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- Hé ! J'ai vu une fée !
- Ah oui petit ? Raconte nous ça ...
Julius le chien, lui, va direct inspecter sa gamelle.
- Une vraie fée, très vieille est très sympa !
- Elle t'a fait tes devoirs ?
- Non, dit le petit, elle a transformé un mec en fleur...
[...]
- C'est vrai, oncle Stojil, j'ai vu une fée, elle a transformé un mec en fleur.
- Ça vaut mieux que le contraire, répond Stojil sans quitter l'échiquier des yeux.
- Pourquoi ?
- Parce que le jour où les fées transformeront les fleurs en mecs, les campagnes ne seront plus fréquentables.
Afficher en entier- Tu viens Julius ?
La nuit est de plus en plus aiguisée.
- Tu viens oui ?
Cataclop, cataclop, il s'emmène. Il pue tellement ce chien, que son odeur refuse de le suivre : elle le précède...
Afficher en entierIl y a ceux qui trouvent la mort scandaleuse et ceux qui la trouvent naturelle avec un âge pour, des circonstances qui font que c'est la guerre, c'est la maladie, c'est la moto, la bagnole, l'époque, la vie, il y a ceux qui trouvent que la mort c'est la vie.
Afficher en entierMais c'est comme ça, la vie: si vous rencontrez un être humain dans la foule, suivez-le,... suivez-le.
Afficher en entierEtre libre, c’est d’abord être libéré du besoin de comprendre.
Afficher en entierSi Dieu existe, j'espère qu'Il a une excuse valable.
Afficher en entierMlle Verdun Malaussène : portrait d'un nourrisson. 3 jours déjà !
C'est gros comme un rôti de famille nombreuse, rouge viande tout comme, soigneusement saucissonné dans l'épaisse couenne de ses langes, c'est luisant, c'est replet de partout, c'est un bébé, c'est l'innocence. Mais gaffe : quand ça roupille, paupières et poings serrés, on sent que c'est dans le seul but de se réveiller, et de le faire savoir. Et, quand ça se réveille : c'est Verdun ! Toutes les batteries soudain en action, le hurlement des shrapnels, l'air n'est plus qu'un son, le monde tremble sur ses fondations, l'homme vacille dans l'homme, prêt à tous les héroïsmes comme à toutes les lâchetés pour ça cesse, pour que ça retrouve le sommeil, même un quart d'heure, pour que ça redevienne cette énorme paupiette, menaçante comme une grenade, certes, mais silencieuse au moins.
[...]
Et ça dure...
Verdun n'en finit pas.
Trois jours déjà.
Ce que Jérémy, les yeux au milieu de la figure, résume par cette question exténuée en se penchant sur le berceau de Verdun :
- Mais ça ne grandit donc jamais ?
Afficher en entierChaque soir c'est le même rituel: la main de Verdun tremble comme une feuille, mais, à l'intérieur, celle du Petit la stabilise, et l'aïeul croit dur comme fer qu'il trace ses anglaises aussi joliment qu'avant la Première Guerre. Il est triste, pourtant, Verdun, il fait écrire au Petit un seul prénom sur son cahier: Camille, Camille, Camille... sur toute la longueur des lignes. C'est le prénom de sa fille, morte il y a 67 ans, à l'âge de six ans, juste à la fin de la Der des Ders, fauchée par l'ultime rafale, celle de la grippe espagnole. C'était vers l'image de Camille que Verdun tendait ses mains tremblantes quand il a commencé à se shooter. Il se rêvait, bondissant de sa tranchée, zigzaguant entre les balles, cisaillant les barbelés, et courant vers sa Camille, sans fusil, bras ouverts. Il traversait ainsi toute la Grande Guerre et trouvait une petite Camille morte, momifiée, plus ratatinée à six ans qu'il ne l'est lui-même aujourd'hui. Double dose pour la seringue.
Depuis que je le planque chez nous, Verdun ne se shoote plus. Quand le passé le prend à la gorge, il regarde juste le Petit, les yeux noyés, et murmure: "Pourquoi qu't'es pas ma p'tite Camille?" Parfois, il lâche une larme sur le cahier d'écriture et le Petit dit:
- T'as encore fait un pâté, Verdun...
C'est tellement déchirant que l'ex-séminariste Stojilkovicz, ex-révolutionnaire, ex-vainqueur des armées Vlassov et de l'hydre nazie, que Stojil, présentement conducteur de bus pour touristes CCCP, et pour vieilles dames seules le samedi et le dimanche, que Stojil, dis-je, se racle la gorge et grogne:
- Si Dieu existe, j'espère qu'Il a une excuse valable.
Afficher en entier-C'est un mec, un alpiniste, il se casse la gueule.
-Drôle d'histoire, Thian, s'il te plaît...
-Attends deux secondes, gamin. Donc il se casse la gueule, cet alpiniste, il dévisse, il dévisse, sa corde pète, et il se rattrape du bout des doigts à une plateforme de granit verglacé. Au-dessous de lui, deux mille mètres de vide. Le gars attend un moment, les pieds ballants dans le gouffre, et finalement, il demande, d'une toute petite voix:"Y a quelqu'un?"... que dalle. Il répète, un peu plus haut: " Y a quelqu'un?" Une voix profonde, s'élevant de nulle part, monte alors jusqu'à lui: "Oui, dit la voix, il y a Moi, Dieu!" L'alpiniste attend, le cœur battant et les doigts gelés. Et Dieu reprend: " Si tu as confiance en Moi, lâche cette foutue plateforme, Je t'envoie deux anges qui te rattraperont en plein vol..." Le petit alpiniste réfléchit un instant, puis, dans le silence redevenu sidéral, il demande: " Y a quelqu'un d'autre?"
Afficher en entier"COUDRIER: L'incendie? Alors c'est le propriétaire qui a fait le coup pour toucher l'argent de l'assurance?
PASTOR: Non, Monsieur, c'est le courtier d'assurance lui-même.
COUDRIER: Original.
PASTOR: Dans l'intention de partager la prime avec le propriétaire.
COUDRIER: Moins original. Vous avez des preuves?
PASTOR: Des aveux.
COUDRIER: Des aveux... Encore du café?
PASTOR: Volontiers, Monsieur.
COUDRIER: Décidément, j'adore vos "Monsieur".
PASTOR: J'y met toujours une majuscule, Monsieur.
COUDRIER: C'est bien ainsi que je l'entends."
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