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Pendant quelque temps, je crus que Belinda n'irait pas au collège ou que papa, cédant à ses prières, ajournerait sa rentrée jusqu’à l’automne. Plusieurs fois, il parut indécis, presque sur le point de se laisser fléchir. Elle tenta désespérément de l’y pousser, se plaignant sur tous les tons de ne pas pouvoir profiter des vacances d’été avec ses amis.

Quand la résolution de papa vacillait, j’accourais à la rescousse.

—Tu sais qu'elle a plus que jamais besoin d'y aller, papa. C’est une excellente idée que tu as eue là. Ne la laisse pas t’attendrir avec ses jérémiades. Nous n’aurons pas un instant de répit si elle reste ici, à ne pas savoir quoi faire de son temps.

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D’aussi loin que je me souvienne, c’était toujours à moi que Mère s’adressait pour se renseigner sur ma cadette. Elle comptait sur moi pour me charger de Belinda, mais j’avais passé presque toute l'année en pension, je ne savais rien de ses derniers exploits. A part le peu que j’avais pu apprendre par des on-dit, ou constater au moment des vacances, bien sûr. Belinda était en terminale, et j’estimais qu'on lui laissait trop de liberté. Beaucoup plus que je n’en avais eu moi-même, en tout cas.

En mon absence, Mère n’avait qu’une très vague idée de ce que pouvait faire sa plus jeune fille. Elle avait le droit de rentrer après minuit, ou même de passer la nuit chez ses amies. Papa était toujours trop occupé pour la surveiller, je suppose. Et voilà où tout ce laxisme avait abouti.

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Belinda était allongée sur le sol, étalée devrais-je dire, sa chemise ensanglantée retroussée jusqu'aux seins. Et là, entre ses jambes, gisait un enfant nouveau-né, toujours relié au placenta par le cordon ombilical.

Ma sœur avait les yeux révulsés de terreur, ceux du bébé étaient fermés. Son bras minuscule se détendit brusquement, puis il ne bougea plus.

—Jésus, Marie, Joseph ! s’exclama papa d’une voix sourde, cloué au plancher par la stupeur.

Comme si sa colonne vertébrale se muait soudain en gelée, Mère s’affaissa aux pieds de papa.

—Leonora !

—Ramène-la dans son lit, papa, dis-je avec décision. Je m’occupe de Belinda.

Il jeta un dernier regard derrière lui, comme pour s’assurer que tout cela était bien réel. Puis il s’accroupit, glissa les mains sous le corps de Mère, la souleva comme il eût fait d’un enfant et l’emmena dans leur chambre.

J’entrai dans celle de Belinda et m’empressai de refermer la porte. Les domestiques devaient sûrement être réveillés, à présent. Belinda geignait, les yeux vagues, comme si elle avait le vertige. Elle tendait les bras, mais sans oser toucher l’enfant.

—Je n’ai rien pu empêcher, Olivia, je t’assure. C'est arrivé comme ça.

Elle tremblait de tout son corps. Je m’approchai d'elle et baissai sur cette scène sanglante un regard incrédule.

—Tu étais enceinte ? Depuis tout ce temps, tu étais enceinte !

—Oui, souffla-t-elle.

Tout devenait clair, à présent. Au cours des derniers mois, nous nous étions souvent étonnés, papa et moi, de voir Belinda prendre du poids. Elle avait une faim dévorante, depuis quelque temps, et elle ne semblait s’inquiéter ni de prendre des hanches, ni d’avoir les joues bouffies. Personnellement, ça m’était bien égal. C’était surtout papa qui s’en plaignait. Sa chère petite poupée Barbie disparaissait sous ses yeux, remplacée peu à peu par cette créature qui ne se refusait plus rien. J'avais bien risqué une réflexion, de temps à autre, du genre :

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Malheureusement, du moins j’avais toutes raisons de le craindre, papa était semblable à la plupart des hommes. Incapable de résister à un sourire provocant, un geste d'invite, un baiser furtif, comme si le flirt était une sorte de compensation pour ses res- ponsabilités professionnelles. Une voix me soufflait que si je voulais plaire aux hommes, il fallait imiter ma sœur, ne plus raisonner ni réfléchir, me remplir la tête de bulles de savon en guise de pensées.

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—Je ne veux pas grandir, osa reconnaître un jour Belinda. C’est ennuyeux, désagréable, on n’y gagne que des reproches et des soucis. Je veux rester une petite fille toute ma vie, avec des hommes pour prendre soin de moi.

—Tu n'as donc aucun respect pour toi-même ?

ripostai-je, ulcérée. Pas la plus petite trace de dignité ?

Elle haussa les épaules, fit les yeux doux et eut cette petite moue qui lui valait tant de sourires éblouis.

—J’en ai... quand j’en ai besoin, voilà tout.

Parler avec elle me mettait les nerfs à rude épreuve, quelquefois. La frustration me crispait à tel point que mes muscles se contractaient, jusqu’à devenir durs comme de l'acier. Je mourais d’envie de lui administrer une bonne gifle, pour faire rentrer un peu de bon sens dans sa stupide petite tête.

C’est alors qu’elle me sautait au cou et s'écriait :

—Tu auras de la dignité pour nous deux, Olivia. J’en suis sûre. J’ai tellement de chance d’avoir une grande sœur comme toi !

Puis elle s’échappait pour aller rejoindre ses amis et flirter avec son troupeau d'admirateurs, me laissant seule avec la tâche que papa nous avait confiée à toutes deux.

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Il m’arrivait, quand nous étions à table, ou réunis au salon devant la télévision, d’observer papa pendant qu’il regardait Belinda. Il était en contemplation devant sa beauté délicate, comme un collectionneur devant une œuvre d’art, et cela me rendait mélancolique. Pourquoi n’était-ce jamais moi qu'il regardait ainsi ? Je n’avais jamais rien fait qui puisse le blesser ou lui déplaire. Je savais qu’il était fier de moi, de mes talents domestiques, de mes résultats scolaires, et des compliments que je recevais de ses amis. Mais il se comportait comme si tout cela était normal, et qu’il n’en attendait pas moins de moi.

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La chambre de notre mère était toujours pleine de fleurs - elle détestait les mauvaises odeurs -, et elle passait sa journée à écouter des boîtes à musique. Comme elle ne supportait pas « les couleurs tristes, les choses qui se fanent et tous les nuages noirs qui peuvent nous faire de l’ombre »... elle avait choisi de porter des lunettes roses.

À mon avis, c’était surtout à elle que Belinda ressemblait.

Toutes les deux, nous tenions d’elle notre petite stature, cela ne faisait aucun doute. Pieds nus, elle ne dépassait pas de beaucoup le mètre cinquante; et si j’étais un peu plus grande, je n’espérais pas aller au-delà d’un mètre cinquante-cinq, au maximum. Belinda était un peu plus petite que moi, mais plus jolie, je dois le reconnaître. Ses yeux étaient plus bleus que les miens, qui tiraient sur le gris, et son nez un plus petit. Sa bouche était tracée au pinceau, son sourire creusait une délicieuse fossette dans sa joue gauche. Quand elle était petite, papa aimait poser le doigt sur cette fossette en prétendant qu’il appuyait sur un bouton. Belinda était alors censée danser. Ce qu'elle s’empressait de faire, avec une grâce étincelante, même quand elle n’avait que deux ou trois ans. Et papa souriait, d’un sourire venu du fond du cœur.

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Par le jeu des circonstances, c'était surtout à moi qu’il incombait de donner à Belinda ces conseils dont elle avait tant besoin. Notre mère se dérobait à ses obligations et à ses responsabilités. Elle détestait voir ou entendre quoi que ce soit de laid ou de déplaisant. Son vocabulaire était un tissu d’euphémismes, ces mots qui savent si bien déguiser les vérités trop laides ou les réalités trop cruelles. Les gens ne mouraient pas, ils «nous quittaient pour toujours». Papa n’était jamais dur envers elle, il «n’était pas dans son assiette», sans plus. Quand l’un de nous tombait malade, elle se comportait comme si c’était de notre faute. Nous attrapions des rhumes par négligence, et si nous avions mal au ventre c’était parce que nous avions mangé ce qu’il ne fallait pas. Tout se ramenait à une mauvaise décision de notre part, en somme. Et il suffisait d’un peu de bonne volonté pour que tout s’arrange. Elle avait un remède magique à tous les maux.

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Elle avait un rire contagieux, qui déridait instantanément ceux qui se trouvaient près d’elle. Rien qu’à l’entendre, on se sentait forcé de sourire, la tristesse et les idées noires s’envolaient. En sa présence, les gens perdaient la tête et devenaient littéralement amnésiques. Les garçons, surtout. Ils oubliaient leurs responsabilités, leurs devoirs, leurs rendez-vous, et en particulier leur réputation. Sur un signe d’elle, ils étaient prêts à faire les choses les plus grotesques et les plus stupides : elle les menait par le bout du nez.

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Le printemps du cap Cod me surprenait toujours, comme si je n'avais pas osé espérer qu’il revienne. Les hivers étaient si longs et si rudes, chez nous, et les jours si courts ! Pourtant je ne redoutais ni les ciels gris ni le vent froid, à l’encontre de la plupart des gens, surtout ma cadette Belinda. D’ailleurs nos camarades de classe trouvaient que l’hiver était la saison qui me convenait le mieux. Je ne sais plus comment ni quand cela s’était fait, mais un jour quelqu’un m'avait appelée par plaisanterie Miss Glaçon, et ma sœur Miss Tison, et ces surnoms nous étaient restés.

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