Ajouter un extrait
Liste des extraits
Je m’imprègne du son de leurs hurlements. Leur douleur me revigore. Les relents de leur peur m’emplissent de joie. Ils sont si pathétiques. J’avais espéré, en dépit du bon sens, avoir un peu de fil à retordre, afin d’échapper à l’ennui pendant une fraction d’éternité. Mais tout ce que j’ai eu, c’est un troupeau d’animaux vagissants, dont le sang est à peine digne de souiller ma lame.
Et me voici, balayant du regard le champ de bataille, au sommet d’une montagne de cadavres. C’est peut-être un gâchis de tuer de précieux esclaves, mais il y en a bien plus là d’où ils viennent. Ils se reproduisent comme de la vermine, et leur engeance se répand dans cet univers qui nous appartenait, jadis. Il est bon de leur rappeler qui sont les maîtres, une fois de plus.
L’un des humains lève son arme rudimentaire et me met en joue. Cette créature est si lente. Je saute sur le côté et le rayon laser s’écrase sur le cadavre sur lequel je me tenais. La chair grésille. Un estomac rempli de gaz méphitique explose.
Peu m’importe. Je ne suis déjà plus là.
Je vois la peur se dessiner sur les traits grossiers et disgracieux de l’humain. Il ne peut apprécier la beauté de mes mouvements. Il n’a aucune idée de l’honneur qui est le sien, de mourir de ma main, de donner sa vie pour me nourrir.
Je bondis, franchissant trente pas en un saut grâce à mon harnais antigrav, et atterris à côté de lui. Ma lame scintille. Il me regarde, stupéfait. Il n’a encore rien senti. Il baisse la tête et s’aperçoit que son vêtement primitif s’est déchiré là où ma lame a tranché. Il semble soulagé, l’espace d’une seconde. Ce sont les derniers instants sans douleur qu’il connaîtra. Puis il voit le sang qui commence à quitter son corps. Il se demande ce qui vient de se produire. Il ne sait pas comment donner la mort de manière esthétique. Il ne sait pas mourir dignement.
Afficher en entier