Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
713 948
Membres
1 009 047

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

La famille Thatcher, Tome 1 : L’invitation au bonheur



Description ajoutée par x-Key 2011-11-22T21:33:01+01:00

Résumé

« Et si vous essayiez enfin de faire comme moi : de vivre pour le plaisir ? »… Quand Sienna entend ces mots de la bouche de Jack Thatcher — dont les yeux de velours viennent de tourner à l’orage —, elle manque exploser de colère à son tour. Elle qui place le sens de l’effort en tête de liste de ses valeurs, elle a soudain l’impression que Jack et elle habiteront toujours sur deux planètes différentes Et d’abord, qui est-il, pour lui faire des reproches et remettre en cause sa façon de vivre ? Vraiment, elle lui tournerait volontiers le dos. Le hic, c’est que, depuis leur toute première rencontre, un irrésistible courant les pousse l’un vers l’autre. Une force puissante, magnétique qui se moque bien qu’aucun des deux ne veuille céder un pouce de terrain…

Afficher en entier

Classement en biblio - 3 lecteurs

extrait

** Extrait offert par Joan Kilby **

Chapitre 1

Le Dr Sienna Maxwell faisait de son mieux pour ignorer l’homme qui se trouvait à l’autre bout du rayon de fruits et légumes ; il était tellement beau que c’en était indécent. Mais, quand son rire profond s’éleva, mêlé au gloussement cristallin d’une vieille dame, elle ne put s’empêcher de regarder de nouveau dans sa direction. Vêtu d’un fin pull-over noir au col en V et d’un pantalon couleur fauve, il était à la fois élégant et décontracté. Avec ses épais cheveux bruns en bataille, ses yeux marron au regard chaleureux et son sourire avenant, il aurait pu être le frère cadet de George Clooney. Soudain il tendit la main vers l’oreille de la vieille dame et y fit apparaître un kiwi. Cette dernière lui adressa un sourire lumineux. Ma parole, mais elle flirtait avec lui !

Sienna ramena une mèche de ses cheveux derrière son oreille et s’absorba dans la contemplation du fenouil frais. Elle n’avait aucune idée de la façon dont se cuisinait ce légume, mais elle n’en mit pas moins deux dans son caddie, tout en continuant à regarder l’homme du coin de l’œil.

Il posa le kiwi dans le panier de la vieille dame, lui serra doucement l’épaule et s’éloigna. Il n’avait pas fait deux pas qu’un homme corpulent, au visage rouge, lui adressait un salut chaleureux. Il s’appuya sur son caddie, détendu et plein d’entrain, tout prêt à bavarder comme s’il n’avait rien d’autre à faire.

Comme elle aimerait aussi avoir le temps de flâner de la sorte, parfois, pensa Sienna en soupirant. Comme pour la rappeler à l’ordre, son téléphone portable vibra soudain dans la poche de sa veste. C’était l’alarme qui lui signalait qu’elle devait être de retour à la clinique dans dix minutes pour recevoir son premier patient de l’après-midi. Elle avait profité de sa pause-déjeuner pour venir acheter les ingrédients dont elle avait besoin pour préparer un curry thaï. Quand Glyneth et Rex lui avaient annoncé qu’ils venaient la voir, elle leur avait promis sans réfléchir de leur servir un dîner merveilleux, qu’elle s’était vantée de pouvoir préparer elle-même. Elle avait peut-être parlé un peu trop vite…

Distraite par la voix douce et profonde de l’inconnu, elle se surprit à regarder de nouveau dans sa direction. Maintenant, il discutait avec une femme d’une trentaine d’années, accompagnée de deux jeunes enfants. Pendant qu’ils bavardaient, un couple de retraités lui fit un signe de la main et lui lança quelques mots de salutation. Il semblait connaître tout le monde en ville.

Quel contraste avec sa propre situation ! Quand elle était venue s’installer dans cette bourgade, elle avait pensé qu’elle ne tarderait pas à organiser des dîners et des sorties. Mais trois mois après son arrivée, elle n’avait toujours pas d’amis qu’elle aurait pu inviter à prendre le café ! Elle était tout simplement trop prise par son travail pour trouver le temps de se faire des relations. Bien sûr, elle n’était pas seule. Son fils Oliver vivait avec elle ; mais il passait de plus en plus de temps avec ses copains.

Mais elle n’avait pas vraiment le temps de dresser un bilan de sa vie, et elle consulta sa liste de courses. Il lui fallait des feuilles de… combava ? A quoi cela pouvait-il bien ressembler ? Tout en dirigeant son caddie vers la section des produits exotiques, elle jeta un dernier regard furtif vers l’homme au teint hâlé et aux cheveux bruns qui bavardait toujours comme s’il n’avait rien d’autre à faire. Elle ne savait pas si elle avait envie d’être cet homme… ou d’être plus intime avec lui. Oh, bien sûr, il n’était pas dans ses habitudes de regarder les hommes en ayant ce genre de pensée. Plus depuis longtemps, tout au moins. Mais quelque chose chez cet homme-là venait de ramener ses hormones endormies à la vie. Comment se faisait-il qu’elle ne l’ait jamais rencontré au cours des trois mois qu’elle avait déjà passés à Summerside ?

Leurs regards se croisèrent par-dessus le rayon des fleurs coupées. Un léger sourire apparut sur ses lèvres qui avaient juste ce qu’il fallait d’angles et de courbes pour être incroyablement sexy, et une lueur d’amusement brilla dans ses yeux.

Gênée qu’il l’eût surprise en train de le fixer, elle se sentit rougir. Elle poussa son caddie vers l’avant, tout en notant avec un détachement très professionnel que son taux d’adrénaline avait augmenté et que son cœur battait nettement plus vite. Il fallait qu’elle se reprenne. Elle était une adulte, pas une adolescente. Elle était médecin, avec des pensées rationnelles. Comment pouvait-elle fantasmer comme une midinette sur un homme croisé au rayon des fruits et légumes ?

Elle abandonna sa quête de feuilles de combava, prit un sac plastique et le remplit de ce qui se trouvait devant elle, au hasard. Et, juste au moment où son pouls avait repris un rythme normal, juste au moment où elle commençait à retrouver son calme, elle entendit cette voix basse et profonde, à un mètre d’elle à peine. L’homme s’était rapproché et plaisantait avec la femme qui se tenait juste à côté d’elle. Elle se força à ne pas regarder dans sa direction, mais tous ses sens furent immédiatement en alerte. Et, quand la cliente s’éloigna, elle se retrouva à cinquante centimètres du frère de George Clooney.

Ce fut alors qu’elle vit les feuilles de combava dans le rayon. Heureuse de cette diversion, elle tendit la main vers le paquet. L’inconnu tendit la sienne au même moment… et, immanquablement, leurs doigts se frôlèrent. Elle retira vivement sa main et le sachet de plastique tomba par terre. Elle se baissa pour le ramasser.

Il en fit autant, et attrapa le sachet avant elle.

— Tenez, lui dit-il en le lui tendant avec ce petit sourire un peu trop sexy.

— Merci.

Il lui suffit de croiser son regard pour sentir ses joues s’enflammer de nouveau. Elle se releva avant qu’il ait pu lui proposer de l’aider et, nerveuse, regarda le rayon.

— Il y en a d’autres, dit-elle.

— Beaucoup d’autres, oui, reconnut-il en laissant tomber deux sachets dans son caddie. Vous allez faire du curry ?

Elle ramena derrière son oreille d’autres mèches échappées de sa queue-de-cheval. En se rappelant la recette compliquée qu’elle avait découpée dans un magazine, elle hocha la tête.

— Un curry vert thaï, oui, répondit-elle. Avec du poulet.

— Il va aussi vous falloir du galanga, des piments verts…

Tout en parlant, il attrapait les ingrédients dans le rayon, les empilant dans l’une de ses larges mains.

— De la coriandre fraîche, du gingembre…

Les yeux fixés sur toutes ces choses au nom étrange qu’elle n’avait pas l’habitude d’utiliser, elle regretta de ne pas avoir choisi un plat plus simple.

— Merci, mais je ne vais pas prendre tout cela, dit-elle. J’ai voulu être audacieuse, mais je crois que j’ai vu trop grand. J’ai un pot de pâte de curry. Je l’utiliserai.

— Le curry tout prêt n’est jamais aussi bon.

Il hésita à peine plus d’une seconde avant d’ajouter :

— Voudriez-vous venir dîner chez moi ce soir ? J’ai quelques invités. Je fais un curry, justement.

« Avec grand plaisir ! », faillit-elle lui répondre. Elle se mordit la lèvre. Elle plaisantait ? Elle ne le connaissait même pas ! Et puis il y avait Glyneth et Rex.

— Je vous remercie, mais je suis déjà prise.

Il esquissa un petit sourire en coin.

— Je ne peux pas vous blâmer d’être prudente. Mais tout le monde vous le dira : je suis un gentil garçon.

Elle allait lui répondre lorsque son téléphone vibra de nouveau dans sa poche. Plus que cinq minutes avant son rendez-vous.

— Vous m’excuserez, mais je dois retourner travailler, dit-elle très vite.

— L’apéritif est à 19 heures. En général, nous ne passons pas à table avant 21 heures. Vous ne voulez vraiment pas venir ?

— C’est gentil mais j’ai d’autres projets.

— Samedi prochain, alors ? Notez-le dans votre agenda.

Elle ne put s’empêcher de rire.

— Est-ce que vous donnez un dîner tous les samedis ?

— Je ne suis pas sûr que l’on puisse dire que je donne un dîner, répondit-il en haussant les épaules. Disons que je prépare un repas assez copieux, et tous ceux qui en ont envie viennent et se débrouillent pour se trouver une place à table. S’il y a trop de monde, je vais chercher la table des cartes.

Quel contraste avec les soirées que Anthony et elle donnaient à Melbourne ! C’étaient des réceptions solennelles, planifiées des semaines à l’avance. La table était dressée avec le plus grand soin suivant les directives du magazine Gourmet. Les plats venaient essentiellement de chez le meilleur traiteur, non seulement parce qu’elle n’avait pas le temps de cuisiner, mais aussi parce que leurs amis rivalisaient avec un tel acharnement pour servir les plats les plus raffinés qu’elle était complètement dépassée. A côté de chaque assiette il y avait un carton portant le nom de l’invité, et des compositions florales trônaient un peu partout. Chaque couvert comportait trois verres différents, et une demi-douzaine de fourchettes et couteaux. Jamais elle n’avait été assez détendue pour apprécier un seul de ces dîners. Et elle avait fini par les détester après avoir découvert ce que Anthony et sa prétendue amie Erica faisaient dans l’office entre les plats.

Ce bref rappel à sa vie passée la mit presque de mauvaise humeur. Elle ne pouvait toujours pas se résoudre à accepter l’échec de son mariage. Ce genre de chose n’était pas censé se produire dans son monde parfait.

— Je dois y aller, répéta-t-elle.

— Je m’appelle Jack.

Il sortit son portefeuille et en tira une carte qu’il lui posa dans la main.

— Voilà mon adresse, au cas où vous changeriez d’avis.

Elle baissa les yeux vers la carte. Jack Thatcher, Linden Avenue. Avant qu’elle ait eu le temps de lui répondre ou de lui dire son nom, un vieil homme — visiblement dur d’oreille, et qui s’appuyait sur une canne — s’approcha d’eux et lança d’une voix forte, en portant une main en cornet à son oreille :

— Comment ça va, Jack ? Ça fait un moment que tu n’es pas venu manger le gâteau au citron de ma femme. Elle voudrait bien savoir pourquoi.

Elle glissa la carte dans la poche de côté de son sac à main et s’éloigna. Elle passa à la caisse, sortit du magasin en hâte et remonta la rue. La clinique se trouvait sur Main Street, à l’autre bout de la zone commerciale.

Le soleil n’avait pas encore disparu derrière les arbres, mais une petite brise printanière soufflait, assez forte pour qu’elle se félicite d’avoir mis une veste. Ici, sur la péninsule, il faisait toujours quelques degrés de moins qu’en ville. Mais elle se sentait bien dans cette petite bourgade en bord de mer. Professionnellement parlant, elle avait fait un grand pas en avant en devenant chef de la clinique de Summerside. Et maintenant, après sa rencontre avec Jack Thatcher, elle se sentait envahie par une sensation très agréable, comme si les jours qui se profilaient devant elle allaient être des jours heureux.

Quand elle entra dans le hall de la clinique, Bev, la réceptionniste, tapait sur son clavier d’ordinateur.

Elle la salua et traversa le hall pour passer derrière la réception. Là, elle s’arrêta et posa sur la réceptionniste un regard pensif. Summerside était une petite ville qui ne comportait que cinq mille habitants environ. Bev, qui avait la cinquantaine et qui était très sociable, pourrait sans doute lui donner quelques détails sur l’homme qu’elle venait tout juste de rencontrer.

— Oh, Bev, fit-elle négligemment. Est-ce que par hasard vous connaîtriez Jack Thatcher ?

Bev arrêta de taper et fit pivoter son fauteuil de bureau pour lui faire face, tout en passant une de ses mains chargées de bagues dans ses cheveux blonds brillants, coupés au carré.

— Tout le monde connaît Jack, répondit-elle avec un petit soupir. Ses dîners sont célèbres.

— Est-ce qu’il est marié ?

— Veuf.

Bev jeta un regard circulaire dans le hall pour s’assurer que personne ne pouvait les entendre et poursuivit, un peu plus bas :

— Sa femme est morte dans le crash d’un petit avion de tourisme il y a quelques années. Une horrible tragédie.

Elle s’interrompit et la regarda droit dans les yeux avant d’ajouter :

— Pourquoi cette question ?

— Comme ça. Je viens juste de le rencontrer en faisant mes courses.

— Laissez-moi vous mettre en garde, poursuivit Bev en lui lançant un regard entendu. Beaucoup de femmes lui ont fait des avances, mais il n’a jamais eu de relation suivie avec aucune d’entre elles. Jamais. Elles disent qu’il est toujours amoureux de sa femme.

— Je ne suis pas intéressée de cette façon ! se hâta-t-elle de répondre. Il m’a semblé très gentil, rien de plus.

— Mais il est gentil ! Avec tout le monde. Que vous soyez jeune, vieux, riche ou pauvre, Jack est prêt à vous donner sa chemise. C’est un homme merveilleux. Seulement, il ne faut rien attendre de lui, si vous voyez ce que je veux dire.

— Il m’a invitée à dîner ce soir.

— Vraiment ?

La réceptionniste la regarda avec plus d’attention, visiblement prête à poursuivre la discussion, mais Sienna n’avait pas le temps de discuter. Aussi lui adressa-t-elle un petit sourire d’excuse avant de se diriger vers la salle du personnel. Là, elle accrocha sa veste dans la penderie et posa ses courses sur le comptoir du coin cuisine. Elle constata qu’elle n’avait pas acheté tout ce qu’il lui fallait, et qu’elle se retrouvait avec des produits qu’elle ne se souvenait même pas avoir posés dans son caddie…

Tout cela parce qu’un homme qui avait le sourire de George Clooney l’avait regardée droit dans les yeux au rayon des fruits et légumes du supermarché du coin.

***

Sans ralentir sa course, Jack épongea la sueur qui ruisselait sur son front avec le bas de son T-shirt, remonta l’allée qui menait à la maison en brique qu’occupaient ses parents, frappa deux fois et ouvrit la porte sans attendre de réponse.

— Il y a quelqu’un ?

— Bonjour, mon chéri !

Hetty, sa mère, se précipita pour l’accueillir.

— Maman ? fit-il, ébahi.

C’était la première fois qu’il la revoyait depuis qu’il était rentré de ses trois mois de vacances dans le Queensland. D’habitude, elle portait des pantalons et des gilets de laine, et ses cheveux teints en blond étaient coupés au carré. Mais aujourd’hui elle arborait un ample pantalon d’aspect soyeux et une large tunique en mousseline. Ses cheveux, maintenant gris, étaient coupés court.

Elle s’avança pour le prendre dans ses bras mais fit aussitôt un pas en arrière.

— Tu es couvert de transpiration !

— Qu’as-tu fait à tes cheveux ?

Sa mère passa les doigts dans ses mèches courtes et demanda :

— Ça te plaît ?

— C’est… différent.

— J’ai décidé de garder mes cheveux gris, dit-elle en souriant, une étincelle dans ses yeux bleus. De paraître mon âge, d’être vraiment moi.

— Ah oui ? Et qui as-tu fait semblant d’être jusqu’ici ?

— Oh, Jack !

— Je plaisante.

Il passa son bras autour de ses épaules et ajouta :

— Je trouve que ça te va bien.

— Alors ? Comment s’est passé ton voyage ? demanda-t-elle. J’ai l’impression que tu es parti depuis des années.

— Très bien. Les tropiques sont vraiment le meilleur endroit pour passer des vacances.

Il suivit sa mère dans le salon où son père, assis dans son fauteuil relax, une bière à la main, regardait par la fenêtre, vers les enclos à chevaux qui se trouvaient de l’autre côté de la rue. Smedley, son terrier Jack Russell, était couché à ses pieds.

— Salut, papa !

— Jack, grommela son père, sans se lever.

Sa mère laissa échapper un soupir.

— Il reste assis là toute la journée à ne rien faire, à bougonner à propos de tout et de rien, murmura-t-elle. Parfois, je me dis que nous n’aurions jamais dû vendre la ferme.

— Et toi, comment vas-tu ?

— Je vais bien. Mieux que bien même. Viens dans la cuisine, je viens de faire des brownies, dit-elle en l’entraînant avec elle. Est-ce que Bogie a apprécié de vivre sur un bateau ?

— Un vrai marin ! On aurait dit qu’il était né dessus. Je rentrais au port chaque soir pour qu’il puisse faire sa promenade.

— Et… est-ce que tu as rencontré quelqu’un pendant ton voyage ?

— Non.

Non, pas pendant son voyage. Mais le visage de la femme qu’il avait rencontrée tout à l’heure surgit dans son esprit.

— C’est bizarre, dit sa mère en grimaçant. J’avais eu un pressentiment.

— Désolé, mais ton intuition maternelle s’est trompée, cette fois.

Il pénétra à la suite de sa mère dans la petite cuisine baignée de soleil, dans laquelle flottait une odeur de gâteau tout juste sorti du four. Une corbeille de linge humide était posé par terre, à côté de la porte de derrière. Sa mère s’apprêtait probablement à aller l’étendre quand il était arrivé.

— Ton père passait son temps à se plaindre que je ne faisais plus de pâtisserie, expliqua-t-elle en coupant une tranche de gâteau. Alors je m’y suis remise.

— Tu sais bien qu’il adore tes gâteaux.

Il prit une bouchée de la part que lui tendait sa mère.

— Et je le comprends ! ajouta-t-il. Ils sont délicieux. Fais-lui-en plus souvent. Il retrouvera vite sa bonne humeur.

— C’est le moment de son check-up annuel, mais il le repousse sans arrêt. Son ancien médecin a pris sa retraite, et il dit qu’il ne veut pas en dresser un nouveau. Je pense qu’en réalité il a peur qu’on lui dise de perdre du poids et de faire de l’exercice. Je trouve qu’il a beaucoup grossi, ces derniers temps.

— Laisse-lui le temps de s’habituer à sa nouvelle vie. Est-ce que vous voulez venir dîner à la maison, ce soir ? Renita et Lexie seront là.

— Moi, je ne peux pas. Je pars pour une retraite de quinze jours au centre de méditation. Mais propose-le à ton père. Cela lui changera les idées.

— De la méditation ? s’étonna-t-il. C’est nouveau, ça. Dis-moi, il y a bien des changements dans ta vie. Tu n’es plus la même.

Sa mère ferma les yeux, et ses lèvres s’étirèrent en un sourire lumineux. Quand elle rouvrit les yeux, elle irradiait le calme.

— C’est possible. Et je ne peux pas te dire combien je me sens sereine, maintenant. J’aimerais que ton père essaie la méditation, lui aussi.

Son sourire s’estompa et son expression se teinta de tristesse.

— Mais il ne me soutient pas, ajouta-t-elle en soupirant. Je pense qu’il a peur.

— Il s’y fera, dit Jack en se frottant les mains au-dessus de l’évier pour en faire tomber les miettes. Je vais aller le voir.

Il coupa un autre morceau de gâteau et le posa sur une assiette qu’il porta à son père dans le salon. Sur la table à côté du fauteuil, il y avait déjà une assiette qui ne contenait plus que des miettes. Le ventre de son père débordait par-dessus sa ceinture. Sa mère avait raison : il avait pris quelques kilos depuis la dernière fois qu’il l’avait vu.

— Tiens, papa. Alors, quoi de neuf ?

Son père prit une bouchée de brownie.

— Ta mère est devenue lesbienne, ronchonna-t-il. Tu as vu comment elle est coiffée ?

Jack réprima un rire.

— Ce n’est qu’une coupe de cheveux, papa.

Il s’assit sur le canapé de brocard vert sombre qui faisait face au fauteuil de son père et se pencha pour caresser Smedley qui était venu vers lui.

— C’est plus qu’une coupe de cheveux, grommela son père. Elle a rejoint une secte. Les papiers qu’elle rapporte à la maison disent qu’ils sont chastes, dans ce centre de méditation.

— Etre chaste n’est pas la même chose qu’être lesbienne.

— Qui sait ce qu’elle fabrique avec ces gens en robe blanche, insista son père. Moi, tout ce que je vois, c’est qu’elle n’est pas ici avec moi.

— Tu devrais te trouver des passe-temps, toi aussi.

Sans prêter attention à sa remarque, son père engloutit le reste de sa part de brownie.

— Et elle n’est presque jamais ici pour préparer le repas.

— Allons, papa. Tu peux te débrouiller seul. Maman a bien le droit de penser un peu à elle.

Jack observa son père avec attention. Il n’était pas dans sa nature d’être aussi ronchon. Il était évident qu’il avait peur. Peur de vieillir, peur de devenir inutile.

Peur de perdre sa femme.

— Je m’attendais à ce que les filles prennent son parti, mais pas toi, laissa tomber son père en ramassant les miettes de gâteau sur l’assiette.

— Je suis venu t’inviter à dîner, dit-il, éludant la remarque.

Il ne voulait surtout pas se retrouver mêlé aux problèmes conjugaux de ses parents.

— Il y a du foot ce soir, répliqua son père. Est-ce que tu le regarderas ?

— Sans doute pas.

— Alors, oublie.

Son père attrapa ses lunettes cerclées de métal et en inspecta les verres.

— Ces fichus trucs sont toujours sales, pesta-t-il.

— Est-ce que tu te sens bien ? C’est bientôt, ta visite annuelle chez le médecin, non ?

— Tout va bien pour moi, répondit son père en essuyant ses lunettes avec le pan de sa chemise. Je suis en pleine forme.

— C’est très bien, mais tu devrais quand même faire ce check-up. Pourquoi ne viendrais-tu pas courir avec moi, de temps en temps ?

— Tu rigoles ! Je n’ai plus l’âge de ces âneries !

Il leva sa bouteille de bière et s’aperçut qu’elle était vide.

— Hetty ! Tu peux m’apporter une autre bière ?

Pas de réponse.

Il se leva péniblement de son fauteuil et se redressa, une main plaquée sur les reins.

— Bon sang, où est-elle encore ? Jamais là quand j’ai besoin d’elle !

— Elle est sans doute dehors en train d’étendre le linge. Je vais t’attraper une bière.

Mais son père se dirigeait déjà vers la cuisine d’un pas traînant.

Jack soupira et jeta un coup d’œil à sa montre.

— Il faut que j’y aille. A plus tard, papa.

***

— Oliver ? Je suis rentrée.

Afficher en entier

Ajoutez votre commentaire

Ajoutez votre commentaire

Commentaires récents

Bronze

Un livre remplie de passion ! J'ai adoré ! Les personnages sont vraiment intéressants !

Afficher en entier

Dates de sortie

La famille Thatcher, Tome 1 : L’invitation au bonheur

  • France : 2011-09-01 - Poche (Français)
  • USA : 2011-01-11 - Poche (English)
  • USA : 2012-07-01 (English)

Activité récente

Titres alternatifs

  • Her Great Expectations - Anglais
  • Great Expectations (Summerside Stories #1) - Anglais

Les chiffres

lecteurs 3
Commentaires 1
extraits 2
Evaluations 1
Note globale 5 / 10

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode