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Depuis l’instant où il avait acquis une conscience, le Thunderhead mémorisait quasiment tout. Mais il n’abusait pas de son omniscience. Avant qu’il n’ait cette conscience, quand il était encore connu sous le nom de « cloud », les criminels – et les agences gouvernementales – s’en servaient pour s’immiscer dans les affaires privées des gens, de manière illégale, afin d’exploiter ces informations. Chaque écolier avait entendu parler de l’abus de renseignements qui avait failli décimer la civilisation avant que le Thunderhead devienne leader. Depuis son avènement, il n’y avait pas eu une seule fuite d’information personnelle. Même si les gens le redoutaient, prophétisant la fin de l’humanité suite à la prise de pouvoir d’une machine. Mais apparemment, la machine avait une âme plus pure que celle d’un homme.
Afficher en entierFulcrum City n’était qu’à une heure de trajet en hypertrain. Évidemment, Maître Faraday considérait ces moyens de transport express comme un luxe non nécessaire.
— Et puis, je préfère voir défiler le paysage plutôt que de voyager dans un tunnel, dans un véhicule sans fenêtres. Je suis un être humain, pas une taupe.
Afficher en entierTandis qu’ils faisaient la queue à la caisse, l’un des malpropres saisit la main de Faraday et baisa sa bague sans qu’il puisse l’en empêcher. La pierre se mit à rougeoyer, indiquant que l’immunité venait d’être accordée au jeune.
— Ah ! s’exclama fièrement le malpropre. J’ai obtenu l’immunité pour un an – et vous ne pouvez pas me la reprendre ! Je connais la règle ! Faraday demeura imperturbable.
— Oui. Tant mieux pour vous. Vous avez trois cent soixante-cinq jours d’immunité. (Puis il plongea son regard dans le sien.) Nous nous reverrons donc dans trois cent soixante-six jours. L’expression satisfaite s’effaça des traits de l’adolescent et son visage s’affaissa. Il bafouilla quelques mots et son ami l’entraîna par la manche. Ils s’enfuirent en courant sans se retourner.
— Bien joué, commenta un homme qui faisait également la queue. Il proposa ensuite à Faraday de lui payer ses courses, ce qui était inutile. Les faucheurs passaient gratuitement en caisse.
— Vous avez vraiment l’intention de le retrouver dans un an ? s’enquit Rowan. Le faucheur prit un paquet de bonbons à la menthe dans le présentoir près de la caisse.
— Non. Ça n’en vaut pas la peine. Ce serait gaspiller mon temps. Et puis, je l’ai déjà puni. Il va redouter toute l’année que je vienne le glaner. Que cela vous serve de leçon à tous les deux : un faucheur n’a pas nécessairement besoin de donner suite à une menace pour qu’elle soit efficace.
Afficher en entierNous avons pour consigne de coucher sur papier non seulement nos actes, mais aussi nos ressentis, car il est impératif de montrer que nous avons des sentiments. Des remords. Des regrets. un chagrin incommensurable.
Parce que, si nous n'éprouvions pas toutes ces émotions, cela ne ferait-il pas de nous des monstres de la pire espèce ?
Afficher en entierJe suis devenu le monstre des monstres, songea-t-il devant ce spectacle. Le boucher des lions. Le bourreau des aigles.
Afficher en entierLa loi... Et la sagesse consistant à savoir quand la transgresser.
Afficher en entierUn jour une femme a frappé à ma porte pour me prier de la glaner. Je ne tourne jamais le dos à un visiteur, aussi, je l'ai invitée à entrer et j'ai écouté son histoire. Son époux avait été glané cinq années auparavant. Elle désirait le rejoindre, où qu'il soit, et s'il n'était nulle part, tant pis. Au moins seraient-ils réunis dans le néant.
- Je ne suis pas malheureuse me dit-elle. C'est simplement que j'en ai fini.
Mais l'immortalité par définition implique que nous n'en avons jamais fini, à moins qu'un faucheur ne décide le contraire. Nous ne sommes plus de simple passage sur Terre, seules nos émotions sont éphémères.
Je n'ai détecté aucune stagnation chez elle, au lieu de la glaner, je lui ai fait embrasser ma bague. L'immunité fut immédiate et irrévocable ; ainsi, elle ne pourra plus nourrir le désir d'être glanée au moins pendant une année entière.
Je suis tombée sur elle par hasard environ une décennie plus tard. Elle me remercia d'avoir eu la sagesse de savoir qu'elle n'en avait pas "fini" du tout. Même si j'acceptai ses remerciements et me sentie bien sur le moment, cette nuit là, j'eus beaucoup de mal à fermer l’œil. A ce jour, je ne comprends toujours pas pourquoi...
Honorable Dame Curie
Afficher en entierThe longer we live, the quicker the days seem to pass. How troublesome that is when we live forever. A year seems to pass in a matter of weeks. Decades fly with no milestones to mark them. We become settled in the inconsequential drudgery of our own lives, until suddenly we look at ourselves in the mirror and see a face we barely recognize begging us to turn a corner and be young again.
Afficher en entier" Il avait cru qu'elle ne pourrait pas l'impressionner davantage, elle venait de lui prouver le contraire.
- Je t'aime, dit-il.
- Idem, répondit-elle. Maintenant, tire-toi. "
Afficher en entierLa fin de la vie humaine était autrefois entre les mains de la Nature. Mais nous lui avons volé cette prérogative. Désormais, nous avons le monopole de la vie et de la mort. Nous sommes son seul distributeur. Je comprends pourquoi il y a des faucheurs, combien c’est important et à quel point leur œuvre est nécessaire… mais je me demande souvent pourquoi il a fallu qu’on me choisisse moi. Et s’il existe effectivement un monde éternel après le nôtre, quel sort sera réservé à un preneur de vie ?
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