Extraits

Évêché de Bois-le-Duc - 17 janvier, midi

Mains dans le dos, Urs Van Leyden, évêque de Bois-le-Duc, arpentait l'immense bureau qui lui tenait lieu de salle d'audience. Ses pas résonnaient sur le parquet, renvoyés en écho par les caissons du plafond de bois sombre. Debout de l'autre côté de la pièce, trois ecclésiastiques patientaient en silence. Deux portaient la soutane noire des prêtres séculiers, le troisième arborant l'habit blanc et noir qui marquait son appartenance à l'ordre dominicain. Sa jeunesse, sa haute taille et sa prestance distinguaient le moine de ses compagnons. Dans son visage aux traits fins et réguliers brillait un regard d'un noir intense. Tous trois en revanche avaient les traits marqués et la mine sombre.

- L'église est-elle hermétiquement close ? Et les gardes de confiance ? interrogea le prélat en fixant son regard sur le plus petit des trois hommes.

- Ils le sont, Monseigneur. Tous sont de la société de Saint-Jean, fils de bonne famille et ne posent pas de questions. Au reste, les chaînes posées aux portes dès le malheur connu... - Une bonne initiative, souligna l'évêque en inter­rompant l'homme.

-... rendent impossible toute effraction. À la nuit, nous ferons enlever toutes traces. Il ne faut pas tarder trop, car malgré le froid, l'odeur...

D'un geste, Urs Van Leyden coupa court.

- Il suffit. Prions saint Jean que notre explication du risque de péril de l'édifice et des réparations urgentes qu'il nous faut apporter à la voûte nous per­mette de gagner assez de temps. Combien de jours faut-il au coursier pour être à Rome ?

- Quatorze, Monseigneur, douze en forçant le train si les conditions s'améliorent un peu. - Qu'il parte au plus vite, conclut l'évêque en se retournant vers la fenêtre.