Extraits

« — Il faut être honnête, confirma Charlotte gentiment. Mais il faut aussi avoir raison. Et un peu d'humanité ne nuit pas non plus.

— Est-il gentil de raconter des mensonges parce que c'est moins dérangeant à entendre ?

Jemima lança à Charlotte un regard de défi.

— Je ne vous ai jamais vue faire cela ! En fait, quand grand-maman me reproche d'être trop directe, elle dit que je suis exactement comme vous. »

« — Je suis journaliste au Times, reprit ce dernier. Je trouve fort intéressant que le directeur de la Special Branch s'intéresse à la visite d'une sainte, pour ainsi dire. À moins que je ne sois en train d'exagérer la sainteté de Sofia Delacruz ?

En dépit de son irritation, Pitt sourit dans la pénombre.

— Je n'en ai aucune idée, Mr. Laurence. J'ignore comment on mesure la sainteté. Si c'est ce que votre journal attend de vous, il faudra vous renseigner ailleurs.

Sur quoi il pressa le pas. Laurence l'imita.

— J'apprécie votre sens de l'humour, Mr. Pitt, mais j'ai peur que mon rédacteur en chef n'exige davantage qu'une estimation de sainteté, répondit-il d'un ton amusé. Quelque chose de plus violent, voyez-vous ? Un scandale, une attaque, voire un risque de meurtre. »

« — À quoi vous attendiez-vous ? Vouliez-vous que je vous dise qu'il n'y a rien à faire, pas de quoi s'inquiéter ? Que nous sommes des êtres parfaits, que nous ne devons pas changer ? Que Dieu nous aime et qu'il exaucera tous nos désirs sans que nous ayons à faire le moindre effort ?

Elle eut un infime haussement d'épaules.

— Les complaisants n'ont pas besoin de moi pour cela. Les innocents et ceux qui savent dans leur cœur qu'ils ne peuvent prétendre à la béatitude repartiraient les mains vides et se demanderaient pourquoi j'ai pris la peine de venir. C'est cela que vous attendiez de moi ? Pourquoi me menacerait-on, commandant ? Je serais coupable de mentir et de perpétuer l'ennui, mais personne ne tue pour de tels motifs, tant que les mensonges sont confortables. »

« — Pitt, ce n'était pas une suggestion. Vous pensez peut-être que la plupart des gens ne se soucient guère de doctrine religieuse, que seuls les dévôts vont s'intéresser à sa venue et que ces gens-là sont respectueux des lois.

Il haussa ses sourcils tout blancs.

— Et même qu'ils vont faire preuve de charité chrétienne. Si tel est le cas, vous êtes un sot ! La religion éveille chez certains plus de passion que n'importe quel autre sujet. Elle représente l'ordre, un esprit sain, la victoire inéluctable du bien sur le mal. Surtout, elle est la confirmation de la place qu'ils tiennent dans la création.

Il eut un sourire sans joie.

— Quelque part en haut, mais pas au sommet. Le souci des apparences oblige à la modestie. Il faut laisser certains privilèges à Dieu. »

Libre à chacun de croire ce qu’il veut. L’intolérance est un crime bien plus grave contre Dieu que les croyances étranges ou contradictoires. Pour moi, tout homme a le droit de pratiquer le culte de son choix, et même celui de vénérer un tas de pierres dans son jardin, tant qu’il ne nuit à personne. Dieu lui a donné cela et ce n’est pas à moi de le railler ou de l’empêcher de le faire.

Partout au monde , les banques reposent sur la confiance . Tout n'est qu'un vaste château de cartes. Qu'il se produise un désastre assez grave dans l'une d'elles et le malaise peut se propager à toutes les autres . Ensuite le sauve-qui -peut s'installe...

Je ne suis pas sûr d'aimer beaucoup la religion. Tantôt c'est ennuyeux , tantôt c'est dangereux. Au fond , l'ennui est sûrement préférable.