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Je n'étais pas non plus irréprochable ; je ne valais pas mieux que ce hommes, je n'avais pas réussi à le sauver des siens, de sa démesure, de son humanité. Lui aussi était mort prématurément, comme Orphée, anéantissant sous le joug de la fatalité notre œuvre à peine éclose. Les hommes, eux, continueraient de marcher, toujours atteints de cette cécité qui les maintenait dans l'obscurité." (p 260)
Afficher en entierGui était à l'image de cette pièce en or : il m'avait montré ses côtés. Le verso, son côtés solaire, amoureux, fantaisiste et créatif, une sorte de magicien capable de métamorphoser la réalité, celui qui ne craint ni les obus ni les flammes, à l'image des arbres dont le cœur se fossilise petit à petit pour se régénérer autour ; le recto était sa face plus sombre, cynique, désillusionnée, révélée au front et incarnée par son éclat d'obus. Je découvrais un Gui mélancolique, voire impénétrable." (p 253)
Afficher en entierJe compris alors qu'il y avait pire que le silence. Il y avait cette résonance d'un passé révolu, où une âme regrette l'absence de l'autre." (p 143)
Afficher en entierJe suis celui qu'on ne voit pas, je fais partie du décor, du paysage, je grandis sans que personne ne me remarque. Jeune, je porte pourtant en moi des savoirs millénaires que je ne dispense à personne, j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans. Né aveugle et muet, j'écoute les hommes qui viennent au cimetière, leur langue est menteuse, je sais tout d'eux, ce qu'ils ont été et ce qu'ils seront, insouciants de leur triste condition.
Ma vie est là, dans son intensité lumineuse et taiseuse. Le souffle des choses m'apaise et me berce aussi lentement que le roulement des pierres dans la vallée. La brise me porte les senteurs, et, bien ancré dans ma verticalité, je ressens la racine des émotions. Le soleil me chauffe, je suis un contemplatif et l'un des gardiens des lieux." (p 87)
Afficher en entierJ'étais enveloppé dans un tout, je faisais partie moi aussi de cette nature sans cesse métamorphosée. Elle semblait me dire quelque chose sans jamais me le murmurer, c'était à moi de la déchiffrer, de comprendre ses couleurs et ses émois, comme ces ver que je lisais. Je pensais à sa métamorphose quotidienne, à ce qu'elle offrait au monde. La nature m'ancrait dans une réalité dont la beauté m'avait jusque-là échappé. Le plaisir de rêver sur ce banc; dans le silence de la forêt, était primordial." (p 85)
Afficher en entierJe marchais toujours à la même heure, dans l'attente de ces minutes à la lumière particulière, un peu avant le crépuscule, que certains appellent "l'heure dorée". Le ciel se transformait en camaïeux carminés, du vermillon le plus vif au jaune le plus clair. La brume hivernale se mêlait à ce ballet coloré qui éclatait avant de perdre ses couleurs, puis venait le crépuscule, et, enfin, "l'heure bleue"." (p 85)
Afficher en entierSoudain, j'eus soif d'absolu et de liberté, je brûlais de briser cette ligne droite qu'on m'avait imposée ou que je m'étais forgée seul. Le poète me façonnait, me redonnait des contours que je ne me connaissais pas, un souffle de vie dont je goûtais chaque caresse. Son énergie créative me fascinait : rien ne semblait l'arrêter, cet homme était un touche-à-tout jamais rassasié, toujours en quête de nouvelles formes poétiques, d'un art aux limites inexplorées." (p 84)
Afficher en entierSi la mort était son avenir, le passé serait son quotidien. Elle ne pleurerait pas : son corps était sec des mille joies qu'elle n'avait pas vécues." (p 77)
Afficher en entierLe livre est une carte postale temporelle, quand on l'ouvre jaillissent des images d'un temps perdu." (p 26)
Afficher en entierDans ce lieu où les tombes ressemblaient à la cité-dortoir de mon enfance - pierres verticales dans lesquelles s'endorment les âmes - j'avais laissé mon père, couché pour l'éternité." (p 21)
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