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Oxford, Angleterre
1379
John Wycliffe posa sa plume et frotta ses yeux fatigués. La bougie, presque consumée, laissait échapper des vrilles de fumée. Elle s'éteindrait dans quelques minutes et c'était la dernière. On n'était qu'au milieu du mois mais il avait déjà épuisé sa ration. En tant que doyen de Balliol Collège, à l'université d'Oxford, il recevait la quantité de bougies qui suffisait à la plupart des clercs, ceux qui travaillaient le jour et dormaient la nuit. Or, la nuit, Wycliffe dormait à peine. L'urgence de sa mission le tirait très tôt du lit et l'obligeait à se coucher fort tard.
La lueur orangée émise par le brasero à charbon de bois ne parvenait guère à dissiper les ombres du crépuscule s'épaississant dans les coins de son logement Spartiate. La flamme vacilla et s'éteignit. La petite servante allait bientôt arriver. Il pourrait l'envoyer chez le chandelier et paierait les bougies de ses propres deniers. Il ne souhaitait pas attirer l'attention sur son travail en en demandant d'autres à l'économe ou en sollicitant ses collègues.
Le retard de la jeune servante lui fournit au moins un moment de répit bien mérité. Il avait des crampes à la main à force de tenir ses plumes, mal à la tête à force de plisser les yeux dans la pénombre et des courbatures à cause des longues heures passées au-dessus de son bureau. Même son esprit était las. Comme toujours quand il était fatigué, il se mit à douter du sens de sa mission. Était-ce l'orgueil, l'arrogance intellectuelle et non Dieu qui l'incitait à entreprendre une tâche aussi colossale ? Ou avait-il été simplement poussé sur cette voie périlleuse par les machinations de Jean de Gand, duc de Lancastre ? S'apprêtant à gagner un royaume, le duc ne souhaitait pas en partager les richesses avec une Église cupide. Mais ce n'était pas un péché, se persuadait Wycliffe, d'accepter la protection d'un tel homme s'ils pouvaient, ensemble, briser la tyrannie des prêtres, des évêques et des archevêques. Si Jean de Gand agissait pour son propre compte, John Wycliffe, lui, oeuvrait pour le salut de l'âme de l'Angleterre.
Afficher en entierQuand Adam piochait et qu'Eve filait
Qui était alors gentilhomme ?
Paroles familières, paroles d'égalité. Mots de révolte soutenant que riche et pauvre, noble et serf avaient la même origine.
Afficher en entier(Julienne de Norwich à l'évêque)
- La langue de Rome est-elle celle de Notre-Seigneur ? Latin, araméen, anglais... Quelle importance, du moment qu'il s'agit de la vérité ?
- Je pourrais comprendre que vous ayez choisi le français. Mais ce dialecte des Midlands, cet anglais, est le langage des manants.
Afficher en entierUn article du contrat de mariage avait stipulé que lady Kathryn ne mangerait que les aliments préparés par Agnès. Sage précaution, car maintes nobles épouses avaient été empoisonnées pour leur douaire, surtout après avoir donné un héritier au mari.
Afficher en entierIls étaient assis devant la planche à hacher. Finn dégustait son gobelet de poiré tandis qu'Agnès plumait deux oies avant de les embrocher pour les faire rôtir.Un vent frais soufflant de la mer du Nord dissipait la chaleur qui s'était accumulée dans la pièce. La fumée, dégagée par la tourbe brûlant en permanence dans la cheminée de pierre, se mêlait à l'odeur de la potée montant du chaudron de métal, où Agnès faisait mijoter des os de bœuf, de l'orge et des poireaux. Elle avait toujours un bol de bouillon ou une galette d'avoine à offrir à un vilain ou à un mendiant affamé, à quiconque apparaissait sur le seuil.
Afficher en entierComme toujours quand il était fatigué, il se mit à douter du sens de sa mission. Était-ce l'orgueil, l'arrogance intellectuelle et non Dieu qui l'incitait à entreprendre une tâche aussi colossale ? Ou avait-il été simplement poussé sur cette voie périlleuse par les machinations de Jean de Gand, duc de Lancastre ? S'apprêtant à gagner un royaume, le duc ne souhaitait pas en partager les richesses avec une Église cupide. Mais ce n'était pas un péché, se persuadait Wycliffe, d'accepter la protection d'un tel homme s'ils pouvaient, ensemble, briser la tyrannie des prêtres, des évêques et des archevêques. Si Jean de Gand agissait pour son propre compte, John Wycliffe, lui, œuvrait pour le salut de l'âme de l'Angleterre.
Afficher en entiern. Deux. Trois... Combien de coups allaient sonner ? Suant et soufflant, Mi-Tom se rendait au marché de Norwich. Il regardait le soleil en plissant les yeux et comptait. Douze coups appelaient les moines à sexte. Il les imagina, vêtus de leurs soutanes noires, le bras passé dans la manche opposée, marchant en silence, deux par deux, pour participer aux prières de midi. Longue file sinuant sans bruit le long de la galerie du cloître, telle une anguille fendant les eaux marécageuses des marais où il habitait. Mi-Tom n'aurait pour rien au monde échangé son sanctuaire d'osier et de roseau pour leurs magnifiques bâtiments de pierre froide.
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