va se demander, face à maman, lui plutôt clair, elle un peu sombre, se demander ce qu’il attend là, cherchant l’amour et ne trouvant rien.

Résumons : on m’a né rougeaud d’une presque noire, fille mère des plus tremblantes, lâchée par son homme au courage trop mince, en cette fin d’octobre où le froid s’annonce, esseulée, sans espoir, punie d’être, en somme. Vous parlez d’une délivrance ! En plein Paris, à la glorieuse clinique Baudelocque, capitale des bébés et des gémissements, d’où vous êtes lâchés, mère et fils, dans la nature. Nature pour elle signifiant larguer, nature pour moi signifiant partir.

Et si c’était le passage par maman qui m’avait fait rougir, devenir rouge je veux dire, congestionné jusqu’au cramoisi, naître monstre, quoi ?

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La confession d'un bâtard du siècle

  • France : 2012-02-01 - Poche (Français)

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