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"Mortel ! " avons-nous crié en choeur. Nous adorions ce mot que nous utilisions à toutes les sauces, aussi bien pour décrire un joli gloss rose qu'un pyramide de deux mille ans perdue dans la jungle où une civilisation antique avait sacrifié des vierges à tour de bras. Dans ce cas particulier, ce que la mère de Michelle nous montrait avait réellement l'air mortel.
Afficher en entierJe ne m'éloignai donc pas de cet arbre bizarre. Je bus une gorgée d'eau à la bouteille de Michelle qui, j'ignore comment, était plus fraîche que la mienne. Elle avait un goût sucré, aussi. Michelle, en tee shirt rose, gravissait les marches avec régularité. Ander était devenu flou, ressemblant de moins en moins o un homme et de plus en plus à un nuage avec sa chemise blanche et ses cheveux blonds presque blancs. La silhouette de Michelle aussi était moins distincte. Une forme rose qui s'élevait dans le ciel. Il me vint l'idée de me lever et de sauter en agitant les bras quand elle serait au sommet. Elle m'apercevrait peut-être. Elle prendrait peut-être mes signaux pour un appel au secours et s'empresserait - autant que possible vu l'inclinaison de la pente et l'étroitesse des marches - de redescendre.
Afficher en entierJ'avais déjà vidé le contenu de ma bouteille. Le soleil me brûlait les yeux. J'avais oublié mes lunettes et l'autre bouteille dans la Renault, mais il n'était pas question que j'aille les chercher. Dès que j'arriverais à ralentir un peu Michelle pour lui parler, pour la rappeler à la raison, mon projet était de partir de là, loin de cet homme.
Au pied des marches, on leva les yeux.
On se serait cru dans un cauchemar.
Vue d'en bas, l'ascension très raide jusqu'au sommet donnait l'impression d'un trajet direct vers le ciel.
Afficher en entierSi elles étaient venues ici à pied ou à la rame, il leur aurait fallu des années. Elles auraient risqué leur vie. Les gens qui vivaient ici depuis des siècles, avant l'invention du moteur, des avions, se trouvaient au bord d'un vaste océan, isolés, dans un monde étrange et ancien, où les vagues venaient mourir sur la rive de la même manière qu'elles le faisaient depuis qu'il y avait des humains pour les écouter.
Depuis plus longtemps encore. Beaucoup plus longtemps.
Ce ciel et cette mer ne servaient pas uniquement de décor à l'Hôtel del sol. Ils ne faisaient pas qu'offrir une plage où jouer au volley à des bandes de jeunes Américains. Ils constituaient un enchaînement de mystères formidables. Ils existaient bien avant tout le reste et perdureraient aprè le départ des touristes.
Après tout, ces gamins ne représentaient qu'un instantané, une foule d'étudiants ivres et bronzés sur une plage. Certains tenaient des bouteilles de bière ou des gobelets en plastique dans lesquels flottait un morceau d'ananas ainsi qu'un parasol miniature. Ils riaient. D'autres arboraient un piercing au nombril qui brillait au soleil. Tout cela ne durait qu'une fraction de seconde.
Afficher en entierApparemment, il n'avait rien découvert d'intéressant en dehors d'un éclat d'os dans une tourbière où il cherchait des restes de victimes sacrificielles. En fait, il s'agissait d'un morceau de crâne de pigeon. Il était aussi tombé sur l'attache d'un bracelet près d'une tombe en Grèce. (L'artefact datait des années 1950). Ces échecs faisaient rire. M. Bardot dont la passion pour ces objets qu'il ne trouverait jamais ne semblait pas faiblir. J'avoue d'ailleurs que ces diapos de poussière et de rochers aux couleurs délavées prises dans des pays lointains avaient fini par m'intriguer.
J'étais persuadée que l'inconnu du bar ou M. Bardot n'étaient pas de ceux qui auraient éveillé la méfiance de nos mères. Néanmoins, pourquoi se poser des questions puisque, de toute façon, il était exclu que je parte sans Michelle. Le bar était de nouveau noir de monde. Les gens hurlaient leurs commandes au barman, nous bousculaient, se mettaient entre nous. Ils puaient la sueur, la crème solaire à la noix de coco et l'alcool. Puis Michelle leva la tête, repoussa son second cocktail, descendit de son tabouret et déclara : "D'accord, peut-être".
Afficher en entierIl y avait des jeunes absolument partout. Allongés par terre dans le hall d'entrée, en grappes à attendre les ascenseurs. Des couples enlacés sur des serviettes. Des garçons qui s'acharnaient sur des ballons de foot ou de volley. Des filles en train de rire, chanter, hurler à califourchon sur le dos de garçons. La brise marine était chargée d'odeurs de bière et de transpiration. Une centaine de corps informes et luisants. Se perdre dans cette masse aurait été comme de s'y fondre. On réussit finalement à atteindre le bar.
Afficher en entierJ'ingurgitai la moitié du cocktail beaucoup trop vite - j'avais très soif - avant de repousser le verre afin de retarder un peu le moment où je le terminerais. Je me sentais déjà plus joyeuse, mais cela pouvait venir du soleil, d'avoir nagé, d'avoir passé une nuit blanche, autant que du Sky Juice, qui ne ressemblait ni à du vin, ni à de la bière, ni à du whiskey - boissons que j'avais déjà testées sans les apprécier. Ce mélange-là était parfait. Sucré sans brûler la gorge.
Des cris et des couinements nous parvenaient de la foule agglutinée sur la plage. A présent, cent ou peut-être deux personnes semblaient resserrer leur cercle autour de quelque chose. Impossible de dire quoi. On ne voyait que des dos. De la peau. Des torses dénudés, des bretelles de bikinis, des morceaux de corps - et plus loin, la mer qui virait au gris avec le coucher du soleil.
Afficher en entierDe mon côté, aucune intuition, aucun mauvais présage. A vrai dire, je ne pensai quasiment à rien de tout le vol. Je m'étais contentée d'enfiler mon bikini sous mes vêtements avant de partir et de faire la liste des cocktails que je voulais goûter à ce fameux bar sur la plage. Koalas, Blue margaritas. Buffles (tequila, bière et limonade). Rêve d'un soir. Mexicola. Terre de feu. Cucaracha, Yellow Submarine.
Au Mexique, on avait le droit de consommer de l'alcool dès dix-huit ans.
Nous finissions notre année de terminale.
La période des examens était enfin derrière nous.
Les universités les plus prestigieuses parmi celles de mon choix avaient accepté mon dossier.
Afficher en entierAprès, Terri raconta à tout le lycée qu'elle avait su depuis le début qu'il allait se passer quelque chose d'atroce pendant ces vacances de printemps.
Afficher en entierLes vacances de printemps de deux jeunes filles tournaient au cauchemar.
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