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Elle arracha des feuilles d’une rame de papier blanc, les froissa avant de les lancer au hasard dans la pièce.
— Dans cette salle, les filles se sentent chez elles, choyées, rassurées. Elles n’auront aucune raison de se méfier, surtout en présence de cette pauvre Houlihan qui n’a aucune autorité et à qui elles n’arrêtent pas de demander le mot français pour testicle, histoire de la faire bisquer. Ce n’est pas elle qui les effraiera.
Elle tenta d’ouvrir une fenêtre, qui résista, tira violemment les deux battants. Un peu d’air frais, charriant un parfum d’herbe tondue, pénétra dans la pièce.
— Cette fois, martela Conway, j’agirai selon mes méthodes.
Je sautai sur l’occasion.
— Si vous les voulez détendue, laissez-moi les interroger.
Elle pressa ses reins contre le rebord de la fenêtre, mâchonna ses joues en me jaugeant de la tête aux pieds. Derrière elle, des exclamations étouffées montaient du terrain de sport.
— D’accord. Tu parles. Si j’ouvre la bouche, tu la boucles jusqu’à ce que j’aie fini. Si je te demande de fermer la fenêtre, cela signifiera que tu es hors jeu. J’embraye et tu ne dis plus un mot jusqu’à ce que je t’ordonne de reprendre. Pigé ?
Je ne me fis pas prier. Enfin, je tenais ma chance.
Afficher en entierIl arpente nerveusement la clairière, comme un chien méchant.
- D'accord. J'ai donné des téléphones identiques à des filles, Pas à Alison Machin Chose, mais à celles dont tu parles, oui. Et à deux autres nanas. Et après ? Je suis pas ta propriété. On sort même pas ensemble. En quoi ça te concerne ?
Afficher en entierElle est venue jusqu’à moi. La plupart des gens gardent leurs distances. Un murmure inaudible sur la ligne extérieure réservée aux indics, aux délateurs ou aux témoins de dernière heure : « En 95, j’ai vu… » Pas de nom, communication coupée si on cherche à le connaître. Une lettre tapée à la machine et postée dans une autre ville, le papier et l’enveloppe nettoyés de leurs empreintes. Si on veut les coincer, on doit partir en chasse. Mais elle…
Elle, elle me cherchait.
Je ne l’ai pas reconnue. J’avais grimpé l’escalier quatre à quatre en direction de la salle commune.
En ce matin de mai, il faisait aussi chaud qu’en été.
Se déversant par les fenêtres de la réception, le soleil
éclaboussait le plâtre craquelé des murs. Dans ma tête tournait un air que je fredonnais peut-être sans m’en rendre compte.
Je l’ai vue, bien sûr. Sur le canapé de cuir miteux isolé dans un coin. Bras repliés, remuant ses chevilles croisées. Longue queue-de-cheval platine;
uniforme de collégienne bien coupé, kilt vert et bleu marine, blazer lui aussi bleu marine. La fille d’un gros bonnet attendant que papa l’accompagne chez le dentiste, pensai-je. En tout cas, une môme plus friquée que moi. Pas seulement à cause de l’écusson armorié cousu sur son blazer.
Afficher en entierPâle, elle semblait avoir vieilli de dix ans. elle paraissait hébétée , comme si quelqu'un avait secoué son univers telle une boule à neige où rien ne se remettait en place...
Afficher en entierElles ne lui prêtent aucune attention. Même si elles ont perçu sa présence, sa gaieté, son énergie, elles seraient bien incapables de l’appeler par son nom. Il lui reste six mois, trois semaines et un jour à vivre.
Afficher en entierCes voyous sont à la mode. Certains aiment leur sauvagerie, leur argot . Ils trouvent ça très "tendance ". Cette brutalité parait moins sexy aux prolos dont les familles ont lutté toute leur vie afin de ne pas devenir comme eux, nageant tels des chiens affolés pour garder leur tête hors de l'eau.
Afficher en entierLa Criminelle , c'est une écurie de purs-sang . la Mecque, le saint des saints, la reine des batailles, un club inaccessible , une équipe de gladiateurs, un corps d'élite où l'on te dit : "Tu es des nôtres . Tu fais donc partie des meilleurs."
La Criminelle , c'est mon but.
Afficher en entierSelena lui rit au nez, tandis qu’elles tournent, toujours aussi lentement, à l’ombre des feuilles.
— T’as déjà vu une fenêtre. Tu réserves ou tu réserves pas.
— Je déciderai quand j’y serai. T’auras qu’à t’écraser.
Le front baissé, rongeant distraitement son cornet, comme un lapin, Becca dévisage toujours Holly, qui dit :
— Je réserve le lit le plus éloigné de celui de Julia.
Les élèves de troisième partagent une chambre à quatre ; elles seront donc toutes les quatre ensemble. Holly ajoute :
— Elle ronfle comme une pocharde.
— Ça me ferait mal au sein. Je ne ronfle jamais. Je dors comme une délicate princesse de conte de fées.
— Tu parles, glousse Becca, rougissant de sa propre audace. La dernière fois que je t’ai entendue, toute la chambre en tremblait.
Julia lui fait un doigt d’honneur. Selena éclate de rire. Enfin rassérénée, Holly lui sourit d’une oreille à l’autre, se demandant comment elle pourra patienter jusqu’à la semaine prochaine.
L’oiseau chante une dernière fois, faiblement, comme épuisé. Puis il se tait.
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