Extraits

(Nous sommes dans une sorte de grand hangar où se pressent des centaines de personnes. Il n'y a quasiment que des hommes)

Michel : (il parle surtout pour Nadir) Ici, on donne nos plus gros bagages. Ils seront disponibles plus tard dans notre cabine. Après ce resserrement que tu vois là, il y a un grand espace où on nous demandera de remplir des fiches et on nous donnera le badge pour entrer dans la cabine. Au fond là-bas, tu vois une estrade ?

L'imam d'une petite commune de la banlieue lyonnaise avait reçu la même missive. Aussi effrayé que son collègue catholique, il avait sollicité immédiatement son plus fidèle fidèle : Ismaïl.

L'imam lui expliqua de quoi il retournait. Il déclara aussi, sous le sceau du secret le plus absolu, que son propre frère Aïcha était gay. Et, comble de malchance, il allait faire cette croisière diabolique !

– Que va-t-il se passer s'il boit de ce produit satanique ? Il va être encore plus pédé ? Se transformer en femme ? Que sais-je encore...

L'imam semblait consterné et effrayé par ses pensées.

Ce matin, l'évêque de Lyon avait reçu un étrange courrier. Celui-ci était arrivé directement dans sa boite aux lettres, non affranchi.

La mention 'LETRE ANONIME POUR MESSIEUR LE CURER' était inscrite sur la face avant du paquet. Cela n'augurait rien de bon... un enfant, un déséquilibré ?

Curieux néanmoins de l'épaisseur du colis, l'ecclésiastique l'ouvrit. Il y avait là une feuille libre bourrée de fautes d'orthographes mais aussi des tas de documents très sérieux au style beaucoup plus officiel.

Voilà qui commençait à être intéressant... l'homme commença la lecture et il alla de surprise en surprise.

Après la découverte du contenu on ne peut plus incroyable, l'évêque fit convoquer urgemment son plus fidèle compagnon, le père Clément.

Le professeur se lança dans un discours expliquant que c'était une société française qui avait conçu ces petits bijoux de technologie. Pas plus gros qu'un taon, chacun de ces engins embarquait une caméra haute définition et un micro directionnel capable d'entendre à plus de dix mètres. Ces micro-machines volaient quasiment sans bruit. Elles avaient été mesurées comme étant moins audibles qu'une vraie mouche. Elles avaient aussi une autonomie incroyable. C'était un avantage énorme car il n'y aurait quasiment pas besoin de les recharger pendant la croisière.

– En fait, mon nom complet est De Via Mare.

– Pardon ?

– Plus précisément Professeur Carlo Antonio De Via Mare, termina le transalpin en lui tendant sa carte de visite.

Le savant parlait avec un accent plutôt amusant. Il transformait les U en OU et prononçait plutôt É à la place du franchouillard E.

– Plousse précisément Proféssor Carlo Antonio Dé Via Maré.

L'homme sombre jeta un coup d’œil au bristol très coloré qui donnait le nom ronflant du savant mais aussi ses titres universitaires, ses adresses mail et ses numéros de téléphone !

Le petit italien qui venait de déclamer son nom se tenait planté devant le numéro 2 de l'OMSP. Il n'était pas impressionné pour un sou. Aussi petit et rondouillard que l'autre était grand et svelte, le savant ne s'en laissait pas compter. Quand l'homme sombre lui proposa la fameuse chaise, il refusa poliment. Il voulait faire son exposé debout, ça ne le gênait pas.

Les personnages de la bande :

Michel et Patrick : Couple sage. Mariés. La seconde union gay de Paris et ils en sont fiers ! Ce sont les plus âgés de la bande. On les surnomme parfois Mamy et Papy.

Gabriel et Thibaut : Couple de pervers lubriques. Ils ne comprennent pas le mode de vie de Michel et Patrick. Et réciproquement. À se demander pourquoi ces deux couples sont amis ? Gabriel est plutôt grand. Thibaut est petit, presque fluet. Une 'Tite' crevette ! Entre eux, ils s'appellent Grandloulou et Tiloulou.

David : C'est le Dragueur du groupe. Du moins, celui qui réussit. Célibataire toujours à l’affût d'une proie à chasser. Il semble avoir un secret pour réussir à lever son gibier presque à tous les coups...

Martial : L'autre dragueur. Mais lui est Maladroit. Mauvais même dans ce jeu-là. Il voudrait être comme David mais n'en a pas la technique. Jaloux, il voudrait connaître son secret.

En contrepartie de sa réputation sulfureuse, certains de ses collègues reconnaissaient en lui un Einstein de la chimie et de la médecine. Peut-être que le mélange explosif de son génie et de sa fougue avait amené le professeur à la trouvaille du siècle. L'homme sombre était prêt à se lancer dans l'aventure avec cette fameuse molécule miracle.

Sur son bureau, une lampe de style Tiffany amenait l'éclairage suffisant pour déchiffrer les feuillets qu'il compulsait.

Pensif, il regardait distraitement les pièces de verres irisées du luminaire art déco. Cela lui faisait penser à des vitraux d'une cathédrale. Bizarre pour cet homme qui se revendiquait comme un athée radical !

S'il s'était levé, on aurait vu quelqu'un d'une haute stature. Impressionnante, même s'il n'avait jamais cherché à s'imposer au premier plan.

L'endroit était sombre, silencieux, intimidant. Sur les murs, des œuvres modernes rendaient l'ambiance encore plus sinistre. L'occupant des lieux avait choisi des tableaux abstraits, ténébreux, inquiétants.

Un homme d'une soixantaine d'années se tenait derrière son bureau, face à ces peintures morbides. Lunettes de vue, front dégarni, crâne lustré, l'individu donnait une impression de puissance et de volonté.

Il était concentré sur la lecture de documents placés devant lui. Études, tableaux statistiques dansaient devant ses yeux. De temps à autre, il émettait un léger grognement ou soupir de mécontentement. Il effleura le revêtement de son sous-main. Il aimait cette sensation agréable, rugueuse et souple à la fois.