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Combien de fois, assise devant mon miroir, n'avais-je pas tenté d'imaginer ses traits en transposant les miens sur le visage flou que je m'efforçais de visualiser ? Oui, il avait bien ces yeux d'un vert très doux, le nez et le menton tels que je les voyais. Mais le visage plus creux, plus fermement dessiné, avec d'épais cheveux châtains soigneusement tirés en arrière, à part une vague souple au-dessus du front.

Il était grand, un mètre quatre-vingt-cinq au moins, et la silhouette athlétique alliait la sveltesse à la vigueur. On l'en rendait compte aisément sous son déguisement de Mardi gras : un vêtement collant taillé dans une matière argentée, de façon à imiter l'armure d'un chevalier du Moyen Age. Il tenait le heaume dans ses bras. Son regard se posa sur moi et passa progressivement de la surprise totale à un émerveillement ravi. Il s'éclaira d'un sourire de joie.

Avant qu'un mot fût prononcé, Daphné vint se placer à ses côtés. Elle portait une tunique bleu vif à longues manches, moulant le buste pour s'évaser à partir des hanches, avec un galon brodé d'or dans le bas. Un manteau blanc coulait en plis soyeux de ses épaules, largement ouvert et retenu par une agrafe en diamants. On aurait dit une princesse de conte de fées.

Elle était très grande, elle aussi, et tenait la tête haute à la façon des mannequins de mode. D'ailleurs, avec sa silhouette de sylphide, elle aurait fort bien pu en être un. Ses cheveux blonds à reflets cuivrés tombaient en un flot discipliné sur ses épaules. Elle avait de grands yeux bleu clair, une bouche tracée au pinceau. Ce fut elle qui prit la parole, après m'avoir toisée tout à son aise.

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Des pas résonnèrent dans le hall et Christophe et moi nous retournâmes d'un seul mouvement vers la porte. Un instant plus tard, Gisèle Dumas fit son apparition, vêtue d'une ravissante robe en satin rouge sans épaulettes. Ses cheveux roux, brillants à force d'avoir été brossés, étaient a peu près de la même longueur que les miens. Elle portait des pendants d'oreilles en diamants, et un collier des mêmes pierreries, serties d'or.

— Christophe ! commença-t-elle. Pourquoi es-tu en retard, et qu'est-ce que c'est que cette histoire d'invitée surprise ?

Sur ce, les poings aux hanches, elle pirouetta vivement dans ma direction.

Même si je savais à quoi m'attendre, le fait de voir mes propres traits sur quelqu'un d'autre me coupa le souffle. Gisèle Dumas étouffa une exclamation et porta la main à sa gorge.

Quinze ans et quelques mois après le jour de notre naissance, nous nous retrouvions.

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Ce matin-là, comme grand-mère, je mis mes vêtements du dimanche. Je brossai mes cheveux, les nouai avec un ruban rouge et nous prîmes le chemin de l'église, grand-mère avec la boîte de biscuits qu'elle destinait au père Rush. Il faisait un temps radieux, de petits nuages blancs et soyeux naviguaient mollement dans le ciel turquoise. La brise du golfe du Mexique donnait une saveur saline à l'air attiédi. Je respirai longuement, profondément. C'était un de ces matins où je me sentais pleine d'ardeur et de vie, consciente de la beauté de toute chose dans le bayou.

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Mon petit déjeuner fini, je commençai à porter au-dehors ce que nous comptions vendre ce jour-là, tandis que grand-mère achevait son roux. C'était l'une des premières choses que toute jeune cajun apprenait à cuisiner. Un simple mélange de farine revenue dans du beurre, de l'huile ou de la graisse animale, et qu'on tournait sur le feu jusqu'à ce qu'il devienne presque noir. Une fois prêt, on y ajoutait des fruits de mer, du poulet, du gibier ou des saucisses, et le mélange dûment épicé devenait le gumbo. Pendant le carême, grand-mère préparait un gumbo vert, en remplaçant la viande par un assortiment de légumes.

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Un bouquet d'arômes exquis s'échappait de la cuisine et s'insinuait dans ma chambre. J'ouvris les yeux, l'eau à la bouche. A la saveur généreuse du café de Louisiane, en train de passer sur le poêle, se mêlait le fumet du gombo poulet-crevettes que mitonnait grand-mère Catherine à l'intention des touristes. Je m'assis et humai longuement ces senteurs alléchantes.

Perçant les feuillages des sycomores et des cyprès, le soleil s'infiltrait entre mes rideaux de toile et jetait un rayon doré dans ma chambre. Une toute petite chambre, juste assez spacieuse pour contenir mon lit laqué de blanc, la lampe à pied placée à mon chevet, mon grand coffre à vêtements. Les oiseaux avaient déjà entamé leur concert, m'invitant à me lever sans traîner pour célébrer le jour nouveau.

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— Tu crois que tu l'as chassé, grand-mère ? demandai-je, quand nous fûmes assez loin pour que personne ne puisse nous entendre.

— Oui, affirma-t-elle. Et j'aimerais pouvoir chasser aussi facilement l'esprit malin de ton grand-père. Si j'étais sûre que ça lui fasse du bien, je le plongerais tout entier dans l'eau bénite. Ça lui ferait toujours un bon bain, et Dieu sait s'il en a besoin !

Je souris, mais presque aussitôt mes yeux s'emplirent de larmes. Pour autant que je m'en souvienne, grand-père Jack avait toujours vécu loin de chez nous, dans sa cabane de trappeur au fond des marais. La plupart du temps, grand-mère ne trouvait rien de bon à dire de lui et refusait de lui adresser un regard quand il s'approchait de la maison. Mais parfois, sa voix s'adoucissait, ses yeux reflétaient une lueur de tendresse et elle exprimait le souhait qu'il se réforme et change de vie. Elle n'aimait pas que je parte seule dans notre bachot et conduise à la perche jusque chez lui.

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Nous, les cajuns descendants des Acadiens venus du Canada au milieu du XVIIIe siècle, pratiquions une religion bien à nous, mélange de catholicisme et de folklore préchrétien. Nous allions à l'église et priions saint Medad, entre autres, mais sans renoncer pour autant à nos antiques superstitions. Certains même étaient solidement attachés à ces dernières, grand-père Jack par exemple. Il était expert en l'art des contre-sorts et possédait tout un arsenal de talismans : dents d'alligators, oreilles de cerfs et autres, qu'il fallait porter à la ceinture ou autour du cou. Grand-mère disait que si un homme en avait besoin dans le bayou, c'était bien lui.

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Malgré tout, c'était elle, la femme forte, je le savais. Car, outre sa sagesse et son courage, elle détenait les pouvoirs de ceux qu'on nommait encore chez nous d'un vieux nom français : les traiteurs. C'était une guérisseuse spirituelle, quelqu'un qui ne craignait pas de combattre le mal, si insidieux et si noir fût-il. Grand-mère semblait toujours posséder la solution du problème, avoir toujours un remède souverain à portée de la main, trouver le rituel ou la potion miracle, la marche à suivre en chaque circonstance. C'était un savoir non écrit, quelque chose qui lui avait été transmis. Et ce qu'elle n'avait pas reçu par transmission, elle paraissait le savoir d'instinct, comme par magie.

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Une vigoureuse brise s'était levée, dispersant les lourdes couches de nuages qui pesaient sur nous comme un linceul, cachant le quartier de lune et les étoiles du ciel d'avril. Le printemps avait plutôt fait penser à l'été cette année-là, en Louisiane. De jour comme de nuit, il faisait si chaud et si moite que le matin, je trouvais mes souliers humides, tous veloutés de moisissure. A midi, le soleil faisait scintiller les renoncules jaunes et une véritable frénésie s'emparait des mouches et des moustiques, affamés d'ombre fraîche. Par les nuits claires, je pouvais distinguer les toiles géantes que tendaient les araignées entre les branches. Nous avions accroché nos étoffes devant les fenêtres. Elles nous protégeaient des insectes, tout en laissant passer la brise rafraîchissante du golfe.

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On frappait à la porte-moustiquaire à coups violents, précipités, fébriles. Grand-mère Catherine et moi levâmes la tête de notre ouvrage. Nous étions au grenier ce soir-là, occupées à tisser. Nous préparions les couvertures de coton brut que nous vendrions au bord de la route, devant la maison, quand les touristes viendraient dans le bayou pour le week-end. Je retins mon souffle. Les coups se répétèrent, plus insistants, frénétiques.

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