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Je n’avais pas très bien dormi. Trop de fatigue peut-être. Lorsque j’ai ouvert les yeux, le jour ne s’était pas encore levé. J’avais mal à la tête. Le moindre mouvement me sciait la nuque et rebondissait dans les tempes, le crâne pris dans un étau. Le jardin de l’hôtel, que je pouvais apercevoir depuis le lit, baignait dans la lumière de la lune. Rien ne bougeait. Un silence profond régnait dans tout le bâtiment. Il faisait chaud, le radiateur devait être à fond. J’avais soif. J’allais me décider à bouger quand j’ai posé mon bras sur ma femme qui dormait à mes côtés. Je l’ai laissé quelques secondes avant de le retirer, doucement, pour ne pas la réveiller. Alors, mes doigts ont frôlé son front. J’ai été surpris par la froideur de sa peau. J’ai retiré précipitamment ma main. Ce froid glacial m’a immédiatement ramené quelques années en arrière. Ma gorge s’est serrée. Je me suis revu embrassant le front de Madeleine, ma mère adoptive, allongée dans son cercueil. De la même manière, le froid m’avait surpris et j’avais eu un mouvement de recul.
Afficher en entierJe risquais d’achever ma vie derrière des barreaux. A l’ombre pour les trente prochaines années. Il ne m’avait fallu que quelques mois pour passer d’une vie paisible et harmonieuse à cet enfer quotidien. Je n’y croyais pas et je ne comprenais pas.
J’observais les jurés alors que la plaidoirie de mon avocat se noyait peu à peu dans l’indifférence générale. Ils ne l’écoutaient déjà plus, sans doute convaincus de ma culpabilité. Seule et mince consolation, je faisais le plein pour ma dernière représentation. La salle d’audience était bourrée à craquer. Pensez ! Une affaire pareille, on n’en a pas tous les jours. Les journalistes étaient là, fidèles à leurs bancs. A les lire, je savais que mon cas intriguait. Ils étaient partagés. Enfin, pas vraiment. Un seul, un certain Dominique Petiot, semblait persuadé de ma bonne foi. Pourtant, je ne l’avais jamais rencontré.
Afficher en entierLes lits n’étaient pas seulement vides ; personne ne semblait y avoir dormi. J’étais partagé entre la colère et l’abattement, l’un et l’autre de ces sentiments provoqués par l’absurdité de la situation. J’ai tiré les couvre-lits, puis les couvertures. Les draps étaient propres, comme les taies des oreillers. Il n’y avait rien dans cette chambre, rien dans la salle de bains, rien dans les placards. Je suis resté quelques instants, debout au milieu de la pièce maintenant baignée de la lumière du jour. J’allais me réveiller, forcément. Ce cauchemar ne pouvait pas durer. Tout cela n’avait aucun sens. Je suis reparti dans ma chambre. Ma femme devait être en train de dormir avec les enfants allongés à côté d’elle, comme ils en avaient l’habitude au petit matin. J’ai poussé la porte, lentement, craignant de découvrir la même scène macabre.
Ma femme était toujours là. Seule. Je me sous approché. Avec le dos de la main, je lui ai caressé la joue. J’ai effleuré son unique boucle d’oreille. Depuis que je la connaissais, elle n’avait jamais porté cette seule et unique boucle d’oreille. Une perle de culture en forme de goutte. Toujours la même. Une superstition stupide, disait-elle. Elle ne s’en séparait pas, même pour dormir. S’il y avait un secret derrière ce bijou, il me serait à jamais inconnu.
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