La Faute, une vie en Corée du Nord

Le graphisme est très intéressant, le sujet anodin mais duquel va découler de nombreuses péripéties et une descente infernal. Même si cela reste une fiction, on imagine plutôt bien fonctionner la politique coréenne de cette manière. Moment d'immersion incroyable.

Trés bon roman graphique, scenario plutot simple mais qui nous permet de facilement comprendre la politique nord-coréenne. Tres bonne découverte!

Michael Sztanke se projette dans son propre roman graphique et ça c'est vraiment sympa, car totalement immersif. Il témoigne de ce qu'il a vu en Corée du nord - ou plutôt de ce qu'on a bien voulu lui montrer - et surtout de ce qu'il n'a pas pu voir. Pour ce faire, il a imaginé un scénario à partir de son expérience et y combine son vécu. Ce concept de narration mi-documentaire, mi-fictive est intéressante et instructive, et d'autant plus immersive qu'on ressent cette impression d’étouffement et d’endoctrinement, le tout étant appuyé par une colorisation froide, faite de noir, de gris, et de blanc..., et de rouge (devinez pourquoi) qui nous plonge immédiatement dans le vif du sujet, et qui contribue au caractère austère des planches et du tracé désordonné mais franc d'Alexis Chabert (tracé dont les lignes sont en totale contradiction avec l'image lisse mais complètement fictive que veulent laisser transparaître les partisans du régime). J'ai beaucoup aimé cette façon de faire et ces graphismes ; j'ai trouvé ça inquiétant, dérangeant, un peu glaçant de voir l'extrême dangerosité du pouvoir de l'endoctrinement. Être capable de s'effacer et d'annihiler toute forme de liberté individuelle dans le but de n'exister qu'au travers de la collectivité pour la conscience d'un seul homme et tout ça au détriment du respect de l'individu... c'en est choquant. Car on se rend compte que tout est fait et pensé par et pour l'Etat ; les enfants sont éduqués dans le but de servir prochainement leur gouvernement, les paysans sont soumis à des programmes de rééducation et leurs récoltes sont surveillées puis récoltées par l'Etat et tout citoyen coréen est soumis au juche. En somme, tout apprentissage, toute profession est exercée dans l'unique dessein d'assujettir et d'endoctriner leur pratiquant aux dépens de leur enrichissement personnel. En fait, tout est fait et je dirais même "programmé" pour répandre la bonne parole et vanter la vertu de ceux qu'ils considèrent comme des semi-dieux, les dirigeants instaurateur de la doctrine : Kim Il Sung, Kim Jong Il et Kim Jong Un.