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Une odeur de mort et de sang frais
H. H. Rourke fut le témoin direct de toute l’affaire du Tegernsee. Il est certain que sa présence sur les lieux fut la première – et la moindre – des bizarreries terribles de cette nuit d’été. Il ne se posa jamais la question de savoir si sa présence était due ou non à la chance. La réponse l’eût laissé profondément indifférent : H. H. Rourke était du genre à laisser une question sans réponse, dès lors qu’il ne se la posait pas lui-même.
C’est un fait qu’il arriva à Munich l’avant-dernier jour de juin 1934, soit quelques heures seulement avant le carnage.
Le train de Berlin le déposa sur le quai. Il marcha vers la sortie, une main tenant son habituel sac de voyage anglais en cuir à soufflets, l’autre enfoncée dans la poche de son trench-coat couleur de sable gris. Ce jour-là, il n’était pas coiffé de son ordinaire feutre gris à bande noire mais d’une casquette made in Dublin. Il portait son trench-coat malgré la douceur de la nuit munichoise. Il s’en séparait rarement : dix-huit et quelques mois plus tard, il déambulerait dans l’Abyssinie en guerre, par 48° à l’ombre, sans même en desserrer la ceinture. Il avait exactement trente ans, le corps osseux sinon maigre, il était de taille moyenne. Le mélange en lui des sangs français et irlandais expliquait peut-être l’extrême asymétrie de ses profils, si marquée qu’elle défiait tout signalement.
Afficher en entierLes gens croient n'importe quoi, petit. Du moment que c'est écrit dans le journal et qu'ils ont envie de le croire.
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