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La famille Thatcher, Tome 3 : Une surprise à ma porte



Description ajoutée par Kilou19 2011-11-13T11:44:34+01:00

Résumé

Lexie soupira. La sonnette venait de retentir une seconde fois.

Qui venait encore la déranger ? Sans doute Andrew... Le petit garçon des voisins était vraiment adorable, mais il fallait toujours qu'il expédie son ballon dans son jardin et vienne ensuite le réclamer ! Oui, à coup sûr, c'était encore Andrew.

Elle ouvrit sa porte, le regard dirigé à un mètre du sol, en lançant : Bonjour, bonhomme... Sauf que ce n'était pas un petit garçon de cinq ans. Surprise, Lexie releva doucement la tête.

Chaussures cirées, pantalon anthracite, chemise blanche, allure virile et élancée, un inconnu se tenait sur le pas de sa porte, un homme extrêmement séduisant. Tout à coup, elle se sentit toute drôle. Que puis-je faire pour vous ? demanda-t elle. Son mystérieux visiteur se présenta : je suis Rafe Ellersley. Nous avons beaucoup à nous dire, tous les deux...

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Classement en biblio - 17 lecteurs

extrait

** Extrait offert par Joan Kilby **

Chapitre 1

Rafe Ellersley soupira. Ses amis devaient avoir raison : il avait vraiment un petit côté Snoopy parfois… Toujours la tête ailleurs. Par une si belle journée, il serait bien parti à la pêche au large, par exemple ! Malheureusement, il n’avait pas comme Snoopy une niche sur laquelle s’allonger pour contempler le ciel et rêver : lui, il ne disposait que d’un box trop petit dans la salle des comptables du Centre national des impôts.

— Il me faut un volontaire pour un contrôle à Summerside, lança le chef de service à la cantonade.

Corpulent, à moitié chauve, Larry Kiefer s’avançait dans la travée entre les bureaux de ses adjoints.

— Qui est preneur ?

— Moi ! s’écria Rafe en sautant sur ses pieds.

Il serait parti n’importe où pour s’échapper du bureau, mais Summerside, c’était le paradis ! Un petit village sur la baie au sud-est de Melbourne, des eaux où le poisson abondait. Soleil, ciel bleu et eau salée.

Larry baissa les yeux pour ne pas le voir et consulta le dossier qu’il tenait à la main. Pour un peu, Rafe se serait cru à l’école, face à un vieil instit qui refuse d’interroger le mauvais élève !

— Qui veut y aller ? Il s’agit d’une certaine… Lexie Thatcher, artiste peintre. Elle n’a pas fait de déclaration de revenus depuis quatre ans.

Rafe s’éclaircit la gorge pour attirer l’attention de son chef.

— Larry, je veux bien y aller, moi.

Tout autour de lui, ses collègues, un instant distraits par l’arrivée du chef, se replongèrent dans leurs calculs. C’était leur système : si l’un d’entre eux réclamait une affaire, les autres s’inclinaient aussitôt, en sachant qu’on en ferait autant pour eux le jour où ils voudraient se charger d’un dossier. Rafe resta seul debout face à son chef… Il n’était plus très sûr de lui tout à coup. Il avait tout intérêt à se faire petit. Son dernier contrôle ne s’était pas vraiment bien terminé.

L’air contrarié, Larry secoua la tête. En tant que chef de service, il pouvait envoyer le contrôleur de son choix mais, lorsqu’un dossier exigeait un déplacement hors de Melbourne, il préférait demander un volontaire. Il lança donc un dernier regard à la ronde et, comme personne ne levait les yeux, il s’adressa enfin à Rafe.

— Qu’est-ce qui vous fait croire que cette affaire est pour vous ?

— Je veux me racheter pour la dernière fois.

Nerveux, Rafe plongea une main dans sa poche à la recherche de ses cachets contre les brûlures d’estomac et s’en glissa discrètement un en bouche. Il devait décrocher ce contrôle, rentrer dans les bonnes grâces de Larry. C’était vital. S’il voulait avoir une chance un jour de réaliser les projets dont il rêvait, il lui fallait s’accrocher encore quelque temps à ce travail. Et si pour cela il devait faire semblant de regretter ses erreurs passées, il ne se gênerait pas. Que Larry lui confie seulement cette affaire et il rendrait un travail impeccable… et, si en plus il y avait une partie de pêche à la clé, ce serait la cerise sur le gâteau !

Le regard désabusé de Larry se posa sur les photos épinglées aux cloisons du box de Rafe : des bateaux, son chien Murphy, des bandes dessinées humoristiques…

— La dernière personne que vous avez contrôlée travaillait au noir, touchait le chômage et ne payait pas un centime d’impôts. Vous trouvez cela juste envers les contribuables sérieux ?

— C’était pour faire vivre sa famille.

Rafe serra les dents. Il ferait mieux de se taire ou il allait tout fiche en l’air.

— Son fils avait un cancer, il était père de trois enfants…

C’était sorti tout seul. Le cynisme de Larry l’écœurait. Il regarda son chef droit dans les yeux et reprit plus calmement.

— Je vous l’ai signalé dans mon rapport : il était dans l’incapacité de travailler, n’avait aucun revenu, les indemnités de chômage de la grand-mère ne suffisaient pas à les faire vivre et à payer ses frais médicaux…

— Nous avons déjà fait le tour de la question, soupira Larry. Ce n’est pas notre problème. La fraude était manifeste, et vous avez délibérément fermé les yeux en n’imposant aucune pénalité. Notre travail n’est pas de nous assurer que les contribuables paieront le moins d’impôts possible, vous en avez bien conscience, j’espère ?

Rafe approuva de la tête. Mais quelle idée il avait eue de se proposer pour ce contrôle ! Larry allait refuser, et il devrait endurer en plus ses grands sermons hypocrites. D’un geste nerveux, il rafla un stylo sur son bureau, et se mit à triturer le capuchon. De l’autre côté de la travée, son copain Chris Talbot faisait semblant de se concentrer sur l’écran de son ordinateur mais, ses épais cheveux blonds dans les yeux, il ne perdait pas une miette de la scène.

— Ne pas payer d’impôts, c’est voler le gouvernement, martelait Larry. Vous n’êtes pas Robin des bois.

Rafe se mordit la lèvre pour ne pas répliquer de nouveau. Par chance, Larry se lassait déjà de son discours. Il se tut un instant, puis lança sèchement :

— Les contrôleurs fiscaux doivent en toutes circonstances… ?

— Rester impartiaux et indépendants, récita Rafe.

C’était le mantra du service, martelé au quotidien aux oreilles de tous les employés. Sa tête en forme d’œuf penchée sur le côté, une moue sur sa bouche charnue, Larry jeta un dernier regard aux photos de bateaux de Rafe. D’un ton tout à coup beaucoup plus naturel, il demanda :

— Vous vous êtes déjà demandé si vous êtes vraiment fait pour être comptable ?

— Jamais. Les chiffres, c’est mon domaine, assura Rafe en mâchant les derniers résidus de sa pastille. Je peux faire ce contrôle.

Plus que un an, un seul, et il aurait mis de côté l’apport personnel nécessaire à l’achat de son bateau. Il pourrait commencer à emmener des groupes en mer pour des week-ends de pêche. Ce ne serait qu’un début, mais cela l’aiderait à payer ses traites et, un jour, il échapperait définitivement au bureau. Il vivrait entièrement de cette activité. Pour réaliser son rêve, il lui fallait s’accrocher à ce job. Un faux pas de trop et il se retrouverait à la rue, et il pourrait toujours courir pour décrocher un autre poste avec un salaire équivalent ! Surtout s’il était licencié pour faute professionnelle…

Larry braquait toujours sur lui ce regard franc et direct, si différent de la lassitude qu’il affichait habituellement.

— Vous pourriez être l’un des meilleurs de mon équipe, dit-il tout à coup. La question que je me pose, c’est : avez-vous le cran nécessaire ?

Une douleur vrilla l’estomac de Rafe, qui avala sa salive et hocha la tête avec conviction.

— Vous pouvez compter sur moi.

— Cette petite dame, insista Larry en brandissant le dossier, n’a répondu ni à nos lettres ni à nos courriels. Nous lui avons laissé des messages téléphoniques et elle n’a jamais rappelé. Ce ne sera pas une partie de plaisir.

Il hésita encore un instant, puis laissa choir le dossier sur le bureau de Rafe.

— Faites un faux pas sur cette affaire et…

Il tourna les talons et s’éloigna sans compléter sa phrase. Impressionné, Rafe le suivit des yeux. Il n’avait pas besoin d’entendre la suite. Il se doutait bien de ce qui lui arriverait en cas d’échec.

***

Lexie Thatcher était plongée dans sa méditation. Laisser son esprit s’envoler. Elle était une roche posée sur le fond sablonneux d’un étang tranquille. Calme et paisible, aussi ronde, aussi lisse qu’un caillou poli par l’eau, aussi transparente et limpide qu’un cristal. Les rayons de soleil qui filtraient à travers l’eau verte l’emplissaient d’une pure lumière blanche.

Elle fronça les sourcils, bien malgré elle. Des pensées s’insinuaient dans ce tableau paisible : son portrait de Sienna, au point mort, ses parents qui ne s’entendaient plus, la lettre des impôts. Doucement, sans violence, elle les repoussa.

Calme. Paix. Lumière.

Quel élément vital manquait au portrait de Sienna ? Pourquoi faisait-elle ce blocage ? La date à laquelle elle devait terminer son tableau approchait. Elle avait eu trente-huit ans la semaine précédente. Les années passaient, trop rapides…

« Ne pense pas, vide ton esprit. Ralentis ta respiration. »

Lumière. Paix. Calme.

Paix. Calme…

La sonnette de l’entrée retentit, stridente, et Lexie retomba brutalement sur terre. D’un seul coup, elle recouvra toutes ses sensations : la texture un peu rêche du tapis sous ses mains, le poids de ses jambes, le pli de l’étoffe à sa taille, là où sa tunique de yoga était remontée dans le creux de ses reins. Et ses angoisses se ravivèrent toutes en même temps comme une meute de chiens venus la traquer.

La sonnette retentit une seconde fois.

Avec un soupir, Lexie se releva et se dirigea pieds nus vers la porte d’entrée, lissant distraitement ses longues boucles blondes et secouant sa mince jupe de coton. Trois clochettes minuscules à sa cheville gauche tintaient à chaque pas. Qui venait encore la déranger ? Sans doute Andrew… Le petit garçon des voisins était vraiment adorable, mais il fallait toujours qu’il expédie son ballon dans son jardin et vienne ensuite le réclamer ! C’était à se demander s’il était particulièrement maladroit ou s’il le faisait exprès, pour passer un moment avec elle. Il était craquant avec ses grands yeux verts dans une petite bouille couverte de taches de rousseur. Et puis, ils passaient toujours un bon moment ensemble, à fouiller les buissons.

Oui, c’est sûr, c’était encore Andrew. Elle ouvrit sa porte le regard dirigé à un mètre du sol, en lançant :

— Bonjour, bonhomme…

Ce n’était pas un petit garçon de cinq ans qui se tenait sur le seuil. Surprise, Lexie releva doucement la tête. Un pantalon anthracite au pli impeccable et des chaussures noires bien cirées. Une silhouette mince et élancée, vêtue d’un complet bien coupé et d’une chemise blanche au col ouvert. Un inconnu se tenait sur le pas de sa porte, un jeune homme extrêmement séduisant avec sa bouche bien dessinée, ses joues mal rasées et ses cheveux noirs rejetés en arrière. Elle se heurta au regard sombre braqué sur elle sous des sourcils virils. Tout à coup, Lexie se sentit toute drôle.

— Que puis-je faire pour vous ? demanda-t-elle.

Mais qu’est-ce qui lui prenait de se montrer aussi familière avec cet inconnu ? En plus il avait au moins dix ans de moins qu’elle !

— Rafe Ellersley, se présenta son mystérieux visiteur.

Il sortit de sa poche une carte professionnelle et la lui tendit en complétant :

— Du Centre des impôts.

Elle lui claqua la porte au nez. Instinctivement, sans la moindre réflexion ! Puis elle resta figée dans l’entrée à écouter son cœur battre à ses oreilles. De l’autre côté du battant, son visiteur se tenait toujours sur le paillasson. Le souffle court, elle tendit l’oreille.

La sonnette retentit une troisième fois. Elle tendit la main, saisit la poignée, respira à fond… et ouvrit la porte.

— Désolée. C’était idiot de ma part, avoua-t-elle.

— J’ai l’habitude, vous savez.

Le beau regard noir du jeune homme amorça une descente vers le débardeur très décolleté qu’elle portait, puis remonta brusquement vers son visage.

— En temps normal, expliquait-il, je ne me présente pas chez les gens sans prévenir, mais, quand un contribuable ne répond ni aux lettres ni aux appels téléphonique, l’étape suivante est de lui rendre visite en personne.

Lexie fronça les sourcils, inquiète. Il y avait effectivement eu des lettres, qu’elle mettait généralement de côté en se promettant de s’en occuper plus tard. Et également des messages sur son répondeur, dont elle n’avait pas tenu compte : quand elle peignait, elle ne voulait pas être dérangée et, depuis le début de son blocage, elle s’efforçait d’écarter toute énergie négative. Résultat, suite à une fausse manœuvre — enfin, on pouvait dire ça comme ça —, ces messages angoissants avaient été effacés. A force de repousser le problème, elle s’était apparemment créé de réels ennuis. Elle respira profondément. Non, rester calme. Ne pas laisser la panique la submerger.

— Je suis vraiment très prise par mon travail. Il y a un problème ?

Son visiteur posa sa mallette à ses pieds.

— Vous faites l’objet d’un contrôle fiscal, annonça-t-il.

— Un contrôle… ?

— Oui. Je suis ici pour revoir vos comptes avec vous et évaluer le montant que vous devez au titre de l’impôt sur le revenu pour la période au cours de laquelle vous n’avez fait aucune déclaration.

Il esquissa un mouvement pour entrer dans la maison, tout en demandant avec courtoisie :

— J’espère que le moment est bien choisi ?

— Non !

Sa maison était en désordre, son travail au point mort, sa vie en plein chaos. Affolée, elle expliqua :

— Je suis occupée, vraiment très occupée, je dois m’y remettre tout de suite !

Se remettre à quoi ? A s’asseoir sur le tapis en faisant semblant d’être un cristal ? C’était très important pour sa créativité, mais assez difficile à expliquer à un jeune homme en complet noir, aussi sexy soit-il. Reprise par la panique, elle tenta de refermer la porte, mais, avec une rapidité qui la surprit, l’une des chaussures cirées glissa en avant. Le battant heurta cet obstacle et ne bougea plus d’un pouce.

— Si je comprends bien, vous êtes artiste ? demanda-t-il.

— Oui, convint-elle avec prudence.

Elle voyait d’ici ce qu’un contrôleur fiscal devait penser des artistes : aussi utiles à la société qu’une bicyclette à un poisson. D’un air de défi, elle lança :

— Je travaille actuellement sur un portrait pour le grand prix de la Fondation Archibald.

— Je ferai de mon mieux pour ne pas prendre trop de votre temps. Je peux entrer ?

— Je vous l’ai dit, je suis occupée. Je ferai ma déclaration très bientôt. C’est promis. Sur l’honneur !

Une nouvelle poussée sur la porte ne parvint pas à déloger le pied de l’intrus. Malgré elle, Lexie nota le contour du muscle de sa cuisse sous son pantalon si classique.

— Dans ce cas, dit-il, toujours avec la même courtoisie implacable, je reviendrai un peu plus tard. A quelle heure terminez-vous ?

— Je travaille à toute heure. Quand je suis lancée, il m’arrive de travailler toute la nuit.

En réalité, elle ne peignait jamais à la lumière artificielle, et le portrait de Sienna n’avançait plus depuis des semaines mais, cela, un contrôleur fiscal n’avait pas besoin de le savoir. Et puis, elle n’était pas non plus tout à fait inactive, elle avait peint deux petites marines de la baie de Summerside. Pas des œuvres importantes, juste de petites toiles comme aiment à en acheter les touristes.

— Je reviendrai demain, proposa le jeune homme en noir.

— Je serai occupée demain aussi !

Pour la troisième fois, elle poussa la porte, en vain. Le service des impôts devait équiper ses contrôleurs de chaussures renforcées ! Quant à ce M. Ellersley, rien ne semblait l’atteindre. Un éclair traversa ses yeux noirs. Il lui adressa un sourire froid et énonça posément :

— Mademoiselle Thatcher, vous n’avez pas fait de déclaration de revenus depuis quatre ans. Je reviendrai tous les jours si vous m’y obligez, je camperai sur le pas de votre porte jusqu’à ce que vous trouviez le temps nécessaire pour me montrer vos comptes. Même si cela doit prendre des semaines ! J’ai un travail à faire et je le ferai.

Il laissa ses paroles faire leur effet puis ajouta, d’une voix presque désinvolte :

— Si vous ne vous pliez pas à vos obligations, j’ai l’autorité nécessaire pour faire appel à la police fédérale.

Lexie le fixa, horrifiée… mais l’obstination de ce représentant du fisc réveillait son courage. Ce n’était pas comme si elle était une criminelle ! Si elle n’avait effectivement pas déclaré ses revenus, elle n’était pas du tout sûre de gagner suffisamment pour devoir payer des impôts. Toute cette histoire n’était qu’un malentendu. Le problème serait vite résolu une fois que ce type impossible aurait examiné sa situation.

Elle céda donc et s’écarta pour lui livrer le passage.

— Très bien. Entrez. Retirez vos chaussures, je vous prie, je reçois très souvent une amie dont le bébé ne marche pas encore.

Quand son visiteur se pencha pour dénouer ses lacets, ses joues virèrent au rouge. Lexie le dévisagea, surprise. Il éprouvait donc une certaine honte à faire ce métier odieux ? A venir harceler les gens chez eux ? Sans croiser son regard, il plaça ses chaussures sagement côte à côte près des sandales de celle-ci (qui tout à coup semblèrent minuscules). C’est alors qu’elle comprit sa gêne : un de ses orteils émergeait par un trou dans sa chaussette gauche. Du coup, il semblait beaucoup moins impressionnant, et beaucoup plus humain, aussi. Dans un sens, elle aurait préféré qu’il continue à incarner l’ennemi !

Tournant les talons, elle le précéda dans le séjour. La pièce était inondée de lumière. Le contrôleur s’arrêta un instant devant la large baie vitrée qui donnait sur le jardin pour scruter la petite pelouse, le trampoline et, dans un angle, le camélia rouge penché sur un petit bassin décoré d’un nénuphar. Son regard s’arrêta un instant sur l’atelier de Lexie, le petit bâtiment avec une verrière qui se dressait au fond.

— Asseyez-vous, l’invita-t-elle.

Il s’installa sur son canapé couvert de chintz un peu usé. Le grand méchant loup était dans la bergerie… Elle prit un fauteuil en face de lui, en se glissant entre ses deux chats persans déjà installés sur le coussin. D’un geste vif, elle croisa les jambes sous elle en tirant sa large jupe sur ses pieds. Il sursauta.

— Pourquoi ce contrôle ? lui demanda-t-elle. Vous choisissez vos cibles au hasard ou c’est l’année des artistes crève-la-faim ?

— C’est l’année des élections, expliqua-t-il sans se démonter. Le gouvernement tient à montrer qu’il fait son travail. En ce moment, le fisc se concentre sur les petites entreprises.

— Mais pourquoi moi ? Je ne suis qu’un tout petit poisson !

— Tôt ou tard, les petits comme les gros se font prendre. Vous deviez bien vous attendre à attirer l’attention un jour ou l’autre. En quatre ans, vous n’avez déclaré aucun revenu !

Il tira de sa poche un petit carnet et le consulta.

— Et pourtant, l’an dernier, vous avez vendu à un touriste américain deux tableaux d’une valeur globale de quarante mille dollars australiens.

Elle sursauta et porta la main sur ses lèvres.

— Mais oui, c’est vrai !

Ça lui était complètement sorti de la tête !

L’angoisse de Lexie revenait en force. Bien sûr, l’Américain, les deux tableaux, sa première grande victoire. Comment avait-elle pu oublier cela ? Il s’agissait tout de même de ses meilleures ventes !

— J’avais l’intention de les déclarer, je vous assure !

Elle hésita, puis demanda avec un certain embarras :

— Et… comment avez-vous su ?

— Votre client a accroché vos toiles dans son bureau en réclamant une déduction fiscale. Le fisc américain, au cours d’un contrôle aléatoire, a pris contact avec nos services… et me voilà chez vous.

— Il ne me reste rien de cet argent, lui expliqua-t-elle. J’ai tout dépensé. Le loyer, la nourriture, les vêtements… les frais de base.

— Il est normal de dépenser vos revenus, mais pourquoi ne pas les avoir déclarés ?

Il semblait sincèrement dérouté. Lexie se mordit la lèvre. Il voulait savoir pourquoi ? Eh bien, parce qu’elle avait remis cela au lendemain, une fois de plus !

— Je comptais faire une moyenne de mes revenus sur cinq ans, lança-t-elle avec un geste du bras.

— Vous n’avez pas fait cela non plus.

Le mouvement d’impatience de sa maîtresse dérangea Yin, la chatte persane, qui entrouvrit ses yeux verts et agita sèchement la queue. Lexie posa sur son dos une main apaisante, et elle se rendormit aussitôt en ronronnant.

— J’ai manqué la date limite, soupira-t-elle.

— Vous aviez sept mois devant vous pour déclarer cette vente.

Encore une fois, son visiteur consulta son horrible petit carnet.

— Je vois ici que vous avez été professeur d’arts plastiques à l’école primaire de Summerside. J’en déduis que vous savez déclarer vos revenus.

— En tant qu’enseignante avec des revenus fixes, c’était facile ! Je n’ai pas encore fait le point sur ma nouvelle situation. Tout est beaucoup plus compliqué quand on est à son compte. J’ai des frais professionnels et…

— En un mot, vous avez ignoré le problème en espérant qu’il se réglerait tout seul.

— En gros, c’est cela…

Le contrôleur griffonna quelques phrases dans son petit carnet. Le regard soucieux de Lexie se tourna vers la fenêtre. Le soleil frappait son atelier à l’angle idéal. Elle qui espérait émerger de sa méditation dans un état de créativité accrue, et se remettre aussitôt au travail ! C’était affreux de se retrouver coincée ici à discuter chiffres avec un inconnu qui se croyait autorisé à lui demander des comptes.

— Combien de temps tout cela va-t-il prendre ? demanda-t-elle d’une voix plaintive.

— Cela dépend. Si vos justificatifs sont en ordre et facilement accessibles, cela doit pouvoir se boucler en quelques jours.

— Mes justificatifs ? répéta-t-elle d’une voix blanche.

Ses doigts plissaient et replissaient le coton léger de sa jupe. Voilà plus d’un mois qu’elle n’avait pu remettre la main sur ses « archives » comptables.

— Oui, vos justificatifs de frais réels. Lorsque vous achetez des fournitures d’artiste par exemple, vous demandez bien une facture ?

Les yeux noirs et perçants d’Ellersley se braquèrent sur elle.

— Vous avez bien gardé vos factures, n’est-ce pas ?

— Bien sûr ! Je classe tout dans de grosses enveloppes.

— Dans ce cas, j’aimerais voir ces enveloppes, je vous prie. Tout ce qui concerne les cinq dernières années. Et également vos relevés de comptes bancaires, vos factures de gaz, eau et électricité et vos justificatifs d’assurance.

— Je ne demande pas mieux, mais il y a un petit problème. J’ai rangé les enveloppes en lieu sûr et, maintenant, je n’arrive plus à les retrouver.

Comme les sourcils sombres de son visiteur se fronçaient, elle se hâta d’ajouter :

— Oh, ne vous inquiétez pas ! Je ne jette jamais rien.

Il jeta un regard autour de lui. Inutile de se demander ce qu’il pouvait bien penser de son séjour encombré d’objets hétéroclites…

— Et, depuis, que faites-vous de vos factures ? demanda-t-il d’une voix égale.

— Elles sont ici et là, soupira-t-elle avec un geste vague.

Elle réfléchissait à toute allure, tout en s’efforçant de faire bonne figure. Ses factures ? Il s’agissait surtout de simples tickets de caisse, et ceux-ci étaient partout : oubliés dans un tiroir, glissés dans un livre en guise de marque-page, jetés en vrac dans une boîte à chaussures. Et son bourreau enchaînait, de la même voix tranquille et courtoise :

— Vous allez devoir les retrouver, ainsi que les enveloppes, bien entendu.

Il jeta un nouveau coup d’œil à la ronde et ajouta :

— Où puis-je installer mon ordinateur portable ? Pouvez-vous m’indiquer une table ou un bureau ?

Lexie hésita. La table basse devant le canapé ? Ce n’était qu’une vieille malle peinte en blanc, et il faudrait en évacuer une tasse de thé à demi vide, un bloc d’esquisses, une boîte de fusains, les jouets des chats… et il ne serait pas bien assis pour travailler. Des coquillages et de jolies pierres encombraient la console d’angle, et la table où elle prenait ses repas disparaissait sous les revues, les journaux et les publicités… sans oublier la marine encadrée qu’elle aurait déjà dû livrer à la galerie locale.

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Commentaires récents

Or

la suite de (si tout recommence) avec lixie la soeur de renata tres bonne lecture meme j'ai préféré le tome precedent

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Lu aussi

Histoire facile à lire et touchante entre un contrôleur des impôts de 26 ans et une artiste peintre de 38 ans. On se demande souvent comment cela va se finir, ça change un peu des Harlequin habituels.

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Bronze

C'est une histoire facile à lire et je n'ai pas mis beaucoup de temps à l'avoir lu. J'ai tout simplement adoré.

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Or

une histoire passionnante que j'ai tout simplement dévoré et que j'ai lu en moins de 24 heures!

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Or

J'ai adoré tout simplement.

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Dates de sortie

La famille Thatcher, Tome 3 : Une surprise à ma porte

  • France : 2011-11-01 - Poche (Français)
  • USA : 2011-03-08 - Poche (English)
  • USA : 2011-11-01 (English)

Activité récente

Titres alternatifs

  • Two Against the Odds - Anglais
  • Two Against the Odds (Summerside Stories #3) - Anglais

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