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Car c'est en prenant conscience que les choses sont éphémères qu'on les apprécie à leur juste valeur et qu'on a envie d'en savourer chaque minute.
Afficher en entierA la place, elle se contenta de le regarder droit dans les yeux, pour qu'il y lise ses pensées, ses peurs et ses espoirs.
Ils s'observèrent ainsi de longues secondes, en silence, jusqu'à ce qu'Anna ait la sensation que sa tête allait exploser, car elle n'avait jamais regardé personne ainsi, n'avait jamais sondé l'âme de quelqu'un auparavant. Et elle comprit tout à coup pourquoi on forçait les Surplus à toujours garder la tête baissée, parce qu'en cet instant précis elle eut le sentiment de savoir tout ce qu'il y avait à savoir.
Au moment où elle s'apprêtait à détourner les yeux, Peter reprit la parole.
"Je t'aime Anna Covey", dit-il d'une voix à peine audible. Et lentement, maladroitement, il se pencha vers elle, ses lèvres rencontrèrent les siennes, et à la seconde où Anna sentit son baiser hésitant, elle sut qu'elle n'était plus un Surplus. Ni lui non plus.
Surplus signifiait "en trop". "Superflu".
Or vous ne pouviez pas être de trop quand quelqu'un avait besoin de vous. Vous ne pouviez pas être un Surplus quand quelqu'un vous aimait.
Afficher en entierMon nom est Anna et je ne devrais pas être là.
Je ne devrais pas exister.
Pourtant j'existe.
Afficher en entierSurplus signifiait "en trop". "Superflu".
Or vous ne pouviez pas être de trop quand quelqu'un avait besoin de vous. Vous ne pouviez pas être un Surplus quand quelqu'un vous aimait.
Afficher en entier(Anna & Peter).
- Et maintenant ? voulut-elle savoir, chuchotant presque. Je corresponds à ce que tu imaginais ?
- Je crois, oui, fit Peter. Leurs yeux se croisèrent, et Anna vit que les siens étincelaient.
- Et... tu m'apprécies ? poursuivit-elle avec hésitation. Telle que je suis ?
Peter acquiesça lentement. "J'imagine", lâcha-t-il tout bas en tentant d'esquisser un sourire.
Puis il inspira profondément et baissa la tête, penaud.
- Je t'aime beaucoup, en fait, murmura-t-il d'une voix si frêle qu'Anna la reconnut à peine. Et aussitôt après avoir prononcé ces mots, il se détourna pour concentrer toute son attention sur un fil qui pendait d'une des manches de son uniforme.
Anna ne le quittait plus des yeux ; pendant une seconde, le temps s'arrêta autour d'elle et elle eut la chair de poule.
Alors Peter reprit son petit pain pour finir de le manger, et tout parut brusquement revenir à la normale. Mais pas tout à fait normal non plus. Car Anna savait désormais que, quoi qu'il arrive, elle suivrait Peter n'importe où. Et que ce serait sans doute pour elle la voie du salut - ou le début de très, très gros ennuis.
Afficher en entier'Il ne neige pas pour toi ! avait-elle vociféré en traînant Anna par les cheveux jusqu'à son bureau avant de la jeter par terre pour aller chercher sa ceinture. Comment oses-tu gaspiller un moment de ton existence à regarder quelque chose de beau alors que tu devrais être au travail ? Rien de ce qui est bon dans ce monde n'existe pour toi !' Abandonnant ses velléités de ceinture, elle avait commencé à gifler directement Anna à mains nues. 'Apprends à rester A-Ta-Place, Anna. A-Ta-Vraie-Place ! Tu n'es rien. Tu ne mérites rien. Tu ne sentiras jamais la neige entre tes mains ou le soleil sur ta peau. Tu es indésirable sur cette terre, et plus vite tu l'accepteras, mieux ce sera pour nous tous.
- Je l'ai déjà accepté, avait gémi Anna en fermant les yeux pour mieux supporter la douleur. Je suis désolée Mrs Pincent.J'ai succombé à la tentation. Ca ne se reproduira plus. Je sais Ou-Est-Ma-Place. Je n'en mérite aucune. Je ne suis rien ...'
Afficher en entier"Je t'aimes, Anna Covey"
Afficher en entierLes surplus apprenaient la passivité, l'obéissance, or l'étincelle qui brillait dans les yeux de Peter lui donnait le sentiment d'observer quelque chose d'interdit, comme si elle se laissait entraîner dans un tourbillon en sachant pertinemment que le courant était sans doute trop fort et qu'elle ne savait peut-être même pas nager.
Afficher en entierTout en regardant prudemment autour d'elle, Anna partit se glisser dans son lit. Les paupières closes, elle ne put s'empêcher de repenser à l'Exterieur - même si les seules images qu'elle parvenait à réunir étaient celles de la maison de Mrs Sharpe. Elle les superposa à celles que Peter lui avait décrites. Mais elle avait beau s'abandonner à ces rêveries d'une vie nouvelle, elle savait à quel point elle avait peu de chances d'y parvenir.
Quand bien même ils réussiraient à s'évader, ils seraient de simples fugitifs. Des Surplus qui avaient oublié Ou-Etait-Leur-Place. Et elle n'obtiendrait jamais le pardon de Mère Nature.
Roulée en boule, Anna frissonnait sous sa couverture. De froid, de peur, d'impatience - difficile à dire ; tout ce dont elle était sûre, alors qu'elle commençait déjà à se rendormir, c'est qu'à partir de maintenant sa vie serait différente. Aujourd' hui, pour le meilleur ou pour le pire, tout allait changer.
Afficher en entierJe ne sais pas trop. Mais ce que je sais, c'est que le monde est le plus bel endroit où vivre et que nous avons beaucoup de chance d'être ici. Je sais que nous devons profiter de chaque instant parce que nous ne serons pas là éternellement, et ça me va comme ça, d'ailleurs, car c'est en prenant conscience que les chosess sont éphémères qu'on les apprécie à leur juste valeur et qu'on a envie d'en savourer chaque minute.
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