Extraits

-Tes lèvres. Elles sont entrouvertes.

Pour couronner le tout, il s'approche et les frôle avec son pouce. Ses yeux transpercent les miens tandis qu'il me relâche. Mon corps se détache du sol, mais pas de son corps à lui et je ne suis pas la seule à le remarquer.

-Pour moi, ce n'est qu'une tentation, pour une créature, c'est un moyen de te tuer comme il le souhaite

— Désolé, Xenia. Tu ne les portes pas dans ton cœur, mais un Traceur est…

— Toujours prioritaire ! nous scandons à l’unisson.

— Merci, je connais la chanson, enchaîné-je rapidement. Mais regarde ! Il y a une douzaine d’Âmes qui leur tournent déjà autour. Lâche-moi !

C’est la vérité. Mes camarades sont en train de courir dans tous les sens pour satisfaire les arrivants.

Si leur apparition produit tellement d’agitation dans nos rangs, c’est parce que les Traceurs sont les gardiens de la Terre. Le terme de guerrier et de chasseur leur correspondrait tout aussi bien, mais leur première fonction est de protéger les civils, qu’ils soient Humains ou non.

Je fais partie de la race baptisée Impera. Tous les employés du Centre le sont, ainsi que tous les habitants qui vivent en dehors de la ville. Nous sommes le résultat de l’union de plusieurs races qui se sont côtoyées au fil des siècles, et le plus souvent, des naissances non désirées. En somme, nous ne servons à rien, nous devons nous soumettre à l’autorité des Traceurs, et les laisser agir à leur guise quand ils sont sur notre territoire.

Je m’attendais à affronter un expert en combat, et je ne suis pas déçue. Le corps de Nate est tellement habitué à recevoir des coups que ma plus forte attaque ne lui coupe même pas le souffle. Ses muscles paraissent sculptés dans de l’acier et il sait exactement quand riposter, comme s’il connaissait déjà mes points faibles avant que je ne les découvre moi-même.

Je suis trempée par tous ces efforts, et une fine goutte de sueur perle de son front. Il l’essuie vivement, aussi surpris que moi, et reprend comme si de rien n’était. C’est cette seconde d’inattention qui me coûte le combat.

Les poumons en feu, j’essaie de résister comme je peux, mais il m’a déjà battue. Ses mains s’attardent sur mes poignets qu’il bloque au-dessus de ma tête. Il me fait tomber à terre tandis que je lutte pour prendre de l’air comme je peux, je suis comme paralysée.

-Et comment comptes-tu nourrir un Akrat adulte en mission ? m'enquis-je réjouie de lui mettre des bâtons dans les roues.

-Le premier jour, je te mettrais dans sa cage, il sera nourri piur une semaine. Ça me laissera le temps de lui trouver de quoi manger sur place.

-Je n'ai pas vraiment de quoi nourrir un Akrat...

-Peut-être pas, mais ça me divertira certainement, réplique le Traceur.

Elle doit nous accompagner à la Sphère. C’est donc de là qu’ils viennent.

— Mais je ne peux pas abandonner mon poste, nous ne nous connaissons pas…

— On n’est pas n’importe qui, ma petite. Je sursaute. Le Nahari vient de prendre la parole pour la première fois avec une voix caverneuse et rauque qui ne va pas avec son physique. Mais il a quel âge, au fait ?

— Ce n’est pas ce que je voulais…

— Vous avez devant vous l’élite de la Sphère, me coupe-t-il à nouveau.

— Désolé, je ne comprends pas, m’excusé-je en faisant non de la tête.

L’être s’approche de moi et nos fronts se touchent. Elle m’agrippe doucement le poignet, où je sens naître un léger fourmillement. Ses yeux sont blancs, vides, bien qu’ils paraissent pleins de vie.

« Et là, me comprends-tu, Traceuse ? »

Sa voix mélodieuse, avec un accent prononcé, résonne dans tout mon être.

Oui, je t’entends.

« Bien, cela fait un moment que je te cherche. J’ai rempli ma mission. »

Une mission ?

Vient mon tour. Je me fais toute petite et entre dans la pièce du milieu, là où Cassie est sortie, en espérant qu’elle me porte chance. Pyro m’attend déjà. Quand il voit mon visage, il sourit.

— Ah ! Te voilà enfin. Tu n’as pas intérêt à me décevoir, jeune fille. Tu es ma favorite de cette année.

— Euh… merci, je ferai de mon mieux. Ses yeux noirs brillent dans la pénombre.

— Cette combinaison te va à ravir, je suis vraiment content de moi.