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Extrait ajouté par juju7402 2013-03-29T12:25:06+01:00

"Je n'oublierai jamais le jour où j'ai appris que ma femme me trompait."

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Extrait ajouté par juju7402 2013-03-29T12:17:50+01:00

"Je dois faire un effort pour me souvenir des jours suivants, et je décrirais mal le sentiment qui me dominait alors, qui n'était encore ni de la colère, ni de la jalousie, mais une forme de sidération, de stupeur, qui m'empêchait de réagir. Certains hommes se seraient emportés, d'autres se seraient peut-être effondrés, moi, je ne fis rien. Je demeurai interdit. Muet. Bizarrement je ne souffrais pas. Je me sentais comme sous l'emprise d'un anesthésiant local qui supprimait en moi toute sensation de douleur sans supprimer la conscience que j'aurais dû justement en éprouver, et qui dissipait toute émotion du choc sans dissiper le souvenir même de ce choc, que je ne cessais de revivre, dont je ne pouvais arrêter le retour, l'effraction, dans le cours de mes pensées."

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Extrait ajouté par juju7402 2013-03-29T12:13:27+01:00

"Ma mémoire est ainsi faite qu'elle retient surtout les mauvais moments et jette sur les bons un voile, qui m'interdit d'en conserver la nostalgie."

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Extrait ajouté par juju7402 2013-03-29T12:03:31+01:00

"Cette période reste confuse. Je ne voulais pas prendre une décision trop rapide, que j'aurais eu à regretter plus tard, espérant vaguement que ma femme finirait par tout m'avouer. Si je taisais cela, c'est aussi que les paroles ont pour moi plus de réalité que les actes, une cruauté supérieure, et que, ainsi tue, son infidélité me demeurait irréelle: je pouvais croire que rien ne s'était passé, que ma femme ne m'avait pas trompé, imaginer que cette histoire d'infidélité procédait d'un affreux malentendu, que les textos en cause, puisqu'elle n'avait pas jugé bon de les effacer, ne constituaient pas des preuves de son infidélité mais que ceux-ci émanaient d'un jeu entre collègues; je pouvais aussi soupconner ma femme d'avoir manigancé un piège pour me rendre jaloux, de s'être elle-même envoyé ce texto du portable d'un collègue, auquel elle aurait répondu et qu'elle aurait fait semblant d'oublier afin que je les consulte; ains je pouvais croire que rien n'était vrai. Sans doute ce silence me donnait-il, en même temps, le sentiment de dominer la situation comme de pouvoir décider du sort de notre couple: parler, c'était risquer de le détruire: me taire, c'était le laisser en sursis. Je ne souhaitais pas bouleverser nos vies, pas encore."

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Extrait ajouté par juju7402 2013-03-29T11:56:44+01:00

"Après l'histoire, que reste-t-il après l'histoire, hormis les souvenirs et les regrets, que reste-t-il après l'histoire sinon le sentiment d'avoir dépassé l'amour, d'être entré dans sa prolongation, dans son temps additionnel? Mon histoire est l'histoire d'un survivant, d'un mari trompé assez naïf pour se persuader qu'il est encore aimé, d'un cocu résigné à contempler le désastre de son couple; mon histoire est l'histoire d'un homme qui ne comprend pas, qui ne comprend plus ce qui lui arrive, l'histoire d'un homme incapable de réagir, de décider quoi que ce soit comme d'envisager son avenir sans sa femme: quand je faisais l'effort d'y songer, je n'envisageais jamais la possibilité de la quitter, mais seulement celle qu'elle me quitte, comme s'il entrait dans l'ordre des choses, maintenant qu'elle me trompait, que ce soit ma femme qui rompe la première."

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Extrait ajouté par juju7402 2013-03-29T11:53:56+01:00

"Elle parlait sur un ton monocorde qui la rendait sincère. L'idée qu'elle s'ennuyât sans moi, que peut-être mon absence lui faisait appréhender la solitude et prendre conscience du vide de ce que serait sa vie sans moi, si nous devions nous séparer, me réconfortait. Un instant, je me pris à rêver que tout pourrait recommencer entre nous."

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Extrait ajouté par juju7402 2013-03-29T11:33:32+01:00

"Je croyais découvrir ma femme, quand, en réalité, c'est moi que je découvrais à travers ma propre incompréhension et mes doutes, mon atterrement et ma jalousie, et je mesurais l'absurde de mon bonheur passé, combien ce bonheur dans lequel je m'étais vautré, duquel je m'étais gargarisé, n'avait été qu'un leurre, une facon de m'aveugler sur mon couple et de me détourner de moi: si je déplorais que, pour être heureux, à tout le moins pour avoir conscience de l'être, le bonheur dût s'éprouver dans la douleur, se payer d'un malheur, je découvrais en même temps, ironiquement j'allais dire, combien l'infidélité de ma femme m'instruisait, ce que de l'amour, de mon couple et de moi-même, cette infidélité me révélait; depuis mon mariage, je me rendais compte, en effet, que j'avais vécu comme ce myope, qui regagnant son domicile un soir d'hiver, recherche sous un lampadaire, les clés qu'il vient de perdre, et auquel un passant intrigué et soucieux de lui venir en aide, s'adresse afin de s'assurer que les clés sont bien tombées à cet endroit: le myope répond qu'il l'ignore, que cela n'a pas d'importance et qu'il recherche ses clés sous ce lampadaire parce qu'il s'agit du seul endroit qui demeure baigné de lumière; moi aussi, à ma facon, durant ces années, j'avais recherché les clés de mon bonheur là où je pensais qu'il serait plus facile de les trouver, à savoir dans mon mariage et le réconfort conjugal; non que je ne fusse pas heureux, ce n'est pas ce que je veux dire, heureux je le fus, mais je le fus d'une manière superficielle et suffisante, en renoncant à chercher le bonheur par moi-même, en attendant tout de ma femme, en me contentant de ce qui nous arrivait et en croyant que le bonheur était justement ce qui nous arrivait et que la condition pour qu'il demeure était qu'il ne nous arrive rien d'autre; moi, c'est en amour que je fus myope."

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Extrait ajouté par Elfia-4 2013-01-28T03:21:36+01:00

" On me trouvera naïf si je confesse que l’infidélité de ma femme m’avait toujours paru inconcevable, tant j’avais confiance en elle, tant j’avais la certitude de former avec elle un couple solidaire et complice. Ainsi n’avions-nous jamais cessé de nous entendre, de nous soutenir dans les moments difficiles, comme durant notre première année de vie commune, par exemple, lorsque, simple comptable aux Assurances Generali, consacrant mes salaires à rembourser un crédit immobilier, vivant dans une économie qui me faisait dépendre d’elle et m’interdisait de nous offrir les divertissements, les voyages auxquels notre jeune couple aspirait, ma femme m’assura un soutien matériel inestimable. "

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