La Conscience de Zeno

Bien qu’il s’agisse du but avoué par le héros et par Italo Svevo, « La conscience de Zeno », écrit en 1928, n’est pas seulement une sévère critique des piliers de la psychanalyse, du complexe d’Œdipe ou une diatribe contre Sigmund Freud. « La conscience de Zéno » est avant tout, pour moi, une œuvre pleine d’humour où le burlesque côtoie les tensions de la vie. Zéno qui de quiproquos, en incohérences, toujours bien intentionné, se met dans les pires difficultés. J’ai retrouvé dans ce livre le côté décalé des réalisateurs italiens tels que Fellini, Visconti, Rosselini ou, plus proche de nous, Roberto Benigni. Malheureusement la traduction française ne nous permet pas de savourer la langue toscane qui, dans sa version originale, éclaire, illustre et pimente le texte en italien de cette œuvre.

Je l'ai lu en italien, pour pouvoir pleinement profiter du style d'Italo Svevo, qui n'est rien sinon remarquable. Suivre les pérégrinations parfois confuses de l'esprit de Zeno est un exercice fort agréable pour le lecteur, qui se plaît à s'y perdre. Sans oublier ce premier chapitre, le meilleur à mon goût, celui sur la cigarette "il fumo", le vice ultime de Zeno selon lui.

Un superbe roman, où l’auteur conte la vie de Zeno, son « ménage » heureux, son aventure extraconjugale qu'il finance, ses entreprises commerciales instables, ses relations familiales, et son débat permanent avec lui-même. Il s’agît là d’une enquête tumultueuse d’un homme sur les motivations profondes le menant à une totale indécision, une vraie torture de l’esprit, entre l'innocence et la culpabilité, les maladies créées par des introspections trop douloureuses. Une véritable analyse de conscience.

Zeno, riche, oisif, velleitaire, hypocondriaque, accro au tabac et mari infidèle,suit une psychothérapie. C'est nouveau en ce début de XXème siècle, et en faire un livre encore plus. L'autobiographie que son mèdecin lui conseille d'écrire est un chef d'oeuvre de finesse, d'observation, d'auto-dérision et d'humour. Un grand livre.