Extrait

Un petit courant d’air le prévint que quelqu’un venait d’entrer. Surpris, il descendit de son tabouret et contourna le pupitre pour voir combien de personnes arrivaient. Il stoppa net et fixa la personne un long moment avant de reprendre contenance.

C’était Julian.

L’homme s’avança dans l’entrée, retirant l’écharpe autour de son cou tout en regardant autour de lui. Quand ses yeux se posèrent sur Cameron, il s’arrêta et pencha légèrement la tête de côté.

― Joyeux Noël, dit-il.

Cameron cligna stupidement des yeux en réponse avant de parvenir à dire :

— Bonnes vacances.

Était-ce mardi ? Oui, oui, ça l’était. Julian jeta un coup d’oeil autour d’eux et s’approcha, semblant flotter alors que son long manteau tourbillonnait autour de lui.

― Merci pour ce que vous avez fait, dit-il en s’approchant.

Cameron savait exactement à quoi Julian se référait ; il y avait pensé au cours de ces derniers jours, se demandant de quoi il s’agissait et ce qui s’était passé.

― De rien. Est-ce que…

Il fit une pause, réalisant qu’il avait failli être impoli.

― Est-ce que vous souhaitiez dîner ? improvisa-t-il.

― Tout s’est bien passé, répondit Julian sans détourner le regard.

Cameron réprima un frisson, sentant ces yeux noirs le fixer.

― Combien de temps aurais-je pour manger ? interrogea-t-il.

Le regard de Julian était intense, et Cameron essaya de ne pas bouger. Il jeta un coup d’oeil à l’élégante horloge en fer forgé accrochée au mur.

― Environ une heure, répondit-il d’une voix tremblante.

Qu’allait-il bien faire pendant une heure avec Julian et personne d’autre dans le restaurant ?

― Donc vous serez libre dans une heure, se risqua à avancer Julian en penchant la tête sur le côté.

Il semblait qu’il n’arrivait jamais à rassembler assez de force pour parler à un volume raisonnable. C’était un détail intriguant pour un homme aussi grand.

Cameron glissa une main dans sa poche, essayant de cacher le léger tremblement de ses doigts. Son pouls était déjà plus rapide alors qu’il observait l’autre homme.

― Oui, répondit-il sans même réfléchir au but de la question.

S’il réfléchissait trop, il ne serait pas capable de formuler des phrases cohérentes. Puis il enchaîna.

― À vrai dire, j’allais me préparer à fermer plus tôt. Vous êtes le premier client depuis presque deux heures.

Julian pencha la tête de l’autre côté et la hocha d’un mouvement brusque, laissant ses yeux se promener sur le corps de Cameron d’un air pensif.

― Donc si je partais, vous pourriez, en théorie, me retrouver dans le hall principal dans quinze minutes, déduisit-il.

Les yeux de Cameron reflétèrent une légère incrédulité.