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e savais bien qu'on ne pouvait lui procurer plaisir plus vif que de lui demander d'obtenir des faveurs pour l'un de ses compatriotes. C'est qu'il était dépourvu non seulement de profession mais encore d'occupations. Lui, qui aurait pu faire une carrière dite brillante dans l'armée, l'administration, la diplomatie, et qui avait tout refusé par mépris des imbéciles, lourdauds, étourneaux, de tous ceux qui menaient l’État et qu'il traitait volontiers de Knödelhirne, il éprouvait un plaisir aigu à faire sentir à des conseillers auliques cette sienne puissance que lui conférait justement une dignité d'origine non officielle. Et lui qui se montrait si prévenant envers les garçons de café, cochers, portefaix, facteurs, qui ne manquait jamais de se découvrir pour demander un renseignement quelconque à un agent ou un commissionnaire, avait une physionomie absolument métamorphosée quand il entreprenait, en faveur de l'un de ses protégés, des démarches au Ballhausplatz, à la Statthalterei, au Ministère des Cultes et de l'Instruction publique. Un orgueil de glace recouvrait alors ses traits comme une visière transparente. Alors qu'en bas, devant le concierge en livrée il avait encore en quelque sorte un air condescendant, voire bienveillant parfois, sa résistance aux fonctionnaires augmentait visiblement à chaque marche qu'il montait, et quand il atteignait le dernier étage il donnait l'impression d'un homme venu en ces lieux pour citer des accusés devant un tribunal terrible.
Afficher en entierLes hommes sont incapables de rester seuls. Ils se rassemblent en groupes dépourvus de sens. Et les villages sont incapables de rester seuls. Il en résulte donc des agglomérations dépourvues de sens. Les paysans se sentent pousses vers la ville, et les villages eux-mêmes aspirent a se transformer en villes. Voila.
Afficher en entierJe n'aime guère les animaux et pas du tout les cabots. J'ai cru toute ma vie qu'ils enlèvent aux humains une part de l'affection qui leur revient, et ma façon de voir me paraissait singulièrement justifiée depuis que j'avais appris par hasard que les tenants du IIIe Reich ont un amour tout spécial pour ces grands chiens-loups employés en Allemagne comme chiens de bergers.
« Pauvres troupeaux : », songeais-je.
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